L’eurodéputé catalan, Josep-Maria Terricabras, figure d’Esquerra republicana de Catalunya (ERC) a bien voulu répondre à la demande d’Enbata pour éclairer la consultation référendaire du 9 novembre. ERC, parti indépendantiste, est l’acteur majeur de ce scrutin interdit par l’Espagne.
Nous, Catalans, allons voter afin de décider de notre avenir collectif, il n’y a aucun doute là-dessus. Et plutôt deux fois qu’une. Nous allons voter le 9 novembre lors de la consultation que le président Mas a proposée de façon inespérée le 14 octobre, un scénario nouveau que personne n’avait négocié au préalable.
Malgré une certaine désillusion après l’annonce du retrait de la consultation décidée entre tous les partis favorables au droit à l’autodétermination, ERC va faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le 9 novembre remporte le plus grand succès possible. Parce que ce qui va donner à cette consultation – pour laquelle la participation sera purement symbolique – un caractère politique, c’est la réponse des citoyens.
Si des centaines de milliers de citoyens votent, cela sera important pour nous et surtout pour ceux qui nous observent un peu partout dans le monde. Et nous ne devons pas oublier que ce qui a conduit, au final, au retrait du référendum, c’est le refus constant de voter pour notre avenir que le PP et le PSOE nous opposent.
La suspension expresse et largement annoncée du décret de consultation du Tribunal constitutionnel est une nouvelle preuve de l’absence de séparation des pouvoirs au sein de l’Etat espagnol.
Par ailleurs, plus les jours passent et plus je crois que cette proposition alternative n’est pas dénuée de bons sens. De fait, alors que j’écris cet article, le gouvernement espagnol n’a toujours pas décidé comment y faire face.
Que va-t-il faire, au final ? Va-t-il contester une consultation qui n’est pas fondée sur un décret convoquant le référendum ? Va-t-il essayer d’interdire par la force un vote qui n’a aucune conséquence juridique inaliénable –pas plus d’ailleurs que n’en avait celui retiré par le gouvernement catalan ?
Une interdiction par la force n’est pas recevable dans l’Europe du XXIe siècle et encore moins dans un Etat membre de l’Union. Car si l’Union Européenne peut accepter des credos et des idéologies très différents, elle ne peut pas tolérer des postures non démocratiques ou antidémocratiques.
Grâce aux mérites de sa puissante société civile, la Catalogne est observée à la loupe au niveau politique mondial. De nombreux éditoriaux ou articles en font foi dans les manchettes de la presse internationale comme The New York Times, Bloomberg, The Financial Times, The Los Angeles Times ou The Guardian, entre autres. Un exemple récent illustre bien l’intérêt que nous suscitons : le 14 octobre dernier, le jour où Mas a annoncé officiellement le retrait du référendum et sa proposition de consultation, les deux députés d’ERC-NECat au Parlement européen —au sein du groupe Los Verdes-Alianza Libre Europea— et le député de CDC —dans celui des Liberaux Democrates, qu’ont intégré UPyD y Ciudadanos—, nous avions organisé une journée pour expliquer le référendum catalan du point de vue légal et démocratique. Nous avions réservé la plus grande salle après l’hémicycle du Parlement de Bruxelles, qui a une capacité de 350 personnes.
Presque 300 personnes étaient présentes et la plupart d’entre elles ont suivi la journée équipées d’oreillettes qui leur proposaient la traduction simultanée en anglais et en espagnol, car l’essentiel des communications s’y faisait en catalan.
Lorsque les médias internationaux font référence à ce processus, tous s’accordent sur un point : les problèmes politiques se résolvent de façon politique, pas juridique. Beaucoup de ces médias importants demandent au gouvernement
espagnol de permettre aux Catalans de voter, parfois au nom de la préservation de l’unité territoriale de l’Etat espagnol. Pour ce qui nous concerne, à ERC, nous voulons voter pour être indépendants et le plus tôt sera le mieux.
Nous voterons le 9 novembre, mais nous le ferons aussi, et bientôt, aux élections du Parlement catalan qui vont se transformer, définitivement, en plébiscite. Cela ne signifie pas que nous allons créer une forme de fracture, car rien ne rassemble davantage que le fait de voter; c’est le fait de ne pas pouvoir le faire qui sépare et génère division et incompréhension.
L’Ecosse et le Royaume-Uni viennent d’en faire la démonstration en montrant à tous comment résoudre les conflits politiques dans l’Europe du XXIe siècle. Nous voulons suivre cette voie, qui n’est autre que celle de la démocratie.