Personne ne peut affirmer à l’avance quel sera le déroulé d’une nouvelle année qui débute. Mais pour Xabi Larralde, les lignes forces de l’actualité politique 2014 semblent déjà bien établies. Des élections municipales françaises au référendum écossais et peut-être catalan, l’année s’annonce politiquement passionnante.
Le premier rendez-vous politique pour Iparralde est celui des municipales. Evidemment, localement les enjeux sont multiples, en fonction des configurations, toutes spécifiques. Mais un résultat politique global devrait émerger concernant la force de l’enracinement du projet abertzale de gauche. Au lendemain de ces municipales, nous devront construire EH BAI en tant que mouvement pérenne, sur la base d’une ambition politique : structurer la troisième force politique d’Iparralde.
Par ailleurs, après la mobilisation en faveur de la Collectivité territoriale de l’an passé, le débat institutionnel devrait suivre son cours cette année, sachant que le nouveau contrat de plan doit être élaboré pour la fin de l’année. De plus, les socialistes viennent d’inscrire dans l’agenda politique la question de la ratification de la Charte européenne des langues minoritaires, ce qui ouvre dans l’Hexagone et au niveau européen le débat de l’officialisation de nos langues par l’Etat français.
Au niveau de l’ensemble d’Euskal Herria, l’enjeu politique central concerne les avancées du processus de résolution, avec une priorité qui s’est imposée dès ce début d’année : la question des preso, du respect de leurs droits et de leur libération définitive.
Quoiqu’il en soit, la tenue programmée à l’automne prochain
des référendums en Ecosse et en Catalogne va marquer l’année 2014
du sceau d’un concept fondamental dans notre combat abertzale :
le droit à l’autodétermination.
Changement de donne politique
Quoiqu’il en soit, la tenue programmée à l’automne prochain des référendums en Ecosse et en Catalogne va marquer l’année 2014 du sceau d’un concept fondamental dans notre combat abertzale : le droit à l’autodétermination. L’annonce de ces deux référendums change considérablement la donne politique à deux niveaux. Au niveau international, et plus particulièrement au niveau européen, le cas écossais crée un précédent historique. D’une part le droit à l’autodétermination ne relève plus depuis longtemps d’un protocole lié à la décolonisation des pays du tiers-monde. Mais en plus, il devient une procédure labellisée au sein de l’Union européenne, même à “l’ouest”, et ce, au lendemain des différents processus d’accession à l’indépendance qu’ont connus les pays de l’Est après la chute du mur de Berlin.
Les écossais se prononceront-ils à la majorité pour l’indépendance ? Rien n’est moins sûr, mais la tenue même du référendum rend envisageable un tel exercice pour la Catalogne, la Flandre et pourquoi pas le Pays Basque. D’ailleurs des réflexions sur cette éventualité sont déjà en cours, et on peut citer en la matière un article mis en ligne par Gara, et dans lequel un haut fonctionnaire français (Y. Gounin, délégué aux relations internationales du Conseil d’Etat) s’interroge dans le revue politique étrangère (n°4, 2013) sur les problèmes juridiques générés par l’éclatement des Etats. L’autodétermination de nos nations ne relève donc plus de la politique fiction, mais bien d’un scénario tout à fait crédible sur lequel se penchent les experts au niveau européen. Pour ce qui est de la Catalogne, difficile de dire si la dynamique actuelle ira jusqu’à la convocation unilatérale d’un référendum par les autorités locales, mais, elle est, en tout état de cause, l’expression d’une crise majeure de l’Etat espagnol. Le modèle de l’organisation post-franquiste reposant sur des statuts d’autonomie établis au nom du “cafe para todos” est aujourd’hui à bout de souffle et la crise économique actuelle l’a rendu encore plus obsolète.
Deux options envisageables
Seules deux options sont alors envisageables en ce qui nous concerne : soit une re-centralisation, soit de nouvelles prérogatives pour la Catalogne et Hegoalde. Ainsi, nous allons nous retrouver dans les relations entre Euskal Herria et l’Etat espagnol dans une situation paradoxale, dans laquelle, malgré (ou précisément à cause) de la fin de la lutte armée, le niveau de la confrontation politique va considérablement augmenter.
Car le processus actuel a pour visée fondamentale d’ouvrir au maximum le champ politique afin de structurer et de mettre en mouvement des majorités politiques et sociales favorables à la résolution du conflit, mais aussi au droit de décider. Madrid ne veut pas d’une donne politique nouvelle dans laquelle un débat démocratique sur l’avenir du Pays Basque puisse avoir lieu, car les Espagnols ont peur de perdre ce débat. Et ce, encore plus à un moment où, avec le cas écossais, le droit à l’autodétermination devient une procédure totalement envisageable au sein de l’Union européenne. Aussi, le PP tente-t-il de maintenir en vigueur les facteurs qui ont alimenté la séquence politique précédente, en particulier, sa politique répressive visant les preso, des structures comme Herrira, les représentants politiques du collectif des prisonniers, la possibilité de convoquer des manifestations, etc.
Pour conclure, on peut donc dire qu’on ne risque pas de s’ennuyer en 2014 ! Le processus d’émancipation de nos peuples rentre dans une phase historique passionnante, mais le combat, n’en doutons pas, risque d’être extrêmement dur.