Le candidat socialiste qui avec son groupe brigue aujourd’hui la mairie de Bayonne, s’est opposé à la création de la Communauté d’Agglomération Pays Basque, lors d’un débat suivi d’un vote. C’était le 24 mars 2016, au conseil municipal de Bayonne où Henri Etcheto siège en tant que leader de l’opposition de gauche PS-PC.
Dans cette affaire, rien ne trouve grâce à ses yeux. Il reproche tout d’abord au conseil de «délibérer à la va-vite» en «bousculant intentionnellement le calendrier, afin de confisquer le débat, (…) la méthode est détestable», elle se situe «dans un style politique qui ne place pas la loyauté, la sincérité et la franchise au premier rang». Après cette première charge visant directement le maire, Henri Etcheto souligne «l’insuffisance démocratique» de ce projet d’intercommunalité «confié à une assemblée patriarcale qui ne garantirait pas la représentation paritaire des femmes et des hommes» et où les Bayonnais «seront représentés à moitié de leur poids [démographique] réel». Alors qu’à Bayonne vivent les «populations les plus fragiles de notre territoire», elles seront donc très sous-représentées.
Le leader PS-PC met ensuite en cause «l’efficience de la gouvernance» de ce nouvel EPCI avec une «assemblée pléthorique de 232 conseillers communautaires», où il faudra construire des majorités absolues, fragiles grâce à des «compromis sur les plus petits dénominateurs communs, les non-choix, la paralysie», en somme «une structure qui fonctionnera par défaut».
Après avoir souligné un «partage politique du projet conduit de façon tristement conflictuelle, la crise ouverte au sein de l’ACBA, un climat délétère sans précédent», il lui oppose «le BAB fondé par Henri Grenet sur la base de l’entente entre Bayonne et ses villes voisines». Le «lien de confiance qui transcendait alors les diverses couleurs politiques (…), vous l’avez corrompu», dans une «institution qui naît dans la discorde et la défiance». Le petit coup de trompette à la gloire de la dynastie Grenet et des deux autres maires de droite de l’époque, ne manque pas de sel dans la bouche du leader de la gauche bayonnaise…
Henri Etcheto ajoute : «Au-delà de ses graves vices d’origine, la proposition qui nous est faite ne s’appuie que sur une addition de sursis, de dérogations et de renvois à des évolutions législatives. (…) L’accouchement de ce projet ne peut se faire qu’au prix de la multiplication des compromissions et des concessions aux intérêts locaux et communaux qui diluent et éloignent l’intérêt général». Le «renoncement au PLUi» illustre cela, «on sacrifie le contenu au contenant. C’est vraiment l’EPCI à tout prix». On «n’aura qu’une sous-communauté d’agglomération ‘low-cost’, beaucoup plus proche d’une communauté de communes (…), on a abdiqué de toute ambition». Cette intercommunalité ne détient pas les compétences «fortes autant que larges et renforcées» dont «nos concitoyens, notre territoire et nos politiques publiques on a besoin»… Alors là, chacun s’interroge: sans le dire explicitement, le Jacobin Henri Etcheto serait-il en réalité favorable à un quasi statut d’autonomie? Ouvrirait-il le débat et préparerait-il déjà le terrain? Ah, le petit cachottier !
Pour finir, le chef de file de la gauche bayonnaise fustige «un débat tronqué, une assemblée de notables, patriarcale d’un autre temps, promise à l’inertie, à l’immobilisme, au conservatisme. La construction d’une institution républicaine à l’échelle du Pays Basque était très belle ; elle a été gâchée. (…) La raison face à cette construction déraisonnable ne peut conduire, et notamment tout démocrate, qu’à voter contre ce projet».
Les conseillers socialistes Etcheto, Duzert et Pallas n’hésiteront pas à s’associer avec une partie de la droite bayonnaise pour voter contre. Mais une majorité votera favorablement pour la création de la Communauté d’Agglo Pays Basque.
Henri Etcheto et ses amis savent parfaitement que conquérir la mairie de Bayonne suppose un soutien de l’électorat abertzale. Durant le mandat, qui s’achève, un tel projet supposait l’envoi de quelques signes d’ouverture à notre égard. Sur le financement du collège Estitxu, sur la création de la CAPB, sur le processus de paix, il nous ont tourné le dos à chaque fois. Décidément, Henri Etcheto, Alain Duzert et Hervé Pallas sont les artisans de leur propre défaite à venir.
Henri Etcheto «tel qu’en lui-même l’éternité» ne le changera jamais… La CAPB est la première ébauche d’une reconnaissance institutionnelle du Pays Basque. Sa création a été obtenue, telle un os à ronger lâché de guerre lasse par Paris. Après plusieurs décennies d’une bataille homérique où les abertzale ont joué un rôle moteur. Eh bien, Henri Etcheto et ses amis n’en veulent pas. Pire, ils s’y opposent.
On croyait naïvement qu’ils voulaient rassembler sous leur nom «les gauches» bayonnaises. Cela suppose que, ne serait-ce que par habileté, qu’ils mettent un bémol à leurs pulsions jacobines. Même sous la pression de certains socialistes qui les ont quitté depuis, ils persistent et signent dans leur anti-basquisme primaire. A croire qu’ils ont le Jacobinisme dans le sang. Cela les perdra, ils se condamnent eux-mêmes à demeurer dans l’opposition bayonnaise. Incapables qu’ils sont de convaincre et d’associer un jour les abertzale à une majorité de gauche. Henri Etcheto, Alain Duzert et Hervé Pallas sont abertzale incompatibles jusqu’à la caricature. Les abertzale ne peuvent pas voter pour eux. Ils n’accéderont jamais aux commandes de la mairie de Bayonne.