EHBai organise ce dimanche 21 avril l’Aberri Eguna 2019 à Saint Jean Pied de Port. “Nous estimons que l’Aberri Eguna est une journée de toutes celles et tous ceux qui vivent et travaillent ici. Notre nation est à tou.te.s. A tous les habitant.e.s qui s’en sentent partie prenante depuis tout petit ou à tous ceux qui l’ont adoptée au fil de leur vie ; à tous qui oeuvrent pour un Pays Basque libre et qui veulent changer le monde en commençant ici ; et aussi à toutes celles et tous ceux qui n’ont pas encore commencé à aimer notre pays même s’ils y vivent.” “A l’occasion de cet Aberri Eguna, EHBai souhaite partager un certain nombre de réflexions avec les habitant.e.s du Pays Basque”
Nous allons célébrer Aberri Eguna le 21 avril prochain. A cette occasion au delà d’un appel à la moblisation, nous souhaitons partager un certain nombre de réflexions avec les habitant.e.s de Pays Basque.
Avant toute chose, nous souhaitons redire que l’Aberri Eguna est une journée qui appartient à tous les citoyens d’Euskal Herri. Dans ce sens, ces dernières années nous n’avons pas organisé de rendez-vous en notre nom et avons soutenu les appels unitaires et larges et en particulier les évènements d’Independentistak Sarea. Malheureusement, jusqu’à présent ce type de rendez-vous n’a pas permis de rassembler tous les partis politiques mais tous les citoyens non plus.
A l’avenir notre motivation et notre engagement resteront les mêmes. Nous ferons tout notre possible pour que la célébration de l’Aberri Eguna soit unitaire. Nous avons donc une année complète pour repenser et renouveler cette journée, pour réactualiser Aberri Eguna, l’ouvrir au plus grand nombre et en faire une fête populaire de tout un pays.
Deuxièmement, nous souhaitons réaffirmer que lorsque nous évoquons notre pays nous parlons bien de l’ensemble d’Euskal Herri, des provinces historiques Araba, Bizkaia, Baxe Nafarroa, Gipuzkoa, Lapurdi, Nafarroa et Xiberoa.
Troisièmement, nous estimons que l’Aberri Eguna est une journée de toutes celles et tous ceux qui vivent et travaillent ici. Notre nation est à tou.te.s. A tous les habitant.e.s qui s’en sentent partie prenante depuis tout petit ou à tous ceux qui l’ont adoptée au fil de leur vie ; à tous qui oeuvrent pour un Pays Basque libre et qui veulent changer le monde en commençant ici ; et aussi à toutes celles et tous ceux qui n’ont pas encore commencé à aimer notre pays même s’ils y vivent.
Notre Nation est plurielle. Elle l’est sur le plan territorial avec des paysages variés. Mais aussi sur le plan linguistique. L’Euskara est notre socle, celui qui fait de nous un pays. Mais le gascon, le français et l’espagnol sont aussi nos langues depuis longtemps. Nous sommes pluriels au niveau de nos origines, de plus en plus pluriels. Culturellement également. Notre pays est sculpté de la pluralité de ses individus. Nous sommes faits de cette diversité et nous continuerons de l’être. L’Aberri Eguna doit être le reflet et la célébration de cette pluralité.
Nous vivons dans un contexte mouvant. Les changements effrénés nous contraignent à vivre à ce même rythme soutenu. A ce sujet nous souhaitons partager quelques réflexions :
1. Dans la déclaration rendue publique lors d’Aberri Eguna de l’année dernière, nous soulignions le recul de la démocratie en Espagne. Un an plus tard nous faisons face à une confirmation flagrante de cet état de fait. D’une part, les élections autonomiques en Andalousie ont montré la nature et la situation de l’état espagnol. D’autre part, le procès à l’encontre des responsables politiques et activistes sociaux catalans a débuté. Un procès éminemment politique, un procès à l’encontre du droit à décider. Nous adressons à nos amis notre soutien solidaire plein et entier.
Ces involutions démocratiques ont pour objectif prioritaire une forte recentralisation qui efface nos libertés démocratiques et notre droit à disposer de nous-mêmes, de décider de notre avenir. Et afin d’arriver à ses fins, l’Espagne n’hésite pas à recourir à l’autoritarisme et la répression.
De la même manière, la France a montré son visage le plus violent derrière son masque de république dans la gestion de crise des «gilets jaunes». Elle a recourt à la répression lorsqu’un pilier de son système est remis en cause.
Concernant le Pays Basque, nous avons franchi un pas important avec la création de la Communauté Pays Basque mais la France continue de dresser des obstacles (aux ikastola et de manière générale à l’Euskara notamment) et en décidant de ne plus avancer dans le processus de paix montrer des signes de recul.
2. Les agissements violents des états français et espagnol ont une fonction très claire à ce jour. Le néoliberalisme a utilisé la crise économique et financière pour remettre en cause les acquis sociaux, les droits des travailleurs obtenus par les luttes menées par les générations précédentes. Les états et l’Europe elle-même montrent clairement quel est leur plan : centralisation, technocratie, soutien au pouvoir financier, recul de la démocratie…
3. L’heure d’aller vers l’avant a sonné. Nous devons prendre l’engagement de la souveraineté face au visage le plus dur du néolibéralisme et l’involution des états. Toujours, et comme nous l’avons revendiqué chaque fois, dans le but d’assurer des conditions de vie dignes pour les travailleurs et globalement pour tous les habitants, en faveur d’une société plus juste.
C’est pour cela que nous pensons que la création d’un état Basque indépendant est une nécessité afin de faire face à la globalisation et au néolibéralisme. Nous considérons la souveraineté comme un outil qui nous permette de continuer de vivre en tant que peuple et dans le même temps d’avoir les moyens de construire une société plus juste.
Dans cette perspective, notre pays a des décisions fortes à prendre ces prochains mois et ces prochaines années. Afin de contrer la vague fasciste qui traverse l’Europe, le moyen le plus efficace reste de développer un projet de société qui nous est propre en Euskal Herri.
Le changement social et institutionnel initié il y a 4 ans en Navarre est une réponse face à ce fascisme. C’est pourquoi, et vu de Navarre, confirmer et amplifier ce changement c’est continuer de faire face à ce fascisme.
Nous avons bon nombre d’autres enjeux également. Nous devons poursuivre et approfondir le processus d’institutionnalisation d’Iparralde. D’une part, renforcer la Communauté Pays Basque et d’autre part franchir les premiers pas vers la Collectivité Territoriale à statut particulier. Les élections municipales de 2020 revêtent une importance particulière pour le mouvement abertzale. D’une part car notre activité institutionnelle principale se trouve dans les mairies mais aussi parce que ce seront les premières élections de la Communauté Pays Basque.
Dans la communauté autonome d’Euskadi, EAJ-PNB et Podemos veulent remiser au fond d’un tiroir le débat autour du statut politique. Nous devons poursuivre dans sa réalisation pratique, même si nous rencontrons l’esprit de fermeture de l’état espagnol sur ce sujet également. Nous ne sommes pas seuls sur ce front. La Catalogne, avec toutes ses difficultés et ses contradictions, avec toute sa fermeté et sa complexité, s’est mise en marche et avance tant bien que mal vers la construction d’une république Catalane.
Plus que de la solidarité entre nations sans état nous avons besoin d’action collective. Chaque fois que cela sera pertinent et possible, il faut agir ensemble, regrouper nos forces. Dans cette perspective, l’enjeu du 28 avril prochain est primordial.
L’Aberri Eguna est un jour de célébration. Mais c’est également une occasion forte pour prendre ou renouveler des engagements. Que le tout premier d’entre eux soit, avec notre frères et sœurs catalans, galiciens, canaques…, de répondre aux enjeux électoraux et de faire tomber, avec l’aide des mouvements sociaux, les barrières institutionnelles imposées par l’état espagnol.
Nous renouvelons le pari du travail en commun, de l’addition des forces au service d’une stratégie nationale pour impulser la construction de notre pays et la transformation sociale en ayant comme point de départ et comme volonté la diversité de notre pays.
Nous appelons toute la population d’Euskal Herri à célébrer Aberri Eguna avec nous à Saint Jean Pied de Port et Pampelune en avril prochain.
et que faites vous des élections européennes?