Beau temps, belle fréquentation, ambiance bon enfant, repas dégustés, animations appréciées, la 5ème édition
de Lurrama n’a pas failli à la tradition.
Les responsables font le bilan.
Maryse Cachenaut
Présidente de Lurrama
Enbata: Quel regard jetez-vous sur cette cinquième édition de Lurrama qui s’est tenue de vendredi à dimanche à la Maison des associations à Bayonne?
Maryse Cachenaut: Créé sur une idée originale d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara, Lurrama, le salon de l’agriculture paysanne et durable, reste une animation de grande envergure. Il a démarré en 2006 avec l’idée de durer. Le pari a été relevé grâce au soutien de centaines de bénévoles qui répondent présents chaque année, l’appui de nombreux acteurs socio-culturels, de partenaires publics et privés. L’édition de cette année a montré une nouvelle fois que Lurrama est et demeure un événement populaire.
Considérant que l’agriculture n’est pas seulement l’affaire des initiés, que chaque ci-toyen veut et doit être informé des enjeux de l’agriculture, Lurrama avait vu le jour avec l’objectif de promouvoir l’agriculture paysanne et durable. Cette année encore, sur un site de plus de 8.000 m2, Lurrama s’est adressé à un public large, et a tenté de traduire de façon simple et pédagogique ce qu’est le quotidien de l’agriculture du Pays Basque, ce qu’elle produit. Durant trois jours les valeurs de l’agriculture paysanne ont été mises en vitrine.
Enbata: Quelles ont été les innovations marquantes de Lurrama 2010?
Maryse Cachenaut: Cette année, la programmation s’est enrichie notamment en proposant un certain nombre de nouveautés: nous avions mis l’accent en 2009 sur la thématique de l’eau. Cette année Lurrama a consacré de nombreux temps forts au thème de l’alimentation (manger bon, sain et local) à travers plusieurs tables rondes sur la place des produits locaux dans la restauration collective, dans les restaurants, le lien entre la santé et l’alimentation, une conférence avec le parrain de cette édition le professeur cancérologue Belpomme qui a réuni près de 200 personnes, mais également des ateliers cuisine avec des chefs cuisiniers. Une nouveauté à souligner également, le partenariat avec le Lycée de Navarre de Garazi qui nous a permis de proposer un menu du jour parrainé par le chef étoilé Philippe Arrambide de Saint Jean Pied de Port. Autre nouveauté, Lurrama a invité la Dordogne-Périgord. Le repas du vendredi soir consacré à la découverte des saveurs de la Dordogne, à base de produits biologiques cuisinés par Franck et Michèle Jubily chefs cuisiniers périgourdins, a été très bien accueilli, et les “traditionnels zikiro” du samedi soir et repas des chefs du dimanche midi ont affiché complet. L’ambiance festive et conviviale était largement au rendez-vous cette année encore.
Enbata: Précisément, encore une fois, vous avez refusé du monde au repas des chefs de dimanche. A quoi attribuez-vous le succès de cette initiative?
Maryse Cachenaut: Plus que jamais cette année le lien de la terre à l’assiette s’est concrétisé grâce en partie à l’implication des chefs cuisiniers, fidèles de Lurrama et de nouveaux venus qui ont apporté une contribution remarquable. Je crois que les gens sont sensibles à cette démarche. Reste maintenant à chacun d’entre nous à entretenir au quotidien ce lien entre producteurs et con-sommateurs, citadins et paysans tout au long de l’année.
Patxi Noblia
président d’EHLG-en Lagunak
Enbata: L’objectif de Lurrama est d’être un pont entre paysans et citadins. Pensez-vous que cet événement est un moyen approprié pour que les citoyens se sentent concernés par le devenir de l’agriculture en Iparralde?
Patxi Noblia: Depuis 2006 Lurrama est un pari ambitieux, qu’il faut gagner année après année. Par sa nouveauté et son originalité cet événement est fait d’une mixité imaginative à partir du rapprochement du paysan à la ville et à ses consommateurs avec des initiatives et prétextes festifs parsemés de conférences-débats pour alimenter la réflexion.
Tout cela dans un calendrier risqué du seul fait de la météo. Quand il n’y a pas de puissants moyens financiers, il faut de l’enthousiasme et de l’imagination pour 10 et des aides bénévoles par dizaines ou centaines. C’est notre faiblesse et aussi notre force.
Laborantza Ganbara, dont Lurrama est la vitrine annuelle ne prétend rien moins qu’à un changement culturel pour atteindre peu à peu un comportement citoyen tant des paysans que des habitants/consommateurs du Pays Basque.
Enbata: Précisément, comment vont les affaires d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara depuis sa double victoire judiciaire contre le représentant de l’Etat et la Chambre d’agriculture paloise?
Patxi Noblia: Après l’agitation des procès, heureusement et justement gagnés, EHLG est plus que jamais dans le travail quotidien obligatoirement moins spectaculaire. Elle se bat sur le terrain de la promotion de la qualité à produire dans un type d’exploitation économe et durable. De par le travail engagé bien avant sa création et qui justifie la nécessité de cette structure pour répondre à l’avenir d’une agriculture raisonnable et spécifique, ce sont déjà près de 60 % des exploitations qui se sont engagées dans les AOC fromage, piment, Irouleguy, et demain porc basque, ainsi que dans les exploitations fermières avec IDOKI ou biologiques avec BLE comme dans les circuits de vente directe. Si on y ajoute tout le travail sur l’eau, des expéri-ences sur l’agro-carburant (essayé aujourd’hui avec la coopération des pêcheurs) ou les chantiers de mises aux normes pour les rejets, c’est tout une nouvelle façon de vivre l’agriculture qui concerne 2.000 familles sur les 3.200 exploitations existantes en Pays Basque.
Enbata: Si EHLG doit s’inscrire dans la durée, l’engagement de ses soutiens ne doit pas faiblir. Pensez-vous que la moblisation des donateurs peut perdurer sur le long terme?
Patxi Noblia: Malheureusement, rien ne peut se construire et durer sans moyens financiers. Le budget annuel Laborantza Ganbara avec ses 11 salariés tourne à 550.000 e L’appui du gouvernement de Gazteiz (changement de politique et crise aidant) est passé de 12 % du budget des premières années à 0 cette année. Le soutien des collectivités locales (département et région) doit se pérenniser après la levée des doutes juridiques et des agressions administratives. Les aides municipales ne pourront venir qu’après le dépôt de dossiers réalisés au cas par cas et resteront encore très limitées. C’est pourquoi l’appui des donateurs individuels reste fondamental pour pouvoir répondre au projet et aux besoins financiers.
Les donateurs d’Iparralde couvrant ces dernières années —avec l’aiguillon des attaques injustes dont était victime EHLG— près de 40% des besoins, ont fléchi cette année avec un recul de l’ordre de 20% par rapport au record 2009: 216.000 e Pourtant il n’y a pas d’autre issue encore pour les deux ans qui viennent. L’an passé près de 1.500 donateurs avaient participé au financement, dont 75% non agriculteurs.
Pourtant, c’est sûrement par dizaines de milliers que l’on peut sans doute compter ceux qui sont favorables au principe et au projet d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara (voir les votants de Batera). Il n’y a pas d’autre voie pour le futur que d’élargir le cercle des donateurs pour pérenniser cette association indispensable à l’équilibre et à l’avenir du Pays Basque intérieur.
Alors, dans l’immédiat, que les «rares» lecteurs d’Enbata qui n’ont encore rien donné cette année adressent sans délai leur appui à EHLG – 6420 Aihice Mongelos. Pour un don fait avant le 31 décembre, vous bénéficierez d’un crédit d’impôt de 66 % sur votre impôt sur le revenu 2010.
Vous participerez ainsi directement à l’évolution culturelle et écologique de l’agriculture en Pays Basque et à l’émergence d’un nouveau mode de consommation alimentaire.
Mikela Untsain
une exposante fidèle
Enbata: Urtero bezala Lurraman izan zira zuen erle ekoizpenen saltzen. Nolakoa izan da zuentzat Lurramaren bost garren edizio hau?
Mikela Untsain: Lurramako bostgarren edizio huntan parte hartu dut plazer handiarekin, aitzineko urteetan bezala, nere aurtengo ekoizpena proposatzeko. Beste urteetan bezala, antolatzaileek lan handia egin dute materialki eta teknikoki hiru egun horiek prestatzeko. Indar eta elkar lan horren emaitza agertu bada agertu da sortu diren harremanetan, mahain inguruetan, bestan, bakoitzat bere baserrietatik eskaini dezakeen hoberenean. Hots, saloin aberats bat izan da aurtengoa ere..
Jendea ere etorri da, beste urteetan baino gutixago eta desberdina ere nere ustez. Arrazoinak zein diren? Beharbada diru xu-hurtzea edo azken hilabete hontan bizi ditugun istillu soziopolitikoak eta horiek sortzen dituzten kezkak.
Enbata: Euskal Herriko Laborantza Ganbara-k Lurrama sortu zuen baserritar eta hiritarren arteko lotura bat egiteko. Zure ustez betekizun hori lortzen du?
Mikela Untsain: Bai hori da: EHLG-ek Lurrama sortu zuenean helburuetariko bat baserritar eta hiritarren arteko lotura egitea zen eta ene ustez hori lortzen ari du. Aurten beste urteetan ikusten ez genuen jendea gurutzatu dugu, gure laborantzen berri ez zekitenak baina interesatuak zirenak eta ikasi nahian zonbait. Lurramako publikoa zabaltzen eta desberdintzen ari da.
Publiko berri hau usaiakoari uztartzen ari zaio, kalitatezko elikagaiak hautatu nahian gure laborantxak sustengatuz.