Inscrite dans la devise de la république, et grande passion des Français, l’égalité est plus facile à décréter qu’à promouvoir réellement. Et ceci est vérifiable dans de multiples domaines; tout aussi passionné par le fait législatif ce pays multiplie les textes en faveur d’une égalité supposée mais rechigne à combattre efficacement les discriminations qui minent outrageusement encore la société en 2018.
Dans le catalogue non exhaustif des dispositions prises ces dernières années, on peut citer toutes les lois censées remédier aux inégalités qui frappent en raison de l’origine sociale, de l’orientation sexuelle, du handicap et bien sûr celles qui concernent la moitié des citoyens c’est-à-dire les citoyennes.
Le loupé de la République en la matière est inscrit dans ses gênes puisque, dès sa fondation et malgré sa généreuse devise, il était écrit que tous sont égaux en droit mais de facto certains plus que certaines !
L’article I de la magnifique Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne d’Olympe de Gouges pointait déjà cette anomalie “La femme naît libre et égale à l’homme en droit”. Dire qu’elle ne fut pas entendue est un euphémisme puisque le choix des révolutionnaires fut de guillotiner celle qui disait “la femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir le droit de monter à la tribune”. Nous pensons être loin de cette violence originelle, mais dans le baromètre des pays européens nous ne parvenons toujours pas à tirer notre épingle du jeu et la France se hisse juste dans la moyenne, démontrant à l’envi que le pays dit des “Droits de l’Homme”, entend bien le rester.
En matière de représentation politique dans les assemblées élues au scrutin proportionnel, la présence des femmes est réelle, mais dans les exécutifs de ces mêmes assemblées, dès lors que la loi ne contraint pas, la mascarade reprend de la vigueur.
En matière de représentation politique
dans les assemblées élues au scrutin proportionnel,
la présence des femmes est réelle,
mais dans les exécutifs de ces mêmes assemblées,
dès lors que la loi ne contraint pas,
la mascarade reprend de la vigueur.
Dans la vie professionnelle, la situation est encore plus critique. Malgré des avancées, les femmes gagnent encore 15% de moins que les hommes, elles sont embauchées très souvent à des salaires inférieurs à ceux de leurs homologues masculins et surtout les filières où les femmes sont majoritaires sont moins reconnues et donc bien moins rémunérées que celles qui sont des filières plus masculines.
De la même façon qu’en politique, les plus hauts postes sont attribués aux hommes sans que qualification ou compétence particulière puisse justifier cette situation sinon le fameux plafond de verre qui empêche une progression de carrière normale lorsqu’on est née femme.
En juillet 2017, la toute nouvelle Communauté Pays Basque a adopté à l’unanimité La Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale. Il est intéressant de noter que la proposition de soumettre cette charte à l’assemblée communautaire a été portée par la Coordination EBA* et qu’en l’inscrivant à l’ordre du jour le président a répondu à une initiative de la société civile mettant en exergue le défaut d’égalité réelle dans la vie locale. Cette Charte a pour objectif d’interpeller les élu.es sur leur responsabilité politique à oeuvrer en faveur d’une société égalitaire. Vaste programme !
C’est un engagement à favoriser la représentation équilibrée des hommes et des femmes dans toutes les sphères de prise de décision mais aussi de travailler à l’élimination des stéréotypes de genres. La Charte prévoit aussi la prise en compte et la lutte contre les autres facteurs de discrimination liés à l’origine, la langue, l’orientation sexuelle…
Nous avons là un phénoménal chantier, qui touche tous les segments de la société et qui doit nous amener à mettre en place des actions en faveur de la représentation des femmes dans les sphères de décisions tant pour les politiques que pour l’administration. Le domaine des ressources humaines sera particulièrement investigué, la Communauté s’obligeant à une certaine exemplarité.
Des élu.es constitueront un groupe de travail et la première originalité consistera à mener cette réflexion en lien avec EBA, ce qui ne peut être qu’une source d’enrichissement et de partage. Ensemble nous aurons la volonté de faire vivre la Charte et d’apporter des changements significatifs d’ici la fin du mandat.
Mais cette marche vers l’égalité réelle n’aura de traduction véritablement effective que si, lors des prochaines échéances dans toutes les communes du Pays Basque, le débat sur la place des femmes dans la vie locale devient l’élément incontournable des listes qui se constitueront. La responsabilité est collective, elle est celle des hommes sans doute mais aussi celle des femmes qui en s’engageant permettront de modifier de façon conséquente la réalité actuelle. La société civile et l’opinion publique doivent bousculer la tranquillité ambiante et amener de profonds changements. Le monde dans lequel nous vivrons est celui que nous ferons.
*Coordination pour l’égalité réelle (Egiazko Berdintasunaren Alde).