Adrien Kempf
A l’occasion de ses 50 ans, Enbata a publié une série de dossiers particulièrement intéressants sur l’évolution d’Iparralde. Il est intéressant de faire quelques comparaisons avec les réalités françaises.
Cela été souvent dit, mais le Pays Basque Nord se distingue particulièrement dans deux domaines: il compte deux fois plus d’actifs agricoles qu’en France (4% contre à peine 2%), ainsi que deux fois plus de résidences secondaires (21% contre 10%).
Si on choisit de privilégier un pays vivant, on ne peut que souhaiter que la première particularité se renforce et que la seconde s’atténue: l’espace doit aller aux paysans plutôt qu’aux maisons secondaires. Cette posture est juste mais simpliste.
Regardons deux autres chiffres: depuis les années 90 la population d’Iparralde progresse plus fortement que la population française (+7,5 % entre 1999 et 2007, contre +5,7 %) et la tendance se renforce. En un mot: le Pays Basque attire. Enfin, si la part de population urbaine (70%) est comparable au chiffre français (75%), la proportion de maisons individuelles est bien plus forte au Pays Basque Nord (80% contre 56%, et même en ne comptant pas Paris, il n’y a «que» 61% de maisons individuelles). Le Pays Basque ac-cueille donc beaucoup de populations et les loge en maison individuelle.
En ce sens les maisons secondaires ne sont que l’expression la plus marquante et symbolique de ce phénomène global. Opposer maisons secondaires et agriculture est correct mais largement insuffisant si l’on veut sauvegarder l’espace et l’activité agricole. C’est la consommation d’espace due à la maison individuelle, en général, qu’il faut ré-duire. Il ne s’agit pas de refuser tout habitat individuel mais de développer l’habitat collectif intelligemment aussi dans les villages.
Les possibilités et les exemples existent de petits logements collectifs qui fonctionnent, en Pays Basque intérieur. Ce sont des habitats qui respectent les formes traditionnelles (maisons basque accueillant plusieurs logements…) et qui permettent aux jeunes des villages de se loger —c’est aussi plus économe financièrement—, ils réunissent les exigences d’habitat indépendant et d’économie d’espace.
Développer cet habitat intermédiaire permettra de concilier l’accueil de population, la vie des villages et le maintien de l’agriculture paysanne et locale.