ELA, un syndicalisme qui gagne : message de 200 représentant(e)s de grèves victorieuses menées en 2016 lors d’un rassemblement le 10 février 2017 à Bilbo.
Le syndicat ELA, confédération ouvrière plus que centenaire et syndicat majoritaire en Pays Basque Sud a célébré le 10 février 2017 par un rassemblement à Bilbao ses nombreuses victoires syndicales liées aux grèves menées en 2016. A cette occasion ont été mises en avant l’organisation collective et la solidarité concrète (via la caisse de “résistance” ou de “grève”), ingrédients indispensables d’une mobilisation syndicale gagnante.
En 2016 aussi, les salarié-e-s adhérent-es d’ELA ont pris en main leur destin, en faisant face à des situations d’injustices dans les entreprises. Plusieurs mobilisations syndicales ont permis d’obtenir des nombreux accords favorables aux salarié-e-s. Ces derniers mois, les luttes menées par ELA qui ont abouti à des victoires significatives se comptent par centaines. Pour n’en citer que quelques unes on peut mentionner TMB Arraiz, le Musée des Beaux-Arts de Bilbao, les salons de coiffure de Guipuscoa, la restauration en Biscaye, Euskaltzaindia, Indar, Laminaciones Arregui, Defontaine, Guardian Llodio, Kaiku KM0… Toutes ces victoires montrent qu’il n’y a pas de fatalité et que par la mobilisation on peut changer la donne. Et cela, même si le fait de mener à bien une mobilisation, et de finir par arracher des victoires, représente un surcroît d’effort que les salarié-e-s doivent fournir pour ne pas céder dans les moments difficiles.
Caisse de résistance
Le syndicat ELA s’est donné les moyens de mettre en oeuvre concrètement la solidarité entre salariés pour que cette dernière ne se limite pas à un simple slogan. 25% du montant des cotisations de tous les adhérents du syndicat sont thésaurisés dans une “caisse de résistance”. C’est une caisse de grève qui permet de verser des indemnités aux adhérents quand ces derniers doivent recourir à des grèves. Rien ne tombant du ciel, il faut apprendre des mobilisations victorieuses et se servir de ces dernières comme source d’inspiration et de motivation. Car les mobilisations de 2016 le montrent aussi, la seule lutte perdue d’avance est celle qu’on ne mène pas.
Et quand la mobilisation syndicale n’obtient pas gain de cause sur toute la ligne, elle peut tirer une autre leçon. D’une part, qu’une victoire totale, sauf exception, n’existe pas, et d’autre part, que l’énergie et l’espoir mobilisés dans une lutte sont des références pour la prochaine occasion. En effet, les victoires ne viennent pas par elles-mêmes, elles s’arrachent par la lutte.
Enfin, le syndicat ELA qui entamait l’année 2016 avec une représentativité aux élections syndicales de la Communauté Autonome basque au-dessus de la barre des 40%, a été le syndicat qui a connu la plus forte progression aux élections syndicales en Navarre. Pour l’année 2016, 22,74% des délégués syndicaux navarrais sont d’ELA.
Mobilisations gagnantes
Idoia est employée chez Mampower Group Solutions, entreprise sous-traitante en charge de la gestion du Musée des Beaux-Arts de Bilbao. Plus que lassée de vivre dans la précarité, elle a décidé, avec ses collègues, de faire face à la direction qui gère le Musée (Mairie de Bilbao, Diputacion Forale de Biscaye et Gouvernement Basque) ainsi qu’à la multinationale pour laquelle elles travaillent. Après avoir exigé une solution durant plusieurs mois, et voyant qu’aucune demande n’était prise en compte, en juin dernier l’équipe salariale a démarré une grève illimitée. En tout, se sont 41 jours de mobilisation, 41 jours où le Musée est resté fermé. Au bout du compte, ce groupe de travailleuses et travailleurs a réussi à faire s’asseoir autour de la table de négociation toute la direction ainsi que la multinationale, arrivant par ce biais à conclure un excellent accord. Ce dernier permet à des salariées comme Idoia d’obtenir dès 2019 un doublement de son salaire.
Elena a commencé à travailler en 2013 dans l’usine de Traitement Mécano Biologique des Déchets (TMB) que la Diputacion Forale de Bizkaia avait mis en marche cette année-là. La Diputacion a sous-traité la gestion de cette usine avec des conditions de travail de misère provenant de la convention collective de l’Etat espagnol concernant la collecte et le recyclage des résidus. Cette convention fixait des salaires et un volume horaire annuels spécifiques. Durant les trois dernières années, l’équipe de travail s’est organisée. Compte tenu de la fin de non-recevoir de la part de la direction, les salariés ont décidé de démarrer une grande grève qui a duré six mois (prenant fin le 11 octobre dernier). Là aussi Elena bénéficiera d’une augmentation salariale annuelle de 86% dès 2019 avec une baisse du volume horaire annuel de 6%. Concrètement Elena gagnera presque le double de son salaire actuel et devra travailler 108 heures en moins par an. Et il faut souligner que cette victoire a aussi permis à Elena de faire partie de l’équipe salariale permanente de l’usine TMB. Elena n’est plus dépendante de l’agence d’intérim.
Mariasun est coiffeuse. Elle est née, vit et travaille à Barañain, en Navarre. Le 3 mai dernier, le syndicat ELA qui représente 100% des délégués syndicaux du secteur a signé avec le patronat navarrais l’accord navarrais régissant les conditions de travail des salons de coiffure de la province. Cet accord sectoriel a mis fin au projet du patronat et des syndicats comme l’UGT et les CCOO de régler les négociations collectives à l’échelle de l’Etat (c’est-à-dire moins favorables pour les salariés). Grâce à cet accord, Mariasun et les 1.200 salariées de ce secteur, bénéficient entre autres avantages, d’un salaire mensuel plus élevé que celui du reste de l’Etat de 284€.
Les 15 salarié-e-s de Kaiku KM0 d’Araba ont signé un accord avec la direction… après 182 jours de grève pour lutter contre la précarité, contre l’utilisation abusive des intérims et pour obtenir des salaires équivalents à ceux des unités de l’entreprise en Biscaye. Seul syndicat représentant les salariés de l’entreprise, ELA se félicite du résultat de cette grande mobilisation permise par cette grève de six mois menée par les 15 salarié-e-s de Kaiku KM0 en Araba, avec la solidarité de tous les travailleurs et travailleuses du syndicat ELA.
Organisation collective et solidarité
L’exemple de ces salarié-e-s est un échantillon de centaines de mobilisations qui en 2016 ont abouti à l’amélioration des conditions de travail grâce à la combativité du syndicat ELA. Dans certains cas, ces victoires syndicales ont été le fruit de longues luttes, mobilisations et grèves. Dans d’autre cas, l’appui d’une organisation syndicale comme ELA, et le fait d’avoir une section syndicale forte, organisée et militante, en plus du grand nombre d’adhérents, a été suffisant pour obtenir de bons accords collectifs. Ces différentes personnes citées dans les exemples précédents ne se connaissent pas, mais ont un point commun : elles adhèrent au syndicat ELA. Grâce à leur militance, leur conscience de classe, des milliers de travailleuses et travailleurs ont connu des améliorations de leurs conditions de vie et bénéficient de plus de protection. Enfin, il faut souligner qu’ELA n’a pas uniquement participé à des luttes qu’elle a initiées durant 2016. En tout état de cause, ces exemples concrets montrent juste que la lutte paye. Elles montrent aussi la validité de la formule de Mark Twain : “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.”
Rassemblement pour célébrer les victoires
Ce vendredi 10 février des dizaines de membres d’ELA ont effectué un rassemblement à Bilbao où ils composeront collectivement une figure symbolisant les mobilisations victorieuses de 2016. Ces victoires collectives sont liées à la mobilisation des adhérents du syndicat. Parfois ce sont de longues luttes, connaissant des hauts et de bas qui aboutissent à la victoire. D’autres fois, c’est le résultat de l’organisation et de la présence du syndicat (et de son outil de dissuasion qu’est la “caisse de résistance”) dans les différentes entreprises qui portent fruit. Enfin, il y a des cas où les services juridiques du syndicat remportent des victoires dans les tribunaux. Indépendamment du format de mobilisation, le résultat est le même : des accords qui permettent d’améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs-ses. C’est justement ce qu’a célébré le syndicat ELA le 10 février dernier en réunissant les représentants des entreprises et secteurs qui ont signé des accords de travail favorables aux salarié-e-s. Plus de 200 représentant-e-s de grèves victorieuses menées en 2016 étaient présents à Bilbao. Et aussi modeste soit-elle toute victoire représente un grand espoir pour les mobilisations à venir.