Jean-Marc Abadie propose à notre plaisir de lecture et à l’efficacité de la réflexion l’humour pour faire avancer ses idées.
L’idée qui paraissait encore saugrenue il y a peu d’années a fait des petits. Avant —c’était le siècle dernier— les abertzale se sentaient aussi accompagnés que Robinson sur son île. Que n’avions-nous entendu ! Plutôt un inventaire à la Prévert mais version au ras des pâquerettes: “Ici c’est la France”, “Ne rajoutons pas au mille feuille”, “Ne nous replions pas sur nous-mêmes”, “Votre truc, à une si petite échelle, c’est irréaliste”, “C’est la porte ouverte au séparatisme”, “Les gens s’en foutent”, “Il y a d’autres priorités”… Bon, dans cette litanie —non exhaustive— se cachaient parfois la crainte irrationnelle du slogan FLN de “la valise ou le cercueil”, un sentiment de non appartenance à ce territoire, ou un nationalisme français caricatural non assumé. La situation pouvait paraitre manichéenne. Il y avait les abertzale (“Ceux qui veulent déchirer le tissu de la France” comme le disait Mitterrand pour justifier les premières extraditions en 1984) et en face, tous les autres.
To ! Et pourquoi pas ?
Aujourd’hui, la réflexion a pris le pas sur les poncifs et autres considérations poussives. Les ralliements de tous bords se sont accumulés ces derniers mois comme les touristes français du 3ème et 4ème âge sur la tombe de Luis Mariano. Pourtant, les railleries des derniers opposants sur ces “résistants de la dernière heure” n’ont pas lieu d’être. Car l’enjeu transcende les batailles partisanes et les parcours personnels pour ne s’attacher qu’au bien commun, jouissant d’une maturité un peu soudaine, certes, mais ô combien nécessaire et urgente. Abertzale et non abertzale se sont rejoints sur ce que nous pouvons appeler “le minimum syndical” pour envisager ensemble un avenir dont le support se veut être un contenant qui propose un projet à toutes et à tous, une véritable structure de proximité qui a pour ambition d’améliorer notre quotidien.
Bayonne rayonne
Cette collectivité territoriale à statut particulier donc, va changer Bayonne en la faisant capitale. Elle va aussi être un enjeu considérable au travers des relations politiques lors de la prochaine campagne municipale. Il n’est pas réaliste de prétendre gérer une municipalité comme Bayonne sans prendre en compte la création de cette institution.
Ceux qui se seront opposés ou auront contribué à son échec —peut être aussi en proposant un succédané inconsistant— doivent comprendre qu’ils franchissent un point de non retour empêchant tout accord politique de la part de ceux pour qui cette question reste un élément central. Quand on lit les déclarations du Quai d’Orsay s’insurgeant contre la résolution de l’ONU plaçant la Polynésie comme territoire à décoloniser en soulignant “… la volonté exprimée de manière claire par la population polynésienne au suffrage universel (…) qui a donné une majorité incontestable aux élus favorables à l’actuel statut d’autonomie”, on se demande pourquoi ce gouvernement PS s’appuie sur une consultation démocratique (et un soutien à Gaston Flosse qui plus est) à Tahiti et la refuse au Pays Basque.
Alors, pourquoi ne pas imaginer, soyons fous, qu’un certain nombre de listes et de militants candidats aux prochaines municipales, peu ou prou, proches du mouvement abertzale construisent un ensemble de points à minima en vue de conditionner leur participation au sein d’une éventuelle majorité dans un certain nombre de villes et villages. Cela pourrait prendre la forme, notamment, d’une demande claire d’organiser une consultation populaire à l’échelle des municipalités sur des questions relatives à une future collectivité ou à la LGV par exemple.
Chiche?