C’est le temps écoulé, au moment où j’écris ces lignes, depuis la création de la Communauté Pays Basque et l’impression qu’un travail titanesque a été accompli tout en ayant conscience du chemin immense qu’il reste à parcourir. Sentiments mêlés faits d’agacements passagers quand on voudrait tant que cela aille plus vite, et de compréhension face aux défis intenses qu’il convient d’affronter au quotidien.
Il convient de saluer en premier l’engagement des services qui ne ménagent pas leur peine pour organiser la grande maison, pour répondre au mieux aux attentes qu’a suscitées la nouvelle collectivité dans tout le territoire.
Il faut être conscient aussi de l’inconfort évident de nombre des agents qui individuellement n’ont pas encore une vision très claire de leur place et de leur mission.
Cela prendra du temps, car les regroupements sont complexes et la mutualisation des moyens entraîne des inquiétudes, des questionnements légitimes.
Les nouvelles compétences constituent de nouvelles pages à écrire et il faut les inscrire dans un cadre institutionnel précis en délimitant ce qui relèvera de l’administration centrale et ce qui sera plus opérationnel dans un contexte de proximité c’est-à-dire sous la responsabilité des dix pôles.
Mais il est évident que l’efficacité de nombre de politiques publiques se trouvera renforcée par la pertinence géographique du nouvel ensemble.
Plus de moyens, une véritable complémentarité et la fin de la concurrence entre différentes entités qui étaient un non-sens pour le développement équilibré du Pays Basque.
Un projet d’agglomération ambitieux doit voir le jour, il faut promouvoir un développement soutenable en s’appuyant sur les nombreux atouts du territoire, en identifiant les freins ou les menaces qui pèsent sur lui, en saisissant toutes les opportunités qui lui permettront d’avancer.
La Communauté doit s’ouvrir largement sur la société civile, un travail est en cours pour mettre en place le nouveau Conseil de développement qui pourrait intégrer un collège de citoyen-ne-s non issu-e-s d’associations, de syndicats ou de toute forme d’organisation.
Il convient de saluer en premier
l’engagement des services
qui ne ménagent pas leur peine
pour organiser la grande maison,
pour répondre au mieux aux attentes
qu’a suscitées la nouvelle collectivité
dans tout le territoire.
Nous avons su par le passé inventer des modes d’organisation inédits, ils ont fait notre richesse et il faut continuer et faire confiance à notre intelligence collective pour tracer de nouveaux chemins.
Le lien entre les élu-e-s et les mondes consulaires, universitaires, syndicaux, associatifs et citoyen doit constituer le corpus fondamental de la Communauté Pays Basque.
Ce large travail est encore embryonnaire, nous avons dans un premier temps consolidé les fondations, mis en place les grandes directions et nous avons encore à compléter un certain nombre d’entre elles. Il était aussi nécessaire de donner suite aux engagements pris par les anciennes intercommunalités, des dizaines de délibérations ont été prises pour qu’aucune rupture ne puisse altérer la poursuite de l’action publique. Les différentes commissions au nombre de 12 sont maintenant en place et elles devront travailler avec régularité pour être force de propositions dans chaque domaine.
En s’appuyant sur le projet d’agglomération, elles devront dessiner les contours des politiques publiques en matière d’aménagement du territoire, de l’économie, de l’agriculture, du tourisme, de la culture, de la langue, de l’enseignement supérieur, de la préservation des patrimoines, de la mobilité nouvelle, du transfrontalier, de la transition énergétique et écologique…. Vaste programme !
Ces grands chantiers vont nous occuper dans les trois ans qui viennent, ils ne sont pas aisés, ils nourriront bien des débats, mais ils ont aussi enthousiasmants car ils écriront le Pays Basque des prochaines années.
L’enjeu est énorme, trop d’erreurs ont présidé à bien des décisions par le passé et nous sommes ici comme ailleurs à un grand tournant pour l’humanité. Nous devons inscrire notre nécessaire développement dans un cadre responsable, respectueux de la ressource, soucieux des solidarités, protecteur des individus et compatible avec leur santé…
Le projet d’agglomération doit s’inspirer des finalités du développement durable : la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, la cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et entre les générations, l’épanouissement de tous les êtres humains, les modes de production et de consommation responsables.
Si nous écrivons collectivement cette page, si nous sommes en capacité de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs, alors nous aurons pleinement répondu aux exigences du mandat qui nous a été confié.