Régulièrement, chaque année, c’est la même antienne : le budget n’est pas extensible, nous adorons l’euskara mais, désolé, l’Education nationale ne dispose pas de moyens suffisants pour répondre à la demande sociale et financer les postes nécessaires exigés par Seaska ou les parents d’élèves d’autres filières. Et voilà qu’arrive sur le tapis un rapport du Sénat. Il est explosif et sera très vite oublié. De quoi nous parle-t-il ? De la vingtaine d’ambassadeurs thématiques dont la liste, jusqu’en 2017, était tenue secrète et qui sont nommés par le Conseil des ministres, certains grâce à une simple note de service du secrétaire général du Quai d’Orsay.
Pour ces ambassadeurs, pas de lettre de créance et pas d’ambassade. Ils sont missionnés sur un thème. Aussi improbable que la Coopération internationale dans le domaine du patrimoine dont vient d’hériter Jean-Luc Martinez, ancien président du Louvre, en lot de consolation. Une ancienne karateka, Laurence Fischer, est ambassadrice pour le sport. Henri Verdier a le titre et le salaire d’ambassadeur pour le numérique. Stéphanie Seydoux, ambassadrice pour la santé mondiale, veille au respect des intérêts français au sein du fonds mondial de lutte contre le sida et le paludisme. Quant à Stéphane Crouzat, il est chargé des négociations sur le changement climatique. Ségolène Royal s’est fait virer en 2020 de son poste d’ambassadrice des pôles pour ses dépenses sans objet diplomatique…
En réalité, selon le Sénat et l’Observatoire de l’éthique publique, il s’agit de “vraies niches pour les amis en mal d’exotisme ou les recalés du suffrage universel”. Aucun texte législatif ou réglementaire ne régit ce type d’ambassadeurs thématiques. Ils n’ont pas “à rendre compte publiquement de l’effectivité de leur mission, ce qui nourrit les soupçons quant à la pertinence de leur fonction”. En 2019, la rémunération globale des 19 ambassadeurs alors en poste, s’élevait à 1,8 millions d’euros, soit une moyenne de 94.730 euros par personne, avec des frais de mission de l’ordre de 21.400 euros par ambassadeur.
Au fait, cela fait combien de postes d’enseignants de basque supplémentaires pour la rentrée ? A vos calculettes !
Vu de Paris, l’euskara peut crever. Durant deux siècles, sa disparition a été voulue, organisée par les gouvernements français. A quand la “réparation historique” dont parlait en 1982 le rapport Giordan?