Interview Pampi Dirassar

Enbata: A quelques jours de la consultation Batera, comment se
présente la situation sur l’ensemble d’Iparralde? Panpi Dirassar: La
consultation Batera va se dérouler sur 122 des 159 communes du Pays
Basque nord, ce qui revient à dire que plus de 90% des électrices et
des électeurs de ce territoire seront concerné(e)s par cet événement.
Elle aura lieu le 14 mars, sauf dans huit communes, où pour cause de
consultation sur la LGV lors du premier tour des Régionales, elle se
déroulera le 21 mars. En termes d’organisation, cela représente la
mise en place de 193 bureaux de vote et la mobilisation de plus de
1.000 citoyens pour tenir les permanences. Le week-end dernier, 190
personnes ont participé aux réunions de préparation pour la tenue des
bureaux de vote. La consultation c’est aussi la mise en place d’un
collectif d’avocats chargé de veiller au bon déroulement de cette
consultation. Faut-il rappeler que cette consultation n’est organisée
contre personne, c’est avant tout un exercice démocratique et une
mobilisation populaire pour faire entendre la voix du Pays Basque et
montrer que la reconnaissance institutionnelle de ce territoire reste
nécessaire et à l’ordre du jour. Elle n’est que la mise en œuvre d’un
droit fondamental: la liberté d’expression. A ce jour il n’existe pas
à notre connaissance, d’exemple similaire, d’organisation de
consultation citoyenne, à une telle échelle de territoire.

Enb.: Quelles ont été les réactions les plus hostiles d’élus et de
l’administration?
P. D.: Tout d’abord il faut souligner que la très grande majorité
des élu(e)s va faciliter l’organisation de la consultation: 90 maires
et conseils municipaux soutiennent publiquement la consultation
Batera, d’autres, l’autorisent sans pour autant la soutenir
officiellement. Dans les rares réactions plus hostiles nous avons eu
dans un premier temps M. Espilondo, maire d’Anglet, qui souhaitait
interdire la tenue de la consultation sur le territoire de sa
commune. Se mettant du coup, lui, hors la loi, car ne disposant pas
de possibilité légale lui permettant ce type d’interdiction, il s’est
depuis, semble-t-il ravisé… Nous avons eu dernièrement, M. Duhart,
maire de Saint Jean de Luz, qui sans doute mieux informé (par les
services d’un ministère?), n’a pas osé aller jusqu’à l’interdiction,
mais qui sous le prétexte d’un amalgame douteux (l’un des
organisateurs luziens est aussi candidat aux élections régionales) va
refuser tout prêt de matériel à Batera. A-t-il oublié que lui-même,
il n’y a pas si longtemps, soutenait la création d’un département
Pays Basque? Et enfin nous avons les courriers du préfet aux maires
du département.

Enb.: Pensez vous que les lettres d’intimidation du préfet aient
modifié le comportement de certains maires?
P. D.: Oui assurément. Mais pas forcement dans le sens escompté. Ces
courriers ont été totalement contreproductifs. Le préfet est sorti de
son rôle et de ses prérogatives: sous couvert d’un rappel à la loi,
tout à fait légitime par ailleurs, c’est quasiment une lettre de
menace que les maires ont reçu, puisque mêmes les éventuelles
sanctions, allant jusqu’à la révocation, étaient évoquées sur le
courrier. Plusieurs juristes se sont penchés sur le problème et
juridiquement, cette con-sultation, dans le cadre fixé par Batera,
est tout à fait possible. Le préfet va trop loin, le préfet est dans
l’illégalité. Il a voulu jouer sur la peur mais beaucoup de maires,
d’élu(e)s, ont jugé ce courrier liberticide et inacceptable. Nous
avons obtenu la meilleure et la plus belle des réactions: la
consultation sera organisée sur 122 communes d’Iparralde. Il est a
noter aussi que dans le deuxième courrier le préfet a «évolué» sur la
question puisqu’il reconnait aux «organisations» que nous sommes
toute liberté de recueillir l’avis ou la signature d’habitants sur
des motions que nous «promouvons».

Enb.: Le libellé de la question Batera fait-il consensus?
P. D.: L’Assemblée générale de Batera a pris en compte les
différentes possibilités envisageables dans le cadre de la réforme
des collectivités territoriales engagée par le Pré-sident Sarkozy.
Dans ce contexte, la revendication «département Pays Basque», histo-
riquement consensuelle au sein de Batera, pouvait apparaitre
dépassée, puis-que cette réforme évoque la possibilité de la
suppression de la clause de compétence générale des départements.
L’utilisation des termes «collectivités territoriales» et la
formulation de la question: «Etes-vous favorable à la création d’une
collectivité territoriale Pays Basque?» prenant en compte ces
éventuelles modifications ont été unanimement adoptées lors de cette
AG Juridiquement, les collectivités territoriales sont des structures
administratives françaises, distinctes de l’administration de l’Etat,
qui doivent prendre en charge les intérêts de la population d’un
territoire précis: communes, départements, régions, collectivités à
statut particulier, collectivités d’outre-mer. Une autonomie est
aussi une collectivité territoriale. Le but de cette consultation
n’est pas de définir quelle serait la meilleure configuration pour le
Pays Basque, mais de montrer, en votant «oui», «non» ou «blanc» à
cette question, l’intérêt que nous portons à l’avenir institutionnel
de ce territoire et notre volonté à participer à sa construction.

Enb.: Comment rendrez vous public les résultats et analyses de la
consultation Batera du 14 mars?
P. D.: Pendant toute la journée du 14 mars une permanence Batera sera
assurée à la Bourse du travail à Bayonne (salle prêtée par la
municipalité bayonnaise). De plus, trois points «presse» y seront
organisés au fil de la journée pour communiquer sur le déroulement de
la consultation, la participation, la réaction de la population. A
partir de 18h30, les résultats, commune par commune, y seront
centralisés et communiqués à la presse lors d’une soirée de type
électorale, ou chacun est bien évidemment invité à participer.

N’oublions pas non plus que cette consultation a un coût financier,
et qu’afin de soutenir financièrement son organisation une tombola
est organisée. Les œuvres de quatre artistes basques, Kepa Akixo
Zigor, Gontzalo Etxebarria, Mattin Partarrieu et Irkus Ro-bles, sont
mis en jeu. Prix du billet un euro. Tirage au sort le dimanche 21
mars à l’issue de la deuxième journée de consultation. Il est aussi
possible de faire des dons en ligne directement sur le site
http://www.batera.info.

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