
Une étape primordiale vient d’être franchie avec l’enquête publique sur le SCoT (Schéma de cohérence territoriale). Ce document revêt une importance fondamentale puisqu’il fixe les grandes orientations qui dicteront l’aménagement du Pays Basque et du Seignanx pour la prochaine décennie. Si tout se déroule selon le planning prévisionnel, il sera applicable dès 2026.
La vision que nous propose le SCoT au travers de son PAS (Projet d’aménagement stratégique) repose sur « une prise de conscience collective des enjeux que révèlent le changement climatique, la raréfaction des ressources dont l’effondrement de la biodiversité qui sont surtout des enjeux de société, de cohésion sociale et de qualité de vie. » (1)
La résilience comme ligne directrice…
Le SCoT vise donc la résilience du territoire. Pour l’atteindre tout en continuant à produire du logement et accueillir les activités économiques, il faudra faire preuve de sobriété : l’extension hors des zones bâties doit être l’exception, le renouvellement de l’existant la priorité. Outre la préservation de nos sols, de nos ressources, de l’activité agricole, la résilience du territoire reposera sur le maillage solide de ce dernier par nos villes et nos petites villes. Dans ces « centralités » confortées, les habitants trouveront à moins d’un quart d’heure réponse à leurs besoins fondamentaux en termes de services, de commerce, de culture, de sport… Cette dynamisation passe par l’implantation d’activités économiques, ce qui permettra d’apporter aussi une réponse aux déplacements pendulaires qui sont actuellement une source importante de nuisances de tout ordre.
La résilience passe donc par un meilleur équilibre du développement du territoire au bénéfice de l’intérieur, ce qui nécessite un peu de solidarité entre communes.
…et la solidarité en toile de fond
La notion de résilience semble s’imposer dans toutes les déclarations politiques. C’est cependant sur le partage des hectares qui en découle qu’on peut entendre des refus s’exprimer. Cela a été le cas au conseil communautaire de la CAPB du 21 juin 2025, à l’occasion d’un débat sur la révision du PLU actuel des cinq communes du périmètre « Côte Basque Adour » (Anglet, Bayonne, Biarritz, Bidart et Boucau).
La loi ZAN (Zéro artificialisation nette) impose en moyenne pour l’ensemble du périmètre du SCoT une réduction de 54% de l’artificialisation des terres entre deux décennies consécutives. Le SCoT propose une réduction de 56% pour la Côte (Labourd Ouest), de manière à libérer quelques hectares supplémentaires pour l’intérieur. Le maire d’Anglet a clairement fait part de son hostilité à l’idée même que sa commune participe à ce petit effort de répartition des hectares. « La loi, rien que la loi », a-t-il revendiqué pour sa commune (occultant au passage que la loi prévoit justement que chaque territoire s’organise dans cette répartition).
Un débat à mener
Peut-être que la loi ZAN sera un jour modifiée voire supprimée, ce que certains espèrent, visiblement, bien que les effets du dérèglement climatique nous rappellent souvent l’impérieuse nécessité de changer nos modes de vie, et que « sobriété » peut rimer avec mieux-vivre dans des bourgs beaucoup plus dynamiques.
“La côte et l’intérieur sont-ils solidaires,
dans un destin commun ?
Partageons-nous la même culture,
sommes-nous soudés ?
Bref, faisons-nous territoire ?”
Mais dans tous les cas, ce débat sur les orientations proposées par le SCoT et sur la solidarité territoriale gagnerait à être porté au grand jour car il propose une évolution qui mérite d’être explicitée, loin de la cuisine technique et d’éventuels arbitrages discrets qui s’exerceront au travers des PLUi (ce sont eux qui déclineront concrètement les orientations du SCoT). Cela tombe bien, les élections arrivent ! C’est le moment de proposer, de questionner, de débattre sur la place publique. La résilience du territoire ne peut pas s’organiser sans que la grande majorité de la population en comprenne les enjeux, y adhère et y participe. La côte et l’intérieur sont-ils solidaires, dans un destin commun ? Partageons-nous la même culture, sommes-nous soudés ? Bref, faisons-nous territoire ? À l’occasion des futures élections, bien que le périmètre soit communal, ces questions ne devraient pas être esquivées. La société dans son ensemble et les habitants doivent s’en emparer.
(1) Source : https://www.scot-pbs.fr/le-projet-de-scot-arrete/
Les documents du SCoT, dont le PAS et le DOO, sont consultables sur ce site.