(Photos : R.R.)
8.000 personnes selon les organisateurs ont manifesté samedi à Bayonne en faveur des droits des prisonniers basques et pour réclamer « une résolution du conflit basque » derrière une banderole indiquant « Droits de l’homme – Résolution – Paix ». La manifestation, organisée par 24 acteurs politiques, syndicaux et sociaux, était soutenue par près de 300 élus du Pays Basque et ouverte par des familles de prisonniers basques brandissant les photos de détenus.
L’appel à la “résolution du conflit basque” a été appuyé par des revendications précises. Les premières portant sur la libération des prisonniers malades avec un focus spécial sur le cas d’Ibon Fernandez Iradi emprisonné à Lannemezan et atteint de sclérose en plaques. La décision concernant sa demande de suspension de peine sera connue le 20 juin. D’autres concernaient le retour des exilés. Certains d’entre eux, déportés depuis près de 30 ans ont marqué leur retour au pays en étant présent à la manifestation de Bayonne.
La manfiestation a eu le soutien de syndicats, élus, personnalités d’origines très diverses (artistes, politiques, religieux, intellectuels, écrivains…). Parmi les nombreux soutiens, on peut souligner, l’appui de la CCI de Bayonne, la CFDT Pays Basque et de nombreux organisations de jeunes (Mouvement de Jeunes Socialistes, Jeunes Démocrates, Jeunes Communistes 64, EHZ, Aitzina, ELB gazte, Euskaldun Gazteria, Ikasle Abertzaleak, Ernai).
Pour un droit commun
Jean-René Etchegaray, le nouveau maire centriste de Bayonne (UDI), élu fin mars, manifestait en tête du cortège aux côtés de nombreux élus. Première fois qu’un maire de Bayonne manifeste pour les preso. Mais J.-R. Etchegaray habitué en tant qu’élu ou «personnellement» a estimé que «l’éloignement des prisonniers basques n’est pas légal dans le pays des droits de l’Homme». Avocat de formation, il affirme que la France a réintroduit «un traitement politique de la peine de prison» a-t-il déclaré, et que «ce traitement politique est inadmissible» a-t-il ajouté. Il a par ailleurs invité le gouvernement français à enclencher un processus de résolution du conflit basque conformément aux préconisations de la conférence d’Aiete pour la paix, à laquelle il a participé.
La député socialiste Colette Capdevielle, également avocate de formation, a elle aussi estimé que la situation des prisonniers basques «n’était pas légale». Elle estime cependant qu’un «processus de paix se construit lentement» et que la situation des prisonniers basques devrait être «normalisée» grâce à des demandes individuelles. Elle a notamment évoqué le rapprochement des prisonniers basques, la libération conditionnelle des prisonniers en fin de peine ou atteints de graves maladies, comme Ibon Fernandez dont le verdict sur la libération doit être prononcé le 20 juin. La député socialiste, membre de la commission des lois au parlement français, a également indiqué qu’elle informait la ministre de la justice de ces revendications ainsi que le gouvernement socialiste.
Logique de résolution du conflit
Une porte parole du collectif, Isabelle Pargade, a indiqué à la fin de la manifestation avoir «conscience du poids de toutes les souffrances de part et d’autre du conflit» et a appelé «solennellement le gouvernement français à faciliter le dialogue dans une logique de résolution du conflit». a-t-elle déclaré.
L’organisation de la manifestation a été assurée par les 24 organismes. Un travail en commun a permis d’assurer les relations et communications avec la presse, les élus, les syndicats et les associations, tout en veillant à la partie technique et aux dynamiques locales (réunions d’information, distributions de tracts, autres initiatives). La journée du 14 juin ayant pu compter sur la participation de 250 bénévoles qui ont assuré le bon déroulement de la manifestation et de la grande fête post-manif animée par le groupe Zebda, Naia Robles et Begiz Begi.