Aupa, la Société coopérative d’autopartage, débutera dès cet été la mise en place d’un réseau de véhicules partagés en Iparralde. Créée en décembre 2022, Aupa est une société coopérative d’intérêt collectif et compte parmi ses sociétaires fondateurs des structures comme Enargia, Bizi!, le Comité ouvrier du logement (COL) ou Sokoa. Marion Pichery, présidente d’Aupa et Emeline Robillard, sa directrice générale répondent aux questions d’Enbata en précisant les objectifs écologiques et sociaux de ce nouveau service de mobilité, complémentaire aux mobilités douces en place et à venir, sur le territoire.
Quelles sont les origines du projet Aupa ?
Marion Pichery : J’étais animatrice du groupe Alternative au tout voiture dans l’association Bizi!. Après avoir bataillé pour obtenir des aménagements et rendre efficaces ces alternatives (site propre pour les bus, pistes cyclables…), la question de la possession d’une voiture restait pour beaucoup un frein à la transition : comment se débarrasser complètement de sa propre voiture alors qu’elle nous sert quand même ponctuellement ? Le vélo, le bus, le train, ne répondent pas à tous les besoins de mobilité (transport de grosses courses, destinations inaccessibles…). En regardant ailleurs dans l’Hexagone, on a vu que l’autopartage était la solution à ce besoin, et qu’il n’y avait encore aucun service développé au Pays Basque. C’est comme ça qu’a démarré le projet Aupa, avec un petit groupe d’usagers très, très motivés pour se débarrasser de leur voiture (qu’ils n’utilisaient pas tous les jours), et d’autres qui cherchaient régulièrement à emprunter la voiture des autres !
Comment fonctionne l’autopartage ?
Emeline Robillard : L’autopartage, c’est simplement le fait d’être plusieurs à utiliser le même véhicule. Pour le service d’autopartage Aupa, chacun pourra, une fois inscrit au service via le site web, réserver le véhicule pour une heure, une journée ou même une semaine. Il suffira de se rendre à l’emplacement du véhicule, de le déverrouiller, rouler, et le ramener au même endroit une fois la course terminée. Aupa s’occupera de tout le reste : assurance, entretien, carburant… et le stationnement sera aussi assuré.
Il n’y a pas de limite de durée ou distance à l’usage mais une autre possibilité est de réaliser son trajet en train puis de réserver un véhicule en sortie de gare dans la ville d’arrivée via le réseau Citiz dont Aupa fait partie, et qui regroupe des coopératives d’autopartage de 16 villes et territoires en France. Ce réseau nous permet de mutualiser certains outils, de bénéficier d’une expérience de plus de 20 ans, et de partager des valeurs coopératives.
Quel est l’objectif visé par l’autopartage ?
Marion Pichery : L’objectif est à la fois écologique et social. L’autopartage permet de réduire la place de la voiture (un véhicule en autopartage remplace cinq à huit véhicules particuliers !), mais permet aussi à ceux qui n’ont pas les moyens de posséder une voiture, d’y avoir accès. Il faut le voir comme un service de mobilité complémentaire aux alternatives de mobilité douce en place et à venir sur le territoire.
A qui s’adresse ce type de service ?
Emeline Robillard : Bien sûr, ce service ne s’adresse pas à tout le monde. Ceux qui ont encore besoin d’utiliser la voiture matin et soir pour aller travailler et n’ont pas d’alternatives adaptées ne pourront pas passer à l’autopartage. Mais pour ceux qui peuvent régulièrement utiliser le bus, le vélo, la marche, l’autopartage leur permet de se débarrasser définitivement de leur voiture et de toutes ses contraintes ! Le plus intéressant, c’est qu’une fois sans véhicule personnel, on observe chez tous les utilisateurs un usage croissant des transports en commun et du vélo. C’est comme un cercle vertueux !
Qu’est-ce que la Société coopérative d’intérêt collectif Aupa ?
Marion Pichery : La structure juridique SCIC permet de rassembler toutes les parties prenantes d’un projet pour le déployer sur le territoire. Aupa est un service de mobilité, et les usagers de ce service (comme les collectivités, les acteurs locaux, les associations ou les entreprises engagé.e.s) peuvent entrer au capital et orienter ensemble le projet. La coopérative Aupa a été créée en décembre 2022, grâce à une dizaine d’usagers ainsi que des structures qui portent le projet : Enargia, Bizi!, le Comité ouvrier du logement, Sokoa, Herkide. Cette création a permis le recrutement d’Emeline Robillard, qui travaille maintenant au développement du projet. L’idée est de se dire que nous sommes tous acteurs du développement du service en devenant sociétaires de la SCIC. Mais qu’on prenne une ou dix parts sociales, on représente une voix lors des assemblées générales. La gouvernance est partagée et démocratique.
Quel est le calendrier de développement du projet ?
Emeline Robillard : Nous travaillons en ce moment à la mise en place opérationnelle du service avec les communes pour préparer l’arrivée des six premières voitures sur le BAB dès juin 2023. En parallèle, nous réalisons une levée de fonds avec l’objectif d’atteindre 75.000€ d’ici la fin mai afin de couvrir les frais d’investissement de la flotte de véhicules mais aussi d’obtenir une subvention de la région Nouvelle-Aquitaine (200€ souscrits au capital de la SCIC c’est 200€ versés par la région) ce qui apportera une structure financière solide pour le développement du service. En parallèle, des partenariats sont en train de s’amorcer avec différentes structures qui sont très intéressées par le service pour leurs employés, ou encore par des bailleurs sociaux pour intégrer des véhicules en autopartage dans les projets immobiliers en cours.
A moyen et long terme, quels sont les objectifs visés ?
Marion Pichery : Le développement se fera dans un premier temps là où l’autopartage fonctionne le mieux (c’est-à-dire là où il est facile de se passer de sa voiture : en centre-ville). Dans un second temps, nous expérimenterons sur des villes moins denses voire des petits bourgs lorsqu’une dynamique locale se créera. On invite d’ailleurs les communes intéressées par l’installation d’un véhicule autopartagé à nous contacter pour étudier ensemble leur besoin.
Comment peut-on contribuer à la bonne marche du projet Aupa ?
Emeline Robillard : On peut agir à différents niveaux ! On peut parler d’Aupa, relayer les informations sur le développement du projet, s’inscrire à la newsletter*. Cela nous aide à rassembler de plus en plus de futurs usagers. Si l’on est vraiment sensible au projet et que l’on souhaite y contribuer, on peut devenir coopérateur et souscrire une ou plusieurs parts sociales** (une part s’élève à 200€). Plus nous serons de coopérateurs au démarrage du service, plus nous renforcerons la structure financière de la coopérative et plus nous assurerons de la visibilité au service et un déploiement au plus proche des besoins du territoire. Enfin, on peut aussi prêter main forte et amener des compétences pour certaines actions pendant cette phase de développement.
*Newsletter : www.framaforms.org/aupa-berri-laburra-newsletter-1681982716
**Devenir sociétaire : https://framaforms.org/aupa-je-souscris-harpidetzen-naiz-1678106629
Contact : [email protected]