217 élus et responsables politiques ont publié dans le JDD un article intitulé “Nos traditions doivent résister à l’écototalitarisme”. Il s’agit d’évidence d’une réponse au projet de loi déposé par le député LFI Aymeric Caron visant à interdire la corrida.
Les anti-corridas seraient des (éco)totalitaires. Fichtre ! Les signataires ont, semble-il, résisté à l’envie qui leur démangeait la plume d’utiliser le terme d’écoterrorisme fréquemment entendu dans la bouche de certains d’entre eux. Personne n’est dupe : ils écrivent écototalitarisme mais pensent écoterrorisme.
Quoiqu’il en soit, derrière l’un ou l’autre de ces mots rôde l’assassinat, la mort. L’assassinat d’une culture nous dit-on. Ne serait-ce pas plutôt l’assassinat de milliers de pauvres bêtes qu’on martyrise avant de les tuer ? Les anti corrida n’auraient d’autre objectif que “d’humilier une partie de nos concitoyens” ? Messieurs et dames élu-e-s, la drague des voix, d’où qu’elles viennent, justifie-elle de telles outrances ? N’est-ce pas plutôt un peu de notre vivre-ensemble que vous tuez ?
Le fils de paysan que je suis est résolument contre ces pratiques barbares qui consistent à faire souffrir et massacrer gratuitement des animaux. Il faudra que l’on m’explique en quoi j’humilie qui que ce soit en défendant cette position. Notre culture a-t-elle de nos jours vraiment besoin de spectacles sanguinolents dont la cruauté le dispute à la vacuité ?
Au demeurant, peu de citoyens, y compris dans les départements où la tauromachie est tolérée, partagent cet intérêt pour ces passe-temps d’un autre temps. A tel point qu’aucune arène dans aucune ville taurine hexagonale ne parvient à équilibrer ses comptes sans le concours des collectivités publiques. Est-ce humilier qui que ce soit que de penser que mes impôts locaux seraient plus judicieusement utilisés à financer des pratiques artistiques ouvertes au plus grand nombre ? Ou à préserver et développer l’enseignement et la pratique de l’euskara et de l’occitan qui mobilisent des milliers et des milliers de gens? La défense de la vraie “tradition”, de la vraie “culture” se trouve là, certainement pas du côté de Lachepaillet.
Dernier point: écototalitarisme, que vient faire cette référence à l’écologie dans ce débat qui porte sur des spectacles où le sang coule et où la souffrance animale est sensée procurer du plaisir à ceux qui y assistent ? Mystère !