Première intervention le 17 mai d’Emmanuel Macron sur la “question basque”. Le sort des preso évolue lentement, trop lentement malgré la vigilance de Bake Bidea et des Artisans de la paix qui organisent les 7 et 8 juin à Biarritz conférence et chaîne humaine.
Qu’attendent donc les Artisans de Paix? “Des actes forts, significatifs !” Des actes impulsant le processus de paix qu’Espagne et France avaient d’emblée décidé d’ignorer. Lorsque Bake Bidea et les Artisans de Paix ont décidé d’organiser le rendez-vous des 7 et 8 juin à Biarritz, ils ignoraient que le président de la République viendrait y faire un “repérage” le 17 mai. Qu’il évoquerait pour la première fois la “question basque”. Que l’actualité serait marquée par l’arrestation de Josu Urrutikoetxea, ex-dirigeant “historique” d’ETA dans les Alpes françaises, lequel avait annoncé la dissolution d’ETA le 3 mai 2018, depuis la Fondation Henry Dunant de Genève. Quelques signes ? Après avoir déclaré que le processus basque lui paraissait “exemplaire”, Emmanuel Macron ajoutait que “la réconciliation politique et la sortie des armes ne vaut pas amnistie”. Evoquant les prisonniers, il laissait entendre que les contacts renoués récemment entre le ministère de la Justice et la Délégation basque, se poursuivraient, après les avancées obtenues en 2018. Evoquant les victimes, il ajoutait : “Il faut aussi savoir entendre les familles des victimes, les respecter dans leur douleur et respecter celle-ci. Je crois qu’il n’y a pas de vrai processus de paix, si l’on ne fait pas ces deux mouvements…” Signe annonciateur d’une évolution positive ? Le 21 mai, le prisonnier Mikel Karrera Sarobe était transféré de Réaux à Lannemezan. Le tribunal administratif de Paris évoquant la fin d’ETA est allé à l’encontre de l’avis négatif exprimé par le Ministère de la justice.
Les 7 et 8 juin, seront donc l’occasion d’aborder les deux volets incontournables de tout processus : victimes et prisonniers.
Notons que les processus de paix négociés d’un continent à l’autre, le sont avec le concours des Etats concernés. Excepté le cas basque. Les processus négociés comportent un troisième volet, la justice transitionnelle, jamais abordée, ni par l’Espagne ni par la France. La justice transitionnelle, dont la France a usé en 1988 en Nouvelle-Calédonie, est seulement invoquée par les acteurs du processus basque, nombre d’experts internationaux et une fraction de la justice française, convaincus de son rôle irremplaçable en périodes charnières. Le “père” de la justice transitionnelle n’est-il pas le magistrat français Louis Joinet, impliqué dans le processus basque ? Il est celui qui a établi pour l’ONU (Haut-Commissariat aux droits de l’homme) la règle des “principes contre l’impunité” : droit à la vérité, à la justice, à la réparation à la garantie de non répétition.
Après avoir déclaré que le processus basque lui paraissait “exemplaire”,
Emmanuel Macron ajoutait que “la réconciliation politique et la sortie des armes ne vaut pas amnistie”.
Evoquant les prisonniers, il laissait entendre
que les contacts renoués récemment entre le ministère de la Justice et la Délégation basque, se poursuivraient.
Rencontre le 7 juin au Bellevue
Intitulée “Pour construire notre vivre-ensemble”, cette rencontre se tiendra (19h-21h30) en présence de victimes de bords différents. Une question absolument prégnante en Pays Basque sud, où de nombreux espaces de dialogue ont été noués sous l’égide d’institutions politiques d’élus comme le maire d’Errenteria, d’universitaires, de groupes tel le Forum Social permanent… Des gestes forts d’empathie ont marqué l’actualité récente. Etxerat le 1er mars dernier : le collectif des familles de prisonniers et exilés, s’est adressé à “toutes les victimes de différentes expressions de violences”. Victimes d’ETA, des Commandos Autonomes, du terrorisme d’Etat, d’exactions commises par les forces de sécurité espagnoles, de tortures… Etxerat a présenté “ses plus sincères excuses” en reconnaissant qu’au cours du conflit, “sa distance a pu contribuer à la douleur des victimes”. “Nous ne sommes animés par aucun sentiment de vengeance ni de revanche. Nous déclarons dans notre pluralité, que ce qui nous anime est que, rien de tout ceci ne se reproduise. Et que les générations futures n’aient pas à subir les conséquences du conflit politique…” Autre geste : celui d’un groupe de 41 victimes (d’ETA pour la plupart), ayant adressé une tribune libre au groupe Vocento de Bilbao. Dans ce texte paru le 16 avril, sous la signature d’un homme dont le père fut assassiné par les Commandos Anticapitalistes Autonomes (CAA, en 1980, à Saint-Sébastien), le groupe demande à l’Espagne de “reconnaître les victimes de la violence d’Etat”. Il spécifie que “reconnaître, ne signifie, ni blanchir, ni comparer, ni légitimer quoi que ce soit (…) Cela signifie que ces victimes ont-elles aussi, droit à la vérité, la justice et la mémoire (…) Ne pas le faire estiment les signataires, serait une erreur politique et humaine…”
Chaîne humaine le 8 juin
Prévue (16-17 heures) de l’Hôtel du Palais au Rocher de la Vierge, elle veut mettre en exergue la situation des prisonniers, victimes de mesures d’exception, tels que dispersion et refus répétés de mise en liberté conditionnelle. C’est sur le volet rapprochement vers le Pays Basque, qu’ont porté les discussions avec le ministère de la Justice, notamment soldées en 2018, par 25 transferts à Mont-de-Marsan et Lannemezan. “Avec les efforts de tous, nous espérons qu’une solution globale, juste et pérenne, soit trouvée dès que possible au Pays Basque…” avait déclaré Michel Camdessus, bayonnais, ex-directeur du FMI, en conclusion de la dissolution d’ETA actée le 4 mai 2018 à Cambo. Ce dernier participera à la rencontre du 7 juin à Biarritz. Son message est toujours d’actualité.
Quand des états transforment la Justice en vengeance, gardant en prison pour plus du temps signalé par les tribunaux, des personnes qui ont peut être mal agi ils devoilent leur caractere dictatorial, tipique de ceux (et parfois celles) qui cherchent a gouverner dans le cervau de chaque humain.