En ordre de bataille

Mobilisation Procès activistes Greenpeace, TGI Privas, action Cruas

Je ne pense pas lever un énorme lièvre en annonçant solennellement que dans un an pile se dérouleront les prochaines élections municipales. La plupart des équipes en présence ou projetant de se lancer ont d’ores et déjà commencé à ferrailler sur le programme, éventuellement la liste, probablement aussi déjà la stratégie.

Panorama ouvert

Si l’on se projette en se fondant sur les données actuelles –qui peuvent encore changer en 12 mois–, on peut considérer que le mouvement abertzale a une jolie carte à jouer.

Certains pensent encore que les municipales sont une élection exclusivement locale et que le contexte hexagonal n’y pèse que peu, personnellement je n’en crois absolument rien. À l’heure où la majeure partie des gens se désintéresse de la vie politique, ne lit pas la presse écrite et lui préfère les réseaux sociaux, vit les rapports sociaux de manière parfois très lâche de sorte que les gens ne connaissent parfois pas même leur propre voisin de pallier, la perception des enjeux électoraux me paraît au contraire très “recentrée” sur ce qui en émane du microcosme parisien.

Les vagues roses, bleues ou de quelque autre couleur, touchent le Pays Basque à tous les scrutins, se plaquant par contre de toute évidence sur un substrat sociopolitique local de plus longue durée.

En l’occurrence, il y a encore quelques années, une vague rose se déclinait ici massivement mais s’y heurtait au traditionnel bastion conservateur local, tandis qu’une vague bleue confortait au contraire la droite et le centre-droit régnant en maîtres depuis des décennies. L’irruption inattendue de la République en Marche lors des élections de 2017 a certes modifié la donne, mais même elle s’est heurtée à un mur au Pays Basque intérieur et n’a vu ses candidat-es sur les circonscriptions du littoral l’emporter en grande partie que parce que tous deux étaient issus de la droite locale.

La caricature en fut Vincent Bru, candidat LREM six ans après avoir été le suppléant de Michèle Alliot-Marie ; en termes de “en même temps de droite et de gauche”, on a vu mieux !

Je ne sais pas ce que fera LREM aux municipales, mais je fais le pari que dans une terre aussi conservatrice que la nôtre et dans un scrutin par lequel elle voudra se constituer une armature d’élus locaux, la géométrie variable de ce mouvement le verra partir avec la gauche là où celle-ci pourra l’emporter, et surtout avec la droite ailleurs.

Je ne pense donc pas qu’il y ait énormément de confrontations à attendre entre majorité présidentielle et maires sortants dans les grandes communes, sauf si vraiment ces derniers se présentent fragilisés ou ne se représentent pas.

Il a pu survenir des désaccords.
Rien de plus normal, les groupes politiques sont constitués
d’hommes et de femmes
et ne peuvent éviter d’être parfois en accord
et parfois pas,
surtout quand il s’agit de politique
et non de choisir entre beurre et margarine.

Dommage pour nous ? Sûrement car cela génèrera moins de seconds tours, mais je suppose que LREM nous retirera moins d’espace politique en alliance avec la droite que seul. À gauche par contre, au vu de l’état de l’ancien PS dispersé façon puzzle, de la faible présence militante des autres forces à l’échelle municipale, et surtout au regard de la soif de nouveauté ou d’alternative que l’électorat de gauche semble montrer, des coups sont jouables pour le mouvement abertzale s’il sait se montrer convaincant et fédérateur.

Partir au combat…

Mais pour cela, nous ne devons pas penser que les résultats électoraux sortent spontanément de terre, au risque de douloureuses désillusions. Dans certaines communes où des listes abertzale se présenteront pour la première fois depuis longtemps, sans qu’un véritable travail municipal de fond ne les ait fait connaître de la population en tant qu’alternative de manière à la fois durable et lisible, il est évident que ce sera difficile. Mais rien de dramatique en cela : les grands fleuves viennent toujours de petits ruisseaux et mieux vaut considérer que ces petits ruisseaux de 2020 –tout frustrants qu’ils pourront être– seront autant de paris engagés pour les années suivantes, toujours plus méritoires que de ne rien tenter du tout. Ailleurs, il s’agira de conforter des groupes déjà en place, parfois dans l’opposition, parfois même aux affaires. Dans les deux cas, les résultats seront comptables du travail fourni durant ces dernières années et pour ma part je n’ai aucun doute sur la bonne volonté et l’ardeur que les élus abertzale ont déployées chacun-e dans sa commune. Je sais aussi que la vie municipale étant tout sauf un long fleuve tranquille –oui je sais, je file la métaphore fluviale–, il a pu survenir des désaccords plus ou moins graves, des maladresses plus ou moins bien vécues, des rancunes plus ou moins tenaces. Rien de plus normal, les groupes politiques sont constitués d’hommes et de femmes et ne peuvent éviter d’être parfois en accord et parfois pas, surtout quand il s’agit de politique et non de choisir entre beurre et margarine.

… et serrer les rangs

Ma conclusion sera donc liée à ce qui précède, car j’ai trop vu de petites chicaneries polluer un discours, une campagne, et donc des résultats qui auraient pu être bien meilleurs. Vu de l’intérieur, l’impact d’un désaccord politique ou tactique peut être vécu comme un drame par tout un chacun, du simple fait d’y être personnellement impliqué. Mais vu de l’extérieur, les divisions internes d’un mouvement en outre minoritaire comme le nôtre donnent à peu près la même impression que la dispute de deux fourmis à l’entrée d’une fourmilière que l’on peut soi-même balayer d’un simple coup de pied. Affronter les désaccords est sain, normal, même fondamental. Laisser tout le monde défendre son point de vue puis trancher collectivement est nécessaire à un fonctionnement démocratique. Mais une fois cela fait, lorsque vient l’heure de la campagne il s’agit d’avancer ensemble, de serrer les rangs au-delà de nos querelles, conscient que le résultat d’une élection est, in fine, un résultat froidement arithmétique où les voix qui manquent peuvent faire gagner ou perdre. Et au regard de l’ampleur des changements souhaités par notre mouvement, les bisbilles entre abertzale seront toujours dérisoires devant les désaccords abyssaux qui nous opposent à nos adversaires. Que pèseront ensuite ces mêmes bisbilles lorsqu’on pleurera sur ce pays qui, loin d’avancer plutôt comme ceci ou plutôt comme cela, géré par nos adversaires continuera au contraire à reculer ? En cette heure où se conditionne déjà le résultat de 2020, je suis convaincu qu’il faut conserver cela à l’esprit et se mettre tous ensemble en ordre de bataille.

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