Les Espagnols se régalent: vous voyez bien que rien n’a changé, malgré toutes les grandes déclarations de la gauche abertzale! L’arrestation de deux membres de l’ETA le 9 avril dans la Creuse et le tir dont fut victime un gendarme français à cette occasion, puis la découverte de 1,6 tonnes de matériel et d’explosif, assortie de trois nouvelles arrestations les 13 et 14 avril en Hegoalde, sont du pain béni pour le PP et le ministre socialiste de l’Intérieur.
La gauche abertzale déclare aussitôt que «les engagements pris par ETA avec le cessez-le-feu» ne sont pas «compatibles avec la fusillade» et parle d’une attitude «incompréhensible et injustifiable». La nouvelle coalition électorale abertzale de gauche Bildu annonce que ses candidats signeront un texte en dix points contre l’usage de la violence. Mais tant qu’ETA reste en activité, tout cela ne demeure aux yeux des Espagnols que faridondaines et billevesées. Ils veulent obtenir la disparition définitive de l’organisation armée basque et ne sont pas près de lâcher l’affaire. Ils savent qu’ils tiennent la gauche abertzale par le collet, pour ne pas dire plus.
La cour suprême s’est fait un plaisir de rejeter le 14 avril le recours pour nullité présenté par Sortu, en somme une ultime gâterie, avant de confier le bébé au Tribunal constitutionnel qui lui aussi va nous faire un grand cours de droit de quelques dizaines de pages pour nous expliquer doctement que Sortu ne s’inscrit pas dans la légalité espagnole.
De son côté, Rubalcaba prépare la manche suivante. Il peaufine des listes de suspects, avant même qu’ils ne soient candidats sur les futures listes électorales de la coalition Bildu. Pour éviter qu’elles ne «soient contaminés» par les pro-ETA. L’appareil d’Etat espagnol tourne à plein régime dans cette préparation de la prochaine chasse aux sorcières.
Pour la gauche abertzale, Canossa est encore bien loin. Quant au fameux groupe de contact de Brian Currin et sa Commission de vérification du cessez-le-feu, ils sont plutôt discrets… L’Etat fonctionne parfaitement dans le Royaume d’Espagne, sous l’œil bienveillant ou l’indifférence de la communauté internationale. Au fait, comment dit-on «Pourvu que ça dure» dans la langue de Cervantés?