Fin 2014, la dette cumulée de l’Etat français et des collectivités territoriales atteint 2.000 milliards d’euros -1.800 milliards pour l’Etat et 200 milliards pour les collectivités territoriales.
A cette somme astronomique s’ajoutent 200 milliards de dette des organismes sociaux (sécurité sociale, Unedic …).
Pour les seuls comptes 2014 de l’Etat, le déficit s’est élevé à 85,6 milliards. Il a donc fallu emprunter 85,6 milliards, 10,7 milliards supplémentaires par rapport aux 74,9 milliards empruntés en 2013. D’aucuns diront que rapporté à la somme des richesses créées et consommées en une année en France, ce montant de 85,6 milliards n’est pas si élevé que cela.
Mais comparé aux 364,8 milliards du budget 2014 de l’Etat, le rapport prend une toute autre dimension: ces 85,6 milliards empruntés représentent 23,46% du budget. Il ne s’agit pas de quelques pourcentages marginaux destinés à faire face à des difficultés passagères ou à des investissements exceptionnels.
Il s’agit d’emprunter –et cela chaque année— le quart des sommes dépensées. C’est comme si une famille empruntait 25% de plus que ce qu’elle gagne pour boucler ses fins de mois, en aggravant chaque année son surendettement.
Dans le budget 2014 de l’Etat, la ligne consacrée au paiement de l’intérêt de la dette et au remboursement des emprunts arrivés à terme s’élève à environ 45 milliards (l’équivalent de la totalité de ce que rapporte l’impôt sur le revenu). Autrement dit, un peu plus de la moitié des 85,6 milliards empruntés va au remboursement d’une partie de ce que l’on doit déjà (intérêt + capital). Le reste vient gonfler le montant de la dette. Et c’est comme cela depuis des décennies, pour arriver, fin 2014, à la somme astronomique de 1.800 milliards.
On le voit, la réalité est très éloignée du discours gouvernemental qui veut nous laisser croire qu’un effort sans précédent est fait pour diminuer le surendettement. En vérité rien n’est fait pour réduire le recours à l’emprunt. Au contraire.
Le ministre des finances se félicitait que la baisse des taux d’intérêts auxquels la France a pu emprunter sur les marchés financiers en 2014 avait permis de réduire la charge de la dette (les intérêts payés) de 1,7 milliard. La question est: qu’est-ce que cela pèse par rapport aux 85,6 milliards empruntés ou aux dizaines de milliards supplémentaires qui viennent s’ajouter chaque année au total dû?
En vérité, rien n’est fait pour une véritable réforme de l’Etat, afin d’avoir un secteur public moins dispendieux et plus efficace. On ne touche absolument à rien: ni aux services “décentralisés” de l’Etat, avec par exemple, 250 sous-préfectures qui ne servent strictement à rien mais qui emploient 10.000 fonctionnaires et coûtent un milliard par an; ni au nombre des députés, ni à un Sénat qui ne sert à rien; ni à une dissuasion nucléaire qui engloutit 4 à 5 milliards par an et qui ne dissuade personne, surtout pas les fondamentalistes qui mettent l’Afrique ou le Moyen-Orient à feu et à sang; ni à l’Education nationale pour laquelle la France dépense 27% de plus par élève par rapport à la moyenne européenne pour des résultats inférieurs à cette même moyenne et 140.000 jeunes qui sortent du système éducatif sans aucun diplôme ni formation chaque année; ni à ces grands projets inutiles et ruineux qui engraissent nababs du BTP et personnel politique corrompu: Notre-Dame-des-Landes, Sivens, les autoroutes, les lignes ferroviaires à grande vitesse, les stations de ski … On peut multiplier les exemples.
Et puisque l’Etat mène grand train, les collectivités locales ne veulent pas être en reste dans la gabegie: communes et intercommunalités ont recruté 250.000 fonctionnaires supplémentaires en 10 ans.
Mais c’est bien connu, en France on est les meilleurs! Au cours de cette année 2014 les comptes cumulés de l’Allemagne –Etat fédéral, lands et comptes sociaux- ont dégagé des bénéfices! Qu’à cela ne tienne, la France arrogante et jacobine clame à tout va qu’elle reste un modèle! Et si l’Union Européenne en général et l’Allemagne en particulier n’en sont pas convaincues, c’est qu’elles n’y entendent rien! Cet endettement ne fait pas que des malheureux. Car, qui prête de l’argent à l’Etat et touche des intérêts chaque année si ce n’est ceux qui en ont, c’est à-dire les plus riches? C’est là l’aspect le plus révoltant de l’affaire: la prodigalité de nos gouvernants profite aux riches qui ont de l’argent à prêter. Les contribuables les plus modestes, eux, se contentent de payer des impôts dont une partie part illico dans la poche de ceux (35% Français, 65% étrangers) qui prêtent à l’Etat. On comprend pourquoi les banques, les assurances, les fonds financiers, notamment ceux qui gèrent les assurance-vie, sont très friands des emprunts d’Etats dont on est sûr qu’ils seront rémunérés et remboursés. Ou rachetés, comme vient de le décider la Banque centrale européenne qui va racheter 1.100 milliards d’euros de dettes des Etats de l’Union et injecter ainsi des liquidités pour “relancer l’économie”.
Une aubaine pour les banques et les fonds financiers. Ils profiteront de ces masses d’argent à taux 0 pour faire ce en quoi ils excellent: spéculer et encore spéculer, en inventant des produits financiers lucratifs que personne ne contrôle faute d’y comprendre quoi que ce soit. Pour la relance de l’économie, on verra!
Il faudra bien qu’un jour quelqu’un passe à la caisse pour payer tout ça. En attendant, on va dans le mur et on y va en klaxonnant, comme l’a si bien dit un politicien bien connu pour ses bons mots.
Urdamuno