Arnaldo Otegi, Rafa Diez, Sonia Jacinto, Arkaitz Rodriguez et Miren Zabaleta, les cinq condamnés du procès Bateragunea, resteront en prison. Ainsi en a décidé le Tribunal constitutionnel espagnol en rejetant, le 22 juillet, l’appel interjeté par les avocats des condamnés. Ils devront donc effectuer la totalité de la peine infligée par le tribunal suprême, 6 ans et demi pour les deux premiers, 6 ans pour les trois autres. Par ce rejet, le tribunal constitutionnel a également confirmé les 10 ans d’inéligibilité infligés à Otegi et Diez, 8 ans aux trois autres dirigeants de l’ex-Batasuna.
On se souvient que le motif de la condamnation prononcée par le tribunal suprême était “avoir mis en place, sur ordre d’ETA, une stratégie de réunification des forces indépendantistes”.
Les cinq condamnés sont précisément ceux qui ont initié et conduit la révolution culturelle de la gauche radicale ayant abouti à l’abandon des armes par ETA au profit d’une pratique politique exclusivement pacifique et démocratique.
Par son arrêt, le tribunal constitutionnel dont 7 juges ont voté en faveur du rejet et 5, dits progressistes, en défaveur, n’a fait que confirmer ce que chacun sait déjà: la justice espagnole est totalement inféodée au pouvoir politique néo-franquiste. Les sept juges consolident ainsi la stratégie de tension et de vengeance que le PP maintient en Euskal Herria pour flatter une opinion publique espagnole majoritairement acquise à cette ligne.
En temps de crise et de corruption généralisée, un ennemi intérieur est toujours commode pour détourner les regards des véritables responsabilités d’une situation économique et sociale plus que dégradée.
Dans le même temps, par sa décision le Tribunal constitutionnel lance un nouveau défi à la Cour européenne de Strasbourg dont la décision d’invalider la doctrine Parrot n’est toujours pas digérée par le monde politique et judiciaire madrilène.
Les avocats des condamnés ont certes confirmé leur intention de porter l’affaire devant la Cour de Strasbourg. Mais, compte tenu des délais généralement exigés par la Cour, les cinq prisonniers politiques seront probablement libérés avant de connaître sa décision.
Miren, Arkaitz et Sonia auront accompli leur peine en octobre 2015, Arnaldo et Rafa, six mois plus tard. L’embastillement des cinq dirigeants de Batasuna avait été ordonné par le juge Garzon de sinistre mémoire en octobre 2009. D’abord condamnés par l’Audiencia nacional, en septembre 2011, à 10 ans pour les uns, 8 ans pour les autres, les cinq dirigeants de Batasuna avaient vu leur peines réduites respectivement à 6 ans et demi et 6 ans par le Tribunal suprême en mai 2012.