La France d’en haut

LichansIl faudra sans doute deux ou trois ans aux instances de la grande région Aquitaine pour s’organiser et se restructurer. Comment les citoyens des marches de cette immense région, on ne peut plus technocratiquement décidée à Paris, perçoivent-ils cette nouvelle entité? Sondage des coeurs et les âmes en Soule.

Vue de la vallée où se nichent Lichans-Suhar et Etxebar tour à tour “plus petites communes du Pays Basque”, la grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin qui n’a pas encore trouvé son nom, paraît plus que lointaine. Invisible. Les deux villages ont plutôt le regard tourné vers l’EPCI. La nouvelle grande région ne fait donc pas rêver. C’est peu de le dire. Observons-la à l’aune d’une petite vallée de Haute Soule, proche de Tardets, située à l’ombre d’un monticule de 572 mètres d’altitude appelé “Chapeau de gendarme”. Tel est le vis-à-vis de la minuscule église de Sunhar (XIe siècle) construite en pierre grise, juchée sur une motte rocheuse à laquelle une poignée de maisons tiennent paisiblement compagnie. Sunhar est la pièce qui fut rapportée à Lichans au XIXe siècle, bourg principal d’un ensemble censé être la “plus petite commune du Pays Basque”… si du moins l’on s’en tient au dernier recensement de 2012 qui lui attribuait 70 habitants “On n’est plus les plus petits assure Monique Elgoyhen, maire de la commune. Des jeunes du village ont construit et nous avons reçu un petit apport de population…” Et la nouvelle région ? “C’est grand mais ça ne veut pas dire que ça ne marchera pas ajoute l’agricultrice. Reste qu’en ce moment je suis moi-même plus intéressée par l’EPCI Pays Basque votée à l’unanimité par le conseil municipal que par Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin. En tant qu’abertzale de gauche, c’est naturel, je pense d’abord proximité avec le Pays Basque…”

Et il faut aller vite

Si ce n’est pas Lichans-Sunhar (Lexantzu-Zunharre) c’est donc à sa première voisine, Etchebar (Etxebarre), que reviendrait la mention “plus petite commune du Pays Basque”. Eglise et cimetière haut perchés (ils  viennent de subir d’importants et coûteux travaux), coquette mairie en léger contrebas, 73 habitants (recensés en 2012) dont 17 de moins de 12 ans. Maire agricultrice (sensibilité de gauche), Nathalie Irigoyen. “A en juger par le nombre de gens venus voter les 6 et 13 mai dit-elle, la grande région n’intéresse pas vraiment. On a compté 21 et 26 votants sur 65 inscrits aux premier et second tours. 1 voix FN au premier tour, 2 au second. La tendance majoritaire est à gauche”. “L’EPCI nous concerne davantage ajoute Nathalie Irigoyen. Le conseil municipal était partagé (5 contre, 2 pour), nous ne l’avons pas votée. Je pense qu’elle signifiera un éloignement des prises de décisions pour nous qui sommes à 35 minutes d’Oloron et à une heure et quart de Pau mais à presque deux heures du centre de Bayonne. Je suis contre cet éloignement mais bien sûr pas contre le Pays Basque. Si on nous en avait laissé le temps, je pense que nous aurions pu proposer à l’Etat une structure plus adaptée aux besoins, s’appuyant sur les provinces et fédérant les grands problèmes de l’urbain et de la ruralité basques. En fait nous sommes confrontés à de grandes réformes qui viennent d’en haut, pas travaillées par le bas. On gère les populations mais pas leurs besoins. Et il faut aller vite ! Si au bout du compte il y avait encore des économies à la clef, mais non, il n’y en aura pas. On va à contresens, les gens sont dépités”. La Soule a quoiqu’il en soit largement opté pour l’EPCI souhaitée par 27 communes sur 36, représentant 80% de ses 14.000 habitants.

Une région tombée du ciel

Etxebar (à 6 km de Tardets elle-même située à 458 km de la capitale limousine et 237 km de Bordeaux) intègre l’arrondissement d’Oloron, la communauté de communes de Soule, le canton Montagne Basque, le SIVOM  de Tardets (en sursis bien que la voirie, sa compétence principale ne soit pas du ressort de l’EPCI)… Sans oublier la Zone Montagne pyrénéenne qui rappelle Nathalie Irigoyen, “impose des mesures très contraignantes en matière de constructions nouvelles, interdites hors prolongement de bourg, raison pour laquelle nous n’avons pas pu satisfaire plusieurs demandes de terrains à bâtir”. Assemblage classique en poupée gigogne auquel se greffe une région mastodonte tombée du ciel courant 2014. Les 22 régions connues jusqu’ici avaient été dessinées (sans ordinateur) par l’équipe d’un jeune énarque de la Cour des comptes d’origine alsacienne mandaté par l’Etat en 1956, Serge Etienne passionné de géographie et de cartographie, avait déjà planché sur l’élaboration de 19 “régions de programmes” destinées à renforcer l’action sur son territoire d’un Etat planificateur plus jacobin que jamais. Expérience qui l’amena à concevoir 22 régions métropolitaines françaises, strictement limitées au technique et à l’administratif jusqu’à la loi de décentralisation Defferre de 1982. Ceci à partir des départements, des principaux pôles économiques et de certaines considérations comme les communications et les flux téléphoniques entre grandes villes. Le projet technocratique réalisé en vase clos (toute incursion sur le terrain était interdite par l’Etat au nom de sa “neutralité” !) fut validé en 1960 après quelques ajustements dont le rattachement du département des Basses-Pyrénées à l’Aquitaine et des Pyrénées-Orientales à Languedoc-Roussillon plutôt qu’à Midi-Pyrénées. La Corse (actuellement collectivité territoriale à statut particulier) obtint quant à elle son retrait de Provence-Côte d’Azur en 1972. La voilà, grande première, qui vient d’arracher une majorité nationaliste aux régionales du 13 décembre 2015…

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