Un Grenelle ou… une révolution sociétale ?

Grenelle
Le 25 octobre, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé 30 nouvelles mesures dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux Femmes. Ces mesures vont toutes dans le bons sens et nombre d’entre elles étaient portées par le mouvement féministe, c’est donc un réel effort et peut-être enfin une vraie prise de conscience de la situation en France.

Il faut noter que l’année a été particulièrement éprouvante et que l’initiative de “NousToutes” de personnaliser chaque meurtre, et d’en tenir un compte régulier a fortement impacté l’opinion publique. Nous étions trop habitué.es à la formule : tous les deux jours une femme meurt sous les coups de son compagnon… La redoutable énumération des prénoms et des âges de chaque victime a agi comme un électrochoc : elles devenaient Julie, Chloé, Céline, Sarah, Josette ou Félicie, elles avaient 30, 66, 48, 22, ou 75 ans, elles s’incarnaient et ne relevaient plus de la simple statistique !

Des moyens accordés, on peut discuter et avoir une appréciation sur leur possible efficacité, ou encore sur leur suffisance financière mais le plus important sera de suivre leur mise en oeuvre et l’évaluation des résultats. Trop de dispositifs ne sont pas utilisés par les magistrat.es : ordonnance de protection (dix fois moins en France qu’en Espagne), les téléphones “grave danger” dorment dans les cartons, l’accueil dans les commissariats, les gendarmeries, les hôpitaux et cliniques est loin d’être à la hauteur de ce que nécessite la situation.

Pourquoi ?

Depuis des années on parle de manque de formation, de manque d’intervenant. es sociaux pour revoir les victimes mais si la société française avait enfin, intégré les violences entre conjoints comme inacceptables, nous n’en serions pas là. Les moyens sont incontournables mais ils ne visent qu’à traiter les symptômes sans éradiquer les causes… Car c’est bien là que le bât blesse, dans la survivance du système social d’oppression que constitue le patriarcat… ce modèle qui admet un pouvoir de domination des uns sur les unes, qui persiste à dévaloriser 52% de la population, qui supporte des discriminations criantes dans le monde du travail, qui s’accommode d’une représentation politique sans lien avec la réalité sociale, qui autorise que le corps des femmes ne soit qu’objet, qui adule les marrants qui ont toujours en réserve la blague sexiste des 20 derniers siècles!

Les Femmes ne sont pas un groupe ou une catégorie discriminée, elles sont la moitié de l’Humanité ! (ou pour utiliser le ridicule langage toujours en vigueur… la moitié des Hommes au sens universel que notre très progressiste Académie Française veut absolument conférer à ce mot). Quand nous luttons depuis des décennies pour que des lieux dans nos cités soient attribués aux femmes, c’est pour rendre justice à celles que l’Histoire a totalement ignoré, c’est pour leur donner la visibilité qui leur revient. C’est aussi, parce que nous savons que cela permettrait aux filles de s’identifier à celles qui ont pour différentes raisons marqué leur époque… Nous avons, dans la dénomination de nos rues des bataillons de religieux, de militaires, d’ingénieurs… de toutes sortes qui, pour une grande part, sont des inconnus célèbres mais qui sont des mecs… les femmes ne représentant au mieux que 4 à 5% du total! Et ce n’est pas prêt de s’améliorer car ça résiste de toutes parts, ça ergote avec mauvaise foi, utilisant les arguments les plus saugrenus mais dont le côté durable est remarquable !

Et puis donner leur véritable place aux femmes permettrait aussi aux garçons de comprendre qu’il existe un deuxième sexe pas seulement confiné à la cuisine et aux travaux ménagers… qui mérite autant de respect et de reconnaissance que les “grands” hommes dont on n’oublie jamais de nous conter les prouesses ! Cela ferait peut-être naître des générations qui intégreraient plus facilement l’exigence d’égalité ce qui pourrait conduire à une société plus apaisée…

La violence naît de ce système inégalitaire car il induit des rapports de domination, qui dans une société en tension s’exacerbent d’autant plus que l’inaction générale permet de les légitimer. Le patriarcat que nous dénoncions dans les années 70 demeure le système social injuste et nocif pour les deux sexes qu’il a toujours été et la “Politique du mâle”* demeure le socle redoutable de tous les “féminicides” actuels ! La libération de la parole des femmes, les nouvelles mobilisations, la renaissance du féminisme, ce sentiment de solidarité entre toutes, laissent entrevoir qu’il faudra plus qu’un “Grenelle”. La colère gronde à nouveau, car les femmes ont compris que l’on ne mettra un terme à cet univers de violences qu’en parvenant à une égalité réelle. Et cela passe par une révolution sociétale qui sonnerait la fin du patriarcat!

*Titre d’un ouvrage de Kate Milett en 1969.

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