Lurrama se déroulera le 24 octobre à Arbonne pour célébrer la victoire d’une lutte paysanne et citoyenne contre l’accaparement de la terre et rappeler ses valeurs en faveur de la préservation de la terre agricole.
C’est avec la tenue de Lurrama à Arbonne que prendra fin une longue occupation de quatre mois sur Arbonne qui permet de casser une vente spéculative dénoncée par le syndicat agricole ELB et Lurzaindia. Par ce déplacement exceptionnel à Arbonne, Lurrama veut exprimer sa solidarité avec le mouvement d’occupation, et signifier que la préservation de la terre nourricière est l’essence même du travail entamé en 2006 avec le premier salon de l’agriculture paysanne à Bayonne. Les questions soulevées par cette occupation font écho aux thématiques abordées d’année en année par le salon Lurrama : l’autonomie alimentaire du territoire, la souveraineté alimentaire, le changement climatique, l’agriculture familiale, la préservation des ressources, ou celle de la biodiversité…
Le 23 juin 2021, le syndicat agricole ELB et Lurzaindia avaient démarré une occupation de terres agricoles aux portes de Biarritz, dénonçant les conditions de vente d’un domaine agricole à Arbonne, comprenant des bâtiments et des parcelles agricoles d’un peu plus de 15 hectares à 3,150 millions d’euros. L’acheteuse n’est pas agricultrice mais une riche retraitée, résidente à Paris. Pour contrer cette vente ELB et Lurzaindia ont demandé à la Safer d’exercer une préemption. Cet accaparement de terre agricole à prix spéculatif par des personnes fortunées en quête de grandes propriétés pour un usage d’agrément n’est pas un cas isolé. Lurzaindia relève des cas similaires régulièrement et demande souvent l’intervention de la SAFER. Il est évident cependant que la loi a des failles, aujourd’hui, qui conduisent aux situations comme celle d’Arbonne. C’est pour construire des propositions d’amendements à la loi que ELB et Lurzaindia se sont retrouvés en réunion de travail avec députés et sénateurs en juillet dernier. Nous ne savons pas encore si des propositions d’amendements ont des chances d’aboutir au cours de ce mandat présidentiel, ou si le volontarisme affiché par nos parlementaires locaux et le député LREM Senpastous sera stoppé, nous forçant à attendre le prochain mandat présidentiel pour espérer une nouvelle loi foncière (promise pourtant par Emmanuel Macron au cours de ce mandat). Pour nous, il est clair que nous devons agir au niveau de la loi pour conforter les possibilités d’intervention de la SAFER, avoir la garantie d’une juste évaluation des biens par les Domaines, d’autant plus que cette évolution législative que nous souhaitons a de l’intérêt pour bon nombre d’autres territoires. De même, au delà des changements de loi nécessaires, nous serons attentifs au contenu des assisses foncières promises par la Communauté d’agglomération cet automne.
En attendant donc des évolutions favorables en matière de réglementation, ELB et Lurzaindia resteront actifs sur l’affaire d’Arbonne. Le retrait de l’acheteuse est une première victoire sans précédent contre l’accaparement de la terre, clairement obtenue par l’obstination d’ELB et de Lurzaindia avec l’appui du collectif Bost (Berroetako okupazio sustengu taldea) et plus largement le soutien citoyen. Enfin, maintenant, les conditions pour entamer une éventuelle négociation avec le propriétaire de ce bien, sont réunies… ELB et Lurzaindia souhaitent profiter des semaines restantes avant la fin de l’occupation pour notamment évaluer la possibilité de faire une proposition co-construite avec les acteurs du foncier (SAFER, CAPB, EPFL) et les collectivités. Une première réunion importante est prévu le 29 septembre, au cours de laquelle nous pourrons mesurer le volontarisme des uns et des autres. De plus, nous appelons les citoyens à venir interpeller les élus sur la question de la préservation de la terre nourricière le samedi 2 octobre.
Quoiqu’il en soit le 24 octobre, Lurrama posera ses pieds sur la terre d’Arbonne. Nous donnons rendez-vous à un large public pour fêter la victoire d’une lutte paysanne, mais aussi citoyenne contre l’accaparement de la terre. Ce moment festif, de partage, permettra de réaffirmer notre attachement à la terre nourricière.