Ce n’est plus projet contre projet, mais chasse aux sorcières et règlements de comptes. Voilà un beau projet institutionnel pour le Pays Basque perverti par ceux-là mêmes qui jurent être en désaccord, non sur le fond, mais seulement sur la méthode, à l’instar de Claude Olive, maire d’Anglet, nouveau président de l’Acba qui déclare: “Tout le monde veut arriver au même endroit mais pas par le même chemin” car “notre contre-projet constitue une étape avant une intercommunalité unique”.
Ou comment une réforme sur laquelle tous les acteurs prétendent partager la même finalité finit en rupture violente entre maires de l’Acba. Rupture qui traverse toutes les familles politiques dans les différentes majorités des cinq municipalités. Rupture aussi du traditionnel et exemplaire consensus qui présida jusqu’ici à la gestion de cette intercommunalité vieille de cinquante ans où siégeaient, jusqu’au dernier mandat, en parfaite harmonie, maires de droite et du centre de Bayonne, Biarritz, Bidart, avec ceux du PS d’Anglet et PC du Boucau. Belle image. De quoi faire vaciller les plus politiquement chevronnés, tel le socialiste bayonnais Henri Etcheto qui passe d’un camp à l’autre entre les consultations de novembre et de mars.
A l’attitude responsable et digne du débat démocratique de Jean-René Etchegaray, démissionnant de la présidence de l’Acba, a répondu une salve de mesquineries et crocs-en-jambe. Comme un coup de tonnerre, c’est l’exclusion de Jean-René Etchegaray du syndicat des transports en commun et donc de sa présidence, c’est l’exclusion de Martine Bisauta du Conseil des élus, forme de révérence à cette instance associative que s’est donné le Pays Basque pour écrire son avenir, c’est l’exclusion d’un adjoint bayonnais pro-EPCI de la présidence de la commission d’appel d’offres de l’Acba pour un élu angloy anti-EPCI, sur fond d’amicale petite musique du président Olive reconnaissant avoir oublié de prévenir Etchegaray de ce qui allait lui arriver.
Au-delà de ce climat délétère d’une Acba qui reconnaît financer la communication des 45 maires porteurs du projet “métropolitain”, il y a la substance réelle des représentativités des tenants de l’EPCI unique.
D’abord, l’application de la loi NOTRe en Pays Basque prenant ses sources dans des décennies de combat pour la reconnaissance du Pays Basque, on doit saluer le rappel public de ce passé par 67 anciens maires: “Ce projet est un aboutissement qui permettra au Pays Basque d’exister institutionnellement”.
Reviennent alors les innombrables combats pour le département Pays Basque et l’institution spécifique, avec leurs somptueuses manifestations de masse, les 35.000 signatures pour demander au Conseil général un référendum, les candidatures aux sénatoriales, les délégations à Paris auprès des ministres de l’Intérieur successifs, les engagements de Mitterrand et Jospin…
Saluer aussi la prise de position d’un collectif d’élus des cinq majorités municipales de l’Acba à contre courant de leurs maires et chefs de file.
A l’autre bout du balancier, tentant de faire contrepoids à l’activisme de l’Acba, un escadron de maires rebelles d’Amikuze autour des deux figures politiques Jean-Jacques Lasserre et Barthélémy Aguerre. Ce dernier, oubliant sa récente manoeuvre de créer une intercommunalité croupion basco-béarnaise à l’image de ses lasagnes composites, se rallie soudainement à l’alternative basquiste d’une “Communauté Pays Basque”.
Et que dire du jeu trouble de Jean-Jacques Lasserre qui porta l’institution spécifique Pays Basque à la tête du Conseil des élus et qui, pour cela, écarta notamment la formule du pôle métropolitain qu’il préconise actuellement. Vent debout contre le préfet, notre duc de Bidache claironne fièrement “il faut savoir dire non à la pensée unique”. Comme François Mauriac aimait l’Allemagne lorsqu’il y en avait deux, tous ces gens-là aiment le Pays Basque en morceaux pour ne pas le gérer uni.
Ils usent et abusent de fausses incertitudes sur un EPCI soi disant mal préparé dans la précipitation malgré le travail de centaines d’élus locaux sur sa gouvernance, s’ajoutant aux assurances du préfet.
Que n’ont-ils eu pareille défiance en mars de l’an dernier envers l’élection d’un nouveau Conseil départemental dont les compétences ont été définies par une loi qui n’était pas encore votée! Cela ne les a pas empêchés de s’y faire élire et, pour l’un d’eux, jusqu’à la présidence. Que n’ont-ils eu pareille défiance envers la nouvelle grande région de six millions d’habitants, grande comme l’Autriche, en décembre dernier! Avaient-ils toutes les assurances sur l’harmonisation fiscale entre les trois anciennes régions? Avaient-ils prévu la trésorerie toxique de cent millions d’euros de Charente-Poitou que nous devrons éponger? Tout cela n’est que palinodie et aveu de faiblesse collective. Car ils savent, par le vote pour avis positif de l’automne dernier des deux tiers des communes et des habitants, quelle sera la décision finale.
Ils n’ont pas été en capacité de modifier le cours des choses lors des Commissions départementales et jusqu’à la réunion du Conseil des élus du samedi 19 mars à Cambo où, devant deux cents élus et le préfet, la version de l’EPCI unique a été finalisée. L’avis de gros temps sur l’Acba n’accouchera pas de vagues submersives, tel est le sens de la déclaration du maire de Biarritz, Michel Veunac, “je m’inclinerai sur ce vote démocratique” et parlant du remplacement de Jean-René Etchegaray à l’Acba “je n’ai pas voulu être celui qui éteindra la lumière”.
Silencieux dans les medias, mais actif en coulisses, Jean-Jacques Lasserre est sorti du bois avec son entretien accordé lundi à Sud Ouest. Seuls seront étonnés les naïfs qui pensaient que son ralliement tardif à la demande de collectivité territoriale à statut spécifique participait d’un quelconque intérêt pour le devenir du Pays Basque. Non, Jean-Jacques Lasserre, comme d’autres “responsables” politiques de ce pays, genre Alliot-Marie, a toujours sacrifié le Pays Basque sur l’autel de ses intérêts personnels et politiques.
La virulence de ton de l’interview s’explique aisément. Il sent que l’avenir de ce territoire se fera sans lui. Non pas seulement parce que le temps qui passe est un implacable juge de paix, mais parce qu’il voit poindre, à côté du département qu’il préside, une entité qui regroupera 300.000 habitants (45% des PA), qui nécessairement aura un certain poids politique et économique, et sur laquelle il n’aura ni prise ni rôle à jouer. Il n’est pas maire d’une commune et ses reniements pour être président du Conseil départemental l’ont irrémédiablement disqualifié pour prétendre à un rôle politique dans le futur EPCI unique. De surcroît, cumul de mandat oblige, il devra très bientôt choisir entre sa présidence départementale et son siège au Sénat. Et on le voit mal renoncer au confort des lambris dorés du Palais du Luxembourg (et aux sous qui vont avec).
Certes, en politique, il ne faut jamais jurer de rien. Mais l’émergence d’un EPCI Pays Basque, si modeste soit-il en pouvoir politique et en moyens financiers, aura le mérite de disqualifier quelques hobereaux locaux toujours plus prompts à se servir qu’à servir.
Urdamuno
“ces gens-là aiment le Pays Basque en morceaux pour ne pas le gérer uni ”
Heleparekin Euskal Herria batua izanen baita doaike? Holako esaldien erraiteak eta errepikatzeak erakusten dauku zein heinetaraino denek (eta abertzale “ospetsuenek” barne) gure herriaren zatiketa barneratua dugun… Badakit, errealista izan behar da, utopiarekin ez da deus lortzen etabar… HELEPa aintzinapena den ala ez eztabaidan sartu gabe, kasu emaiten ahal ginuke erabiltzen ditugun esamoldeer eta hitzeer, hauek dute iritzia moldatzen eta hausnarketa elikatzen. Are, suppo bat ta oheat. Segi pixkor.