L’Édito du mensuel Enbata
1er juillet 2020, l’Allemagne prend pour six mois la présidence tournante de l’Union européenne. Elle sera donc à même de mettre en œuvre le plan de relance économique de 500 milliards d’euros décidé par la volonté commune d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron rendu public le 18 mai lors d’une vidéo conférence de presse.
Cette décision franco-allemande est inédite, tant par sa nature que par son ampleur, à hauteur de trois fois et demi le budget annuel de l’Union européenne. Elle balaie ainsi le tabou allemand de la mutualisation des dettes des États partenaires, en empruntant cet argent sur le marché financier et en le distribuant, non pas sous forme de prêts remboursables mais de subventions. Et cela ne se fait pas au prorata de la contribution des États, mais en direction des États ou régions qui ont été les plus impactés par la pandémie du Covid-19.
La Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui, le 5 mai, avait attaqué l’indépendance de la Banque européenne en la sommant, dans les trois mois, de justifier les reprises de dette de certains États, a paradoxalement été le choc opportun permettant le revirement spectaculaire de la chancelière allemande. Les juges de Karlsruhe n’étaient jamais allés aussi loin dans la mise en cause de la primauté du droit européen sur le droit national, ce qui dénaturait l’essence même du pacte de solidarité entre les 27. Ce droit, en dernier recours, qui obligea notamment l’Espagne à libérer la moitié de nos preso, a permis à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de décider, le 27 mai, de mettre en musique la relance économique de ce continent en ajoutant aux 500 milliards du projet franco-allemand, 250 milliards supplémentaires sous forme, cette fois-ci, de prêts remboursables. C’est donc l’Europe elle-même qui, pour la première fois, lèvera cette dette.
Ceci ressemble fort à la préfiguration d’un Trésor public européen, soit un saut fédéral inédit encore impensable il y a quelques semaines. Selon les traités qui régissent l’UE, ce domaine relève, non d’une majorité, mais de l’unanimité des 27 États membres. Or les pays dits «frugaux», qui s’abritaient jusqu’ici à l’ombre de la rigueur budgétaire allemande, —tels l’Autriche, la Hollande, la Suède et le Danemark—, doivent souscrire à la nouvelle doxa pour sa mise en œuvre.
Le sommet européen des 18-19 juin, à la veille de la présidence allemande, nous apportera la réponse. Si l’on a pu déplorer l’absence de l’Europe, dont ce n’était pas la compétence, dans la crise sanitaire du Covid-19, donnant le spectacle du chacun pour soi, elle a cependant permis de souligner à cette tribune la supériorité du fédéralisme allemand sur le centralisme français.
On peut donc se réjouir que nous abordions en meilleure posture la crise économique qui en découle. Le budget européen, pour 450 millions d’habitants est un nain s’il demeure limité à la contribution des États sur la base de 1% du PIB. Désormais la Commission, après l’approbation du parlement de Strasbourg, a acquis la capacité d’emprunter pour son compte, et sûrement demain de lever l’impôt sur les entreprises multinationales, telles que les GAFAs. Ainsi, ce sursaut économique ne change pas de degré, mais de nature.
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Bayonne n’aura pas de candidat abertzale au deuxième tour des élections municipales du 28 juin. C’est le choix d’un débat difficile et de l’exercice d’une démocratie interne exemplaire entre militants et candidats du premier tour. Une absence lourde de signification rompant avec le long et constant engagement public de notre famille sur le concept «Bayonne Capitale» de Claude Harlouchet. C’est la marque d’une faiblesse politique de remettre sa propre existence entre les mains d’un potentiel allié, Bihar Baiona de Mathieu Bergé, rendu ainsi maître du jeu. Heureusement que cette défaillance symbolique dans la plus importante ville d’Iparralde sera atténuée par l’élection de nouveaux maires maires abertzale à Ziburu, Urruña et quelques autres s’ajoutant à la réélection d’Uztaritze. Le mouvement abertzale continue de progresser et sa dynamique de refonder le Pays Basque.