Breaking news : Portraits macron, la justice relaxe “au bénéfice de l’état de nécessité et pour motif légitime les décrocheurs de Lyon !
Les deux activistes d’ANV-COP21 qui avaient été jugés devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir décroché et emporté un portrait d’Emmanuel Macron dans la mairie du 2e arrondissement de Lyon le 21 février dernier ont été relaxés ce lundi 16 septembre. Ce même 21 février, 3 autres portraits présidentiels avaient été décrochés à Paris, Biarritz et Ustaritz. Dans un communiqué de presse commun, Bizi et ANV-COP21 avaient revendiqué ces actions en annonçant que “Les portraits officiels ainsi emportés ne seront rendus que lorsque le président Macron mettra enfin en place une politique cohérente avec une trajectoire française compatible avec les +2 °C voire +1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle“.
Le juge a ordonné “la relaxe au bénéfice de l’état de nécessité et pour motif légitime” de Fanny, 35 ans, et Pierre, 33 ans, poursuivis pour vol en réunion. Le portrait réquisitionné à Lyon figurait parmi ceux qui ont été brandis lors de la marche des portraits qui a rassemblé 900 personnes à Bayonne le 25 août dernier. Même s’il y aura très probablement appel de la part du procureur, la motivation de cette décision de justice est une énorme victoire politique pour le mouvement climat.
Une décision particulièrement motivée
En effet, les juges écrivent “Attendu que l’intention de vol est matérialisée au regard des éléments rassemblés par l’enquête et des aveux recueillis à l’audience” et “que l’endurcissement des prévenus s’infère de leur refus de restituer le bien et de leur volonté non dissimulée de s’en servir dans un proche futur pour défendre leur cause“.
Mais c’est pour aussitôt rajouter que “Attendu que le dérèglement climatique est un fait constant qui affecte gravement l’avenir de l’humanité en provoquant des cataclysmes naturels dont les pays les plus pauvres n’auront pas les moyens de se prémunir et en attisant les conflits violents entre les peuples, mais aussi l’avenir de la flore et de la faune en modifiant leurs conditions de vie sans accorder aux espèces le temps d’adaptation requis pour évoluer ; que si la France s’est engagée sur le plan international et sur le plan interne, selon essentiellement trois indicateurs, à respecter des objectifs qui sont apparus au gouvernement sans doute insuffisants mais du moins nécessaires à une limitation, dans une mesure supportable pour la vie sur terre, d’un changement climatique inéluctable, mais que les pièces produites par la défense témoignent que ces objectifs ne seront pas atteints“.
Et les juges de conclure « Attendu,[…] que, dans l’esprit de citoyens profondément investis dans une cause particulière servant l’intérêt général, le décrochage et l’enlèvement sans autorisation de ce portrait dans un but voué exclusivement à la défense de cette cause, qui n’a été précédé ou accompagné d’aucune autre forme d’acte répréhensible, loin de se résumer à une simple atteinte à l’objet matériel, doit être interprété comme le substitut nécessaire du dialogue impraticable entre le président de la République et le peuple ; […] » et “Attendu que la conservation de ce portrait, qui achève de caractériser sa soustraction volontaire, n’était certes pas une suite nécessaire au marquage d’une forme d’appel adressé au président de la République, face au danger grave, actuel et imminent, à prendre des mesures financières et réglementaires adaptées ou à défaut rendre compte de son impuissance ; que cette conservation obéit néanmoins à un motif légitime dès lors que l’usage du portrait semble s’être limité à son exhibition au service de la même cause à l’occasion de manifestations publiques […]”.
A ce jour, 130 portraits présidentiels ont été réquisitionnés par Bizi et ANV-COP21, dont 12 au Pays Basque, 158 militant-e-s auditionné-e-s (dont 95 placé-e-s en garde-à-vue) suite à ces actions et 18 procès ont été programmés pour poursuivre 59 d’entre eux.
Bizi, le 16 septembre 2019