150 personnes ont occupé un supermarché à Bayonne pour dénoncer le travail le dimanche, à l’occasion du week-end des 10 ans du mouvement Bizi qui œuvre depuis 2009 en Pays Basque sur les terrains de l’urgence climatique et de la justice sociale. Cette action clôturait trois jours de fête et de rencontres auxquelles ont participé plus d’un millier de personnes au total à Bayonne, pour marquer le dixième anniversaire de l’association Bizi.
Répondant ce dimanche 16 juin à 10h00 à un appel parodique d’Emmanuel Macron dont le texte était distribué par tract, les activistes de Bizi sont venus passer leurs loisirs dominicaux traditionnels à l’Intermarché situé Chemin de Hayet à Bayonne : grasse matinée, parties de quilles ou de pétanque, jogging et randonnée, rollers et vélo, pèche à la ligne ou baby foot, badmington ou farniente, apéritif et pique-nique. Les rayons du supermarché ont ainsi été le théâtre de scènes toutes plus cocasses les unes que les autres, destinées à dénoncer la précarisation et marchandisation croissantes de nos vies et de nos sociétés. Bizi entendait également remettre en cause la spirale infernale du travailler plus-consommer plus, et donc polluer plus, qui revêt un caractère dramatique aujourd’hui où tous les grands équilibres écologiques de la planète sont au rouge.
Reprendre possession de nos vies
Cette action faisait écho à une autre menée par Bizi en 2009, occupant déjà le même Intermarché qui venait alors de commencer à ouvrir le dimanche. « Nous posions alors la question : à quand l’ouverture des supermarchés la nuit ? » a déclaré Dominika Durruti, porte-parole de Bizi, qui a déploré que « dix ans après, cela commence à être chose faite. Plusieurs supermarchés ont commencé à ouvrir également toute la nuit, dont un Casino à Mérignac en Gironde, depuis février 2019. Renoncement après résignation, toutes les digues cèdent, et nous tirent vers le bas, après un siècle de progrès social dues à l’engagement et aux luttes de nos ancêtres. »
Un autre représentant de Bizi, Jean-Marc Sarthou a appelé à « reprendre possession de nos vies. Nous avons le pouvoir si nous le décidons. Nous pouvons arrêter de faire nos courses le dimanche. Nous pouvons boycotter les supermarchés qui ouvrent ce jour là. Nous pouvons ne pas voter pour les politiques qui permettent cela. Nous pouvons découvrir d’autres façons de faire ses courses, via différents marchés, réseaux et circuits courts de produits locaux, de qualité et aux prix accessibles, par exemple la supérette participative Otsokop à Bayonne nord. Nous pouvons nous organiser et nous battre pour améliorer nos conditions de travail et de salaire pour ne pas avoir à travailler le dimanche, pour faire échec aux chantages à l’emploi. Nous pouvons, toutes et tous ensemble, nous battre pour arracher des politiques de partage du travail et des richesses, respectant les limites de la planète, et nous permettant de mieux vivre.Nous avons tant à gagner : la solidarité, le temps retrouvé, le contrôle sur nos vies et sur nos sociétés, le respect, la dignité, la beauté du monde. »
Bizi, déjà 10 ans
Cette action clôturait trois jours de fête et de rencontres auxquelles ont participé plus d’un millier de personnes au total à Bayonne, pour marquer le dixième anniversaire de l’association Bizi, qui a entre autres choses créé le mouvement Alternatiba, co-fondé les dynamiques d’ANV-COP21 ou des faucheurs de chaises contre l’évasion fiscale, contribué à la naissance de diverses alternatives concrètes comme celle de la monnaie locale basque, écologique et solidaire Eusko… Plusieurs conférences, notamment avec Geneviève Azam, Corinne Morel Darleux, Joseba Azkarraga ou Alazne Intxauspe Elola ont rythmé le week-end, ainsi que diverses prises de parole d’organisations partenaires de Bizi pendant ces 10 dernières années. Parmi celles et ceux qui ont ainsi adressé leurs félicitations et encouragements au mouvement Bizi, on a ainsi pu entendre Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre-France, Amaia Muñoa et Mitxel Lakuntza du syndicat ELA, Fanny Delahalle de la coordination européenne Alternatiba / ANV-COP21, Serge « Poupi » du Village Emmaus Lescar Pau ou encore Victor Pachon, porte-parole du CADE.