Communiqué du CADE depuis la stèle anti-LGV de Saint-Pée-Sur-Nivelle, le 19/12/2021
Après plusieurs années de tractations opaques, le projet de LGV dit « GPSO » a resurgi.
Malgré le fort rejet des populations, malgré les études indépendantes corrigeant sévèrement les estimations de trafic et de gains de temps qui conditionnaient ce projet, malgré l’avis défavorable d’une vingtaine de commissaires enquêteurs, malgré l’avis du Conseil d’Orientation des Infrastructure souhaitant l’aménagement de la voie existantes à moindre coût pour un même résultat, la vanité du président de Région le conduit à tenter de passer en force. Le tout pour l’instant, chiffré à plus de 14 milliards d’euros.
Notre lutte contre ce Grand Projet Inutile et Imposé a commencé en 1992. Trente ans après nous sommes toujours là debout.
Mais nous ne sommes plus en 1992,les dommages collatéraux des années « tout TGV » se sont fait sentir et nos idées ont fait leur chemin. Inlassablement, sans relache nous avons expliqué, démontré la pertinence de nos arguments. Il sont aujourd’hui de plus en plus partagés.
Notre indignation qu’on jugeait parfois marginale en 1992 est aujourd’hui profondément ancrée.
Aujourd’hui des institutions régionales, départementales ou locales ont accepté de se faire vider les poches par un projet destructeur. Parfois en trainant les pieds, parfois en essayant timidement de poser quelques conditions, ces collectivités ont cédé aux ordres du vieux monde. Le conseil départemental vient de répondre un « Oui si… » au plan financier du GPSO. Disons le nettement, nous préférons les « Non car… » plutôt que les « Oui si… ». En effet nous craignons fort que le « Oui si » se transforme en une obligation de payer pour toutes les phases du GPSO ensuite, comme le prévoit l’article l’article 3 du protocole de financement. Après avoir été grugés financièrement pour Tours-Bordeaux ils tendent l’autre joue naïvement ou faussement naïvement. La facture les rattrapera! et ils nous demanderons de la payer avec un air navré.
Mais l’unanimité de la croyance aveugle en un progrès qui broie les territoires se fissure.
Aujourd’hui nous saluons ici la décision courageuse de la Communauté d’Agglo du Pays Basque. Le samedi 18 décembre elle a rejeté ce principe même de la ligne nouvelle TGV.
Aujourd’hui cet acte prend en compte que le monde a changé, aujourd’hui la CAPB choisit la voie de la raison, de la nécessité d’épargner ici ce qui fait la beauté du monde pour se diriger vers un monde plus sobre et plus solidaire. Bien sur nous savons bien qu’il y aura des balbutiements, des erreurs, mais la conscience est là qui s’enracine. C’est un acte fondateur au même titre que notre immense manifestation de Bayonne avec 130 tracteurs ouvrant la route à 15 500 manifestant(e)s. Dans cette profonde protestation est née la certitude que nous sommes capables de nous unir largement, dans un respect commun et que nous pouvons batir un mouvement collectif d’envergure.
Trente plus tard, au pied de cette stèle symbolisant notre détermination, nous portons toujours en nous le refus de l’injustice et de l’arrogance mais nos rangs sont plus fournis, l’indignation plus répandue et notre influence plus grande.
Le combat continue et nous ne baisserons pas les bras.