Dès le début du XXe siècle, cette stèle discoïdale, plantée dans un cimetière de Basse-Navarre, suscita l’intérêt de Louis Colas, auteur du livre-référence La tombe basque (1924) et de l’écrivain Philippe Veyrin. Ce dernier en fit un colophon qui parut souvent dans le bulletin du Musée Basque d’avant-guerre, puis fut repris sur son site internet.
Il est vain de vouloir interpréter ses motifs sculptés, par les mots de prétendre donner à ses arcanes un sens symbolique ou cohérent. Ce serait même appauvrir sa forme circulaire au contenu si troublant. Elle nous perd dans le labyrinthe de ses signes, fait flamber l’imagination. Comme « une rose impossible dans la nuit », elle « cherche l’or du temps » et irradie son magnétisme, reine d’un « pays où l’on n’arrive jamais ». Elle est belle et plus que belle, elle est surprenante. En elle, règne l’énigme de notre présence ici-bas, tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond. Se dérobant à l’analyse rationnelle, elle nous bouleverse comme une femme qui garde sa part de mystère sans en répandre le secret. Cela suffit pour éprouver à son égard l’ivresse d’un amour éperdu, car plus ensorcelante qu’une naufragée emménageant sur la grève, nue et tremblante.
Son épaisseur dissimule et livre un mystère plus lent, plus vaste et plus grave que le destin d’une espèce passagère. Elle n’a même pas à attendre la mort, elle n’a rien à faire que de laisser glisser sur sa surface le sable, l’averse ou le ressac, la tempête, le temps.