31 années, la nécessaire libération

Le Parquet national anti-terroriste (PNAT) a été créé en 2019.
Le Parquet national anti-terroriste (PNAT) a été créé en 2019.

 8 Avril 2021. Quatre ans se sont écoulés depuis cette journée historique où grâce à l’impulsion et la volonté de la société du Pays Basque, le désarmement civil de l’organisation ETA avait lieu. Mais le 8 avril marque également les 31 années écoulées depuis l’arrestation et l’incarcération d’Unai et Ion Parot, Xistor Haranburu et Jakes Esnal. 31 années, au cours desquelles ils ont été soumis à des mesures d’exception, à commencer par un procès d’exception, puis l’éloignement et la dispersion.

Unai dénoncera avoir été torturé par la police espagnole lors de sa garde à vue, puis avoir subi l’isolement total, le GAL des prisons et les représailles infligées par les fonctionnaires pénitentiaires. Entre les quatre, ils ont connu des dizaines de centres de détention différents, des transferts aléatoires les éloignant et les destabilisant toujours plus, mais aussi des milliers et des milliers de kilomètres parcourus par leurs familles. 31 années entre quatre murs, et des demandes de libération conditionnelle (auxquelles ils ont droit depuis 2005 dans le cas de Ion et 2008 pour les autres), rejetées.

Ion Parot a déposé sa sixième demande libération conditionnelle cette année ! Par deux fois, dont la dernière en février 2018, sa demande avait été accordée en première instance, mais suite à un appel du parquet, rejetée en appel. Pourtant, 31 années plus tard, malgré des divergences, quelles qu’elles soient, sur la lecture du passé, la libération de ces militants, est devenue un réel enjeu pour notre territoire, un consensus partagé, une étape nécessaire et obligatoire, pour que le processus de paix puisse se renforcer et se pérenniser.

La libération de ces militants
est devenue une étape nécessaire et obligatoire
pour que le processus de paix
puisse se renforcer et se pérenniser

Pourtant nous observons une évolution des demandes de libération conditionnelle nous laissant plus que perplexes. Bien que les libérations conditionnelles n’aient pas été systématiquement acceptées avant La conférence Internationale d’Aiete, il y a bientôt dix ans, régulièrement, nous obtenions que dans certains cas, des prisonniers recouvrent la liberté par le biais de cette procédure. Mais malheureusement, nous avons constaté, dès les lendemains de cette conférence d’Aiete, qu’il est quasi systématique de ne pas l’obtenir, après appel du parquet général. Encore une fois, nous le confirmons et le revendiquons, l’argumentaire pour justifier ces appels et rejets nous paraît scandaleux et insupportable. Dans un premier temps, était affirmé le fait que sans désarmement de l’organisation ETA, la récidive était possible. Cet argument était utilisé jusqu’au désarmement. Puis, en l’absence de dissolution de l’organisation, était invoqué un risque de reprise et donc de récidive possible. Ceci, encore une fois, jusqu’à la dissolution de l’organisation ETA. Aujourd’hui, l’argument mis en avant consiste à dire que le retour de ces militants représenterait un trouble à l’ordre public, ou une dangerosité possible.

La surenchère du PNAT

L’argumentaire du Parquet National Antiterroriste (PNAT) toujours dans la surenchère, incarne au fil du temps une logique passéiste et vengeresse. Le PNAT, mis en place le 1er juillet 2019, véritable incarnation de la législation d’exception, entretient le fantasme du retour de la lutte armée pour justifier ces appels systématiques alors que la réalité du contexte et de l’évolution sociologique, politique et historique du Pays Basque prouve le contraire.

Ce 30 avril Lorentxa Beyrie a été libérée, après avoir purgée la totalité de sa peine. 20 ans, alors qu’elle aurait pu aspirer à une libération conditionnelle et ce dans l’application même de ses droits.

Lorentxa est le triste symbole de ce déni et entêtement. De toute urgence, il est nécessaire que la situation actuelle du Pays Basque fasse l’objet d’une nouvelle grille de lecture, avalisée par la Chancellerie et son parquet antiterroriste.

Nous sommes bien conscients que le contexte hexagonal semble largement défavorable, marqué par une certaine dérive vers le tout-sécuritaire, la recherche de l’ennemi intérieur (loi séparatiste), les nouvelles lois antiterroristes en prévision, voire un repli jacobin comme l’est le recours contre la Loi Molac.

Nul ne peut nier les évolutions majeures de ce territoire, évolutions et processus que le président Macron a lui-même reconnus, pas plus que l’engagement des différents acteurs impliqués dans la réussite du processus de résolution de conflit en cours, élus, société civile, organisation ETA, collectifs des prisonnier·e·s et exilé·e·s politiques basques et victimes de tous bords.

Nous avons besoin d’un cadre juridique qui réponde aux enjeux du processus de paix. Un cadre juridique au service de la construction du vivre-ensemble recherché. Nous sommes aujourd’hui, témoins de nouveaux mouvements observés à Madrid. Les rapprochements des prisonniers et l’évolution des “degrés”, laissent entrevoir une nouvelle étape. Comment Paris peut-elle continuer à se cacher derrière la séparation des pouvoirs, pour justifier l’acharnement judiciaire que vivent Ion, Jakes et l’ensemble des prisonniers politiques basques ?

Face au mépris de nos attentes, ce territoire devra une fois de plus redoubler d’efforts, d’imagination et d’audace !

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