Par Paxkal INDO et Philippe ARRETZ (Respectivement Président et Directeur du Conseil de développement du Pays Basque (CDPB/IEHGK))
Pour alimenter les futures politiques de la Communauté d’agglomération, le Conseil de développement du Pays Basque a animé de nombreux débats avec des citoyen.e.s, des acteurs socio-économiques et associatifs du territoire. De nouveaux caps sont attendus par les habitant.e.s du Pays Basque qui ont pris conscience que même sur notre territoire, demain ne sera plus ni comme hier, ni comme aujourd’hui. Oui, le Pays Basque a besoin de faire sa « transition » à la fois énergétique, écologique, sociale et donc économique.
Côté habitat. Le Pays Basque connaît une crise majeure depuis 20 ans : les prix de l’immobilier et du foncier ont été multipliés par 3, les promoteurs se sont saisis de l’hyper attractivité du territoire, la production de logement a répondu très majoritairement aux revenus élevés, les politiques municipales n’ont pas assez maîtrisé leur urbanisation… Le cap attendu par la société civile est de répondre aux ¾ des habitants qui sont éligibles au logement à prix maîtrisé !
Côté mobilité, il s’agit plus de constater l’impasse de notre territoire qui a laissé tant de place à la voiture dans son aménagement : une impasse écologique mais aussi sociale avec une agglomération saturée. De même qu’une politique du logement met 5 à 10 ans pour avoir des effets, celle de la mobilité en requiert 10 à 15 au minimum. L’effort récent autour du réseau Chronoplus, du Tram’Bus, du réseau Txik Txak ne nous sortira pas à court terme des bouchons. La culture du « tout voiture » est foncièrement ancrée en Pays Basque et les efforts doivent être placés dans un changement de culture en nous « ré-éduquant », jeunes et moins jeunes. Un seul chiffre : 1/3 des déplacements en voiture se font sur moins d’un kilomètre ! Il nous faut répondre au « tout voiture » par le « tout vélo » et la promotion de la marche.
Le changement viendra aussi en impliquant les citoyen.e.s dans l’amélioration de l’offre de transport, car ils seront les meilleurs experts des besoins et des solutions qui correspondent à leur mode de vie.
Habitat + Mobilité : c’est dans ces deux secteurs que se réglera principalement la réduction des gaz à effet de serre, qui contribuent au réchauffement climatique et à toutes les crises que nous connaîtrons. En Iparralde, ces crises s’appellent : mutation des cultures agricoles, érosion du littoral, risques accrus (inondations, fortes chaleurs…), montée du niveau de l’océan, perte de la biodiversité, précarité énergétique…
Le Pays Basque doit prendre toute sa part à la transition écologique et énergétique. Collectivités publiques, entreprises, établissements scolaires, universitaires, médico-sociaux, associations, habitant.e.s : tous concernés ! Toutes les organisations devront faire leur propre « plan climat ». Comme il faut réapprendre à aller à vélo au collège, au lycée, à la fac, au travail, il faut réapprendre à acheter local et manger de saison. Il nous faut réapprendre à construire différemment (nos vieilles etxe étaient des éco-constructions !), à vivre différemment aussi dans une sobriété énergétique, dans des espaces plus collectifs. Apprendre à habiter ensemble pour arrêter définitivement le grignotage du foncier agricole.
Enfin, il nous faut réutiliser le plus possible ce que nous consommons : c’est créateur de nouvelles activités (l’économie circulaire) et de nouveaux partages (solidarité). Il existe dans ce domaine un foisonnement d’initiatives que le CDPB a identifiées à travers son animation auprès de porteurs de projets(*).
Toutes ces orientations exprimées par la société civile sont illustrées à travers les 70 propositions concrètes(**) que le Conseil de développement du Pays Basque a remises en octobre dernier à la Communauté d’agglomération, qui doit faire ses premiers arbitrages dans les prochains jours.
La transition écologique et énergétique est une formidable occasion pour tendre avec innovation vers une société plus solidaire et plus équitable. Le Pays Basque nord a la taille et surtout les ressources pour trouver sa propre transition en phase avec la société basque et ses valeurs. La première énergie renouvelable c’est notre capital culturel et humain, notre attachement à ce pays, notre capacité collective à inventer notre propre avenir au coeur des défis contemporains.
(*) Voir la mission confiée par l’ADEME au Conseil de développement : www.tranz-eko.eu
(**) https://societecivile-paysbasque.com/70-propositions-pour-les-plans-habitat-mobilite-et-climat