En ce début d’année 2012, prenant à la demande de l’équipe de rédaction d’Enbata la responsabilité d’une chronique, je m’interroge sur le risque encouru. En effet, il n’est pas anodin de discourir sur une actualité que l’on nous annonce comme riche, et que l’on mesure à la vacuité des discours de ces derniers jours.
Nous connaissons, on nous le répète assez, une crise financière et économique sans précèdent, et ce sont ceux-là même qui en sont les principaux instigateurs qui prétendent apporter quelques remèdes à la situation. Comme s’il suffisait de trouver encore quel-ques subterfuges alors qu’il s’agit de «rompre avec le mythe vermoulu de la croissance considérée comme l’alpha et l’oméga de toutes les stratégies socio-économiques fussent-elles «vertes» comme l’écrivent Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz dans la Revue Durable.
Il faut réaliser que la société thermo-industrielle a plus que du plomb dans l’aile et que l’ère qui s’ouvre devant nous porte les germes d’une civilisation nouvelle, de rapports à la biosphère totalement renouvelés et que si crise à prendre en compte il y a, c’est bien celle de la plus grande crise écologique qu’à connu l’Humanité.
Le système est à changer en profondeur, il n’est plus de mise d’opposer les enjeux économiques, sociaux, culturels et environnementaux mais bien d’en faire des facteurs déterminants de l’action publique des années qui viennent.
Qui s’en préoccupe? A cent jours de l’élection majeure dans l’hexagone, ne surgit du débat que petites phrases as-sassines ou addition de 2ème tour pour évaluer si machin + truc cela fait le compte!
En 2007, les Verts représentés par Dominique Voynet avaient porté la question écologique au cœur du débat.
Mais surtout, il faut avoir le courage de le reconnaître, le Pacte écologique initié
par Hulot avait plongé l’ensemble de la classe politique dans l’obligation de se positionner et ne lui avait pas permis d’évacuer la question. Je sais, on a brocardé le «candidat gel douche» avec la facilité qu’il est bon d’arborer quand des questions cruciales se posent. Mais ce Pacte a débouché sur le Grenelle de l’environnement et ceux ou celles qui ont eu la curiosité de se pencher sur les quel-ques 200 mesures qui en découlent, sa-vent que cela n’a pas été vain. Je le dis avec d’autant plus d’aplomb qu’à l’époque j’étais plutôt dans le camp des railleurs, mais je dois à la vérité de reconnaître que je me suis plantée.
La vacance actuelle du camp écolo me préoccupe réellement, car je ne sens pas la capacité à faire émerger le débat, et quand j’écoute les discours de la plupart des candidats, je ne peux que constater que la question écologique est totalement évacuée.
L’année des 20 ans de Rio, nous ne pouvons nous permettre de passer à côté, nous avons le devoir de créativité pour imaginer une société qui trouvera le point d’équilibre entre une société de gâchis et un modèle de rationnement.
L’enjeu est là, le monde de demain sera écologique ou ne sera pas.