Le dimanche 6 octobre, de 10h à 22h, Alternatiba présentera, au centre-ville de Bayonne, des alternatives concrètes permettant dès aujourd’hui à chacun (individu, communes, associations, etc.) de lutter contre la crise énergétique et le changement climatique en cours. Gérard Poujade, ingénieur Arts et Métiers, maire du Séquestre et président du réseau national des agences régionales de l’énergie et de l’environnement et Marc Théry, consultant en stratégies énergétiques de territoires et d’entreprises, chargé de mission “Développement des énergies renouvelables” à la Communauté de communes du Mené, évoqueront les mesures innovantes prises sur leurs territoires.
“Ce qui motivait les gens, c’était la question de la qualité de vie
plus que les problématiques environnementales”,
reconnaît Gérard Poujade.
“Mais progressivement, les deux thèmes sont évidemment apparus liés
et la dimension écologique s’est imposée”.
La commune du Séquestre
Respect de l’environnement et des habitants
Profitant d’un accès direct à l’autoroute, la commune du Séquestre est située à moins de 45 mn de Toulouse, le chef-lieu de la région Midi-Pyrénées. Située à deux pas de la ville d’Albi et bénéficiant d’une vue magnifique sur la cathédrale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la commune a su préserver ses bois, coteaux et son environnement de verdure. Depuis 2001, la municipalité s’est donnée pour objectif un développement harmonieux dans le respect de son environnement et de ses 1.670 habitants. Première commune du Tarn à se lancer dans un Agenda 21 en 2004, Le Séquestre a, depuis, mis en place de nombreuses actions pour économiser l’eau, favoriser les déplacements doux, embellir la commune et réfléchir à son urbanisation avec notamment la création d’un écoquartier. Gérard Poujade est maire du Séquestre, élu socialiste depuis 2001 et sans l’étiquette “verte”. Si l’environnement n’était pas au cœur du programme du candidat Poujade en 2001, c’est la démocratie participative et la mise en place de comités consultatifs associant les habitants à la définition d’une politique publique globale pour la commune qui va engager la commune à s’attaquer d’emblée au plan local d’urbanisme (PLU), dont les paramètres sont plus que particuliers. Sur à peine 542 hectares, l’espace est pour le moins contraint avec la présence d’un aérodrome, d’un circuit automobile, de deux échangeurs d’autoroute, alors que la commune connaît un spectaculaire accroissement de population de 45% en dix ans.
Une ville devenue “site témoin”
“Ce qui motivait les gens, c’était la question de la qualité de vie plus que les problématiques environnementales”, reconnaît Gérard Poujade. “Mais progressivement, les deux thèmes sont évidemment apparus liés et la dimension écologique s’est imposée comme un axe essentiel de notre projet.” Dès 2002, Le Séquestre est choisi comme “site témoin”, aux côtés de quatre autres villes (Évry, Rochefort, Joinville et La Teste-de-Buch), pour promouvoir les principes de la loi “solidarité et renouvellement urbain”, dite loi SRU, de décembre 2000 (développement durable, recherche des équilibres, concertation, etc.). Avec ses premières décisions —mise en place du tri sélectif des ordures en moins de six mois, gouvernance participative, politique sociale—, l’équipe municipale dessine sans le savoir un projet qui ressemble fort à un Agenda 21. Reste donc, sur le conseil de l’Agence régionale pour l’environnement de Midi-Pyrénées (Arpe), à sauter le pas. Ce sera chose faite à partir de 2004 lorsque Le Séquestre devient la plus petite commune de France à élaborer un Agenda 21. Très vite la commune est devenue précurseur en réalisant des projets innovants comme le développement d’un réseau de vraies pistes cyclables au lieu de “simples trottoirs aménagés”, la mise en place de poubelles municipales bicompartimentées, le label éco-école, l’ouverture en 2007 d’une crèche HQE (haute qualité environnementale), une voiture municipale électrique, le développement de récupérateurs d’eau et du compostage, la tarification progressive de l’eau, qui permet des factures plus légères et plus justes pour les faibles consommateurs, la première installation en France d’une “Betty-Box”, machine de tri qui rémunère les particuliers en fonction du poids de déchets rapportés.
Un éco-quartier de 22 hectares en projet
Mais la grande affaire du Séquestre actuel et futur reste la construction d’un éco-quartier sur 22 hectares au centre de la commune. Plus de 600 logements prévus et 80.000 m2 dévolus à l’activité économique, pour créer près de 300 emplois. “Nous n’avons pas les moyens d’être écolos-bobos”, souligne le maire Poujade. “Cette ZAC doit être économiquement équilibrée, car sinon nous ne pouvons pas nous la payer. Nous sommes la plus petite commune de France à porter ce type de projet. Si nous le réussissons, cela voudra dire que c’est transférable partout. Un aspect du projet plus que motivant.” “Cet écoquartier, ajoute Gérard Poujade, répond à la première exigence de la commune, celle de limiter au maximum les charges d’énergie des logements et les déplacements pour que ceux qui viennent habiter au Séquestre y vivent dans les moindres coûts. L’enjeu est aussi d’arriver aux 20% de logements sociaux quand la commune atteindra 3.500 habitants. Sachant que la précarité énergétique est grandissante, il est important de concevoir des logements sociaux à très hautes performances. Nous faisons le choix d’un développement urbain durable dans un aménagement cohérent entre l’existant et le futur.”
Communauté de communes Le Mené
Villages bretons à 100% d’énergies renouvelables
Décidés à en finir avec leurs excédents de lisier et à donner un coup de fouet à leur activité économique, sept irréductibles villages bretons des Côtes d’Armor se sont “pris en main” en adoptant un plan “territoire 100% énergies renouvelables et locales” d’ici 2030. Une démarche rarissime dans l’Hexagone. Très tôt, “on a pris conscience que si on voulait continuer à vivre dans ce territoire rural, il fallait se prendre en main tout seuls”, raconte Jacky Aignel, vice-président “énergie” de la Communauté de communes du Mené, dans les Côtes-d’Armor. La Communauté de communes du Méné, présidée par le socialiste Jean-Pascal Guillouët, a été primée pôle d’excellence rurale en 2010. L’idée de développer une filière fondée sur les énergies renouvelables naît au début des années 2000 à partir des réflexions d’agriculteurs s’inquiétant de leur impact environnemental et d’élus soucieux du développement économique local. Dès 2013, plus de 20% de la consommation d’énergie de la communauté devrait être “produite sur le territoire par des énergies renouvelables”, assure aujourd’hui Jacky Aignel.
De l’huile de colza pour les tracteurs
La démarche est vitale, selon lui, pour maintenir l’activité agricole, sensible aux prix du pétrole, et diversifier le tissu économique et social de ce micro-territoire de 6.500 habitants, essentiellement des agriculteurs et des employés d’un abattoir industriel. Dès 2005, les projets fleurissent. “A l’époque, on nous prenait pour des barjots”, se souvient Laurent Gaudicheau, directeur de la Communauté de communes. Une huilerie de colza-carburant, Menergol, ouvre le bal en 2007 à Saint-Gouéno et produit une huile pouvant alimenter les moteurs diesel de tracteurs, ainsi que des tourteaux pour le bétail. Ceux-ci “sont utilisés localement par des éleveurs de vaches laitières, qui n’ont plus besoin d’importer des tourteaux de soja du Brésil”, se félicite Laurent Gaudicheau. “Il est plus intéressant de vendre cette huile pour acheter du fioul mais, pour autant, si le pétrole continue à flamber, notre outil sera prêt”, assure-t-il.
Une “boucle vertueuse”
Dans deux autres communes du Mené, des chaufferies consommant du bois local alimentent les réseaux de chaleur de 4.500 m2 de bâtiments publics et privés. Le système, qui permet de remplacer plus de 300 tonnes de fioul, sera généralisé à l’ensemble de la Communauté de communes. Au bois provenant des forêts, les chaufferies vont ajouter le bois issu d’une plantation irriguée par l’eau et rejetée par Géotexia, la toute nouvelle usine de méthanisation inaugurée en juin. La méthanisation permet de réduire les quantités de déchets enfouis ou incinérés et représente une source d’énergie alternative. “C’est la boucle vertueuse”, se félicite Dominique Rocaboy, agriculteur et président de la structure.
Coup de fouet économique
Initiée par une trentaine d’éleveurs porcins, l’usine produira 13.800 mégawatts d’électricité par an à partir de 75.000 tonnes de déchets, lisier et boues issues de la filière agroalimentaire. “D’un problème environnemental, on peut arriver à faire une économie basée sur la filière énergétique durable”, analyse Laurent Gaudicheau. Toujours dans le même élan, la Communauté de communes du Mené vient d’inaugurer une pépinière d’entreprises dédiées aux énergies renouvelables. “On travaille aussi sur un projet participatif de parcs éoliens d’une puissance totale de 25 mégawatts et un ensemble de 35 nouveaux logements ne générant pas de dépenses d’énergie pour les habitants”. Pour fédérer ces démarches rares, la Communauté de communes a lancé en juin une charte pour les territoires “100% énergies renouvelables”, précise le directeur de la Communauté de communes.
Travail très intéressant dans la CC du Mené. Mais juste une précision, que je sache, la méthanisation permet de récupérer du biogaz à partir de déchets organiques tels que les lisiers d’élevage de porc (élevage industriel dans le cas présent), mais ne permet pas de diminuer de la quantités des déchets produits (ou très peu). il faut de toute façon épandre le digestat (produit restant après méthanisation) sur des terres agricoles surchargés d’azote comme c’est le cas en Bretagne (avec les effets négatifs que nous connaissons : algues vertes, etc.). Evidemment il vaut mieux méthaniser que de ne rien faire, mais les partisans de l’agriculture industrielle (appréciez l’oxymore) tentent toujours de vendre la solution miracle de la méthanisation pour mieux faire accepter leurs énormes installation d’élevage industriel ! C’est un peu le pansement sur la jambe de bois!
Bonjour,
Le travail effectué par le Mené sur la valorisation des Energies Renouvelables est très instructif et conséquent. Un travail de longue haleine, certes, mais qui démontre que plusieurs énergies peuvent cohabiter et ainsi mettre en place une économie circulaire.
Cependant, je suis surpris que les organisateurs, voulant travailler en local, n’ont pas remarqué que ce genre d’initiatives a déjà été mise en place dans le sud ouest depuis de nombreuses années! La production en filière courte d’un biocarburant local est une réalité technique, économique et environnementale et notamment en Pays Basque…Bizi Garbia…ITSASOA…Nouste Ekilili….Renseignez vous!
Complément au commentaire de Frédéric PERRIN :
Alternatiba vient de publier le riche programme des plus de 50 conférences qui auront lieu les 5 et 6 octobre à Bayonne : http://www.bizimugi.eu/fr/alternatiba-bayonne-50-conferences
On y trouve des alternatives et intervenants du Pays Basque (Nord et Sud) et d’ailleurs. En plus il y a plein de compléments d’informations qui font clairement comprendre que la Communauté de Communes du Mené est bien à l’avant-garde :
Dimanche 6 octobre 2013 de 11h00 à 12h00 à la Salle de Fac, dans l’Espace “Alternatives Municipales & Territoriales” aura lieu une Table Ronde sur le thème “Territoires à énergie positive : communes en transition énergétique” avec entre autres intervenants Marc Théry, consultant en stratégies énergétiques de territoires et d’entreprises, ingénieur de la démarche de la communauté des communes du Mené (6500 habitants, Côtes-d’Armor, le développement économique local par une politique d’autosuffisance énergétique, dans un des cantons les plus pauvres de Bretagne : méthanisation, réseaux de chaleur, économies d’énergie, éolien participatif,…).
Bref, Alternatiba 2013 sera une excellente occasion de se renseigner sur les alternatives d’ici et d’ailleurs !