50 ans dans le rétroviseur

De Jean-Michel Larrasquet, universitaire

Dossier fort intéressant qui souligne les tendances de développement d’Iparralde sur les dernières quarante an-nées. Difficile d’en faire un commentaire global. Je vais donc m’attacher à un point particulier concernant le développement universitaire, en m’appuyant notamment sur un certain nombre de données issues de ce dossier.
On estime aujourd’hui en France à 3.71% de la population le nombre d’étudiants (environ 2.4 millions, ce qui représente environ 60% de la classe d’âge 20-25 ans). En Iparralde, on compte aujourd’hui largement moins de 5.000 étudiants, en comptant l’ensemble des étudiants à l’université (UPPA et Bordeaux 2, environ 3.000), à l’ESTIA (environ 500), la vingtaine de sections de STS (environ 400) et quel-ques autres implantations. Si l’on applique ce pourcentage national de 3.71% à Iparralde (280.000 personnes plus une frange Sud des Landes et la zone transfrontalière immédiate, on peut retenir 300.000 personnes), il doit y avoir environ 11.000 étudiants originaires d’I-parralde (un peu élargi). Dont environ 6 à 7.000 qui étudient hors d’Iparralde. Le tout en ordres de grandeur, n’étant pas en l’occurrence à quelques centaines près.
Pour un pays qui est malgré tout relativement âgé, n’y a-t-il pas une irresponsabilité foncière à laisser partir largement plus de la moitié de sa jeunesse étudiante, qui souvent se fixe ailleurs, sans avoir d’infrastructure pour ac-cueillir, en «compensation» en quelque sorte, des jeunes venus d’ailleurs? Il est donc temps de reprendre le travail sur la 4e revendication de Batera, un peu oubliée me semble-t-il, la revendication d’une université en Iparralde. Nous ne pouvons nous contenter des implantations existantes dont le développement se décide ailleurs, selon des logiques qui ne sont pas les logiques de développement de notre territoire. Car le faible nombre d’étudiants, même s’il est particulièrement frappant, n’est qu’un des aspects des choses. Resterait à dire sur la cohérence du (maigre) développement, la répartition en filières, l’équilibre entre les cycles, la place et le type de la recherche effectuée, le rayonnement international…
Il se trouve que les lignes sont en train de bouger en ce moment dans le monde universitaire aquitain, avec la construction du PRES… C’est sans doute une période favorable pour rebattre les cartes et tenter de doter Iparralde de l’université dont il a besoin pour son développement. Sans doute pas pour une n-ième université de petite taille et touche à tout, essentiellement articulée sur des premiers cycles tertiaires… Mais une université (éventuellement fédérée dans le PRES Aquitain) qui dispose d’un statut spécifique (le statut d’Université de Technologie type Compiègne pourrait certainement en être un) qui lui permette de se développer sur des con-cepts liés à l’international et à l’interculturalité, qui lui permette également un fort ancrage en Hegoalde… Cette université devrait développer des activités appliquées de recherche et d’accompagnement des entreprises et de la société, participant ainsi de façon décisive à l’attractivité du territoire… La plupart des briques pour le faire sont déjà là. Bref, il y a là un projet enthousiasmant, certes complexe et difficile, mais sur lequel il serait temps de se pencher. On a un savoir-faire en Iparralde en matière de construction collective de projets complexe! Alors, allons-y!

De Jean-Louis Sallaberry, chef d’entreprise

Aujourd’hui encore l’accession à la propriété est défini comme le modèle a encourager, la construction de SA maison de 120m2 sur un terrain de 900m2, terrain plat avec de préférence une jolie vue est considéré comme la preuve de SA réussite sociale (quitte a se “serrer la ceinture” pendant 25 ans!).
En Pays Basque ces axiomes sonnent le glas de notre agriculture, de l’aménagement (donc ménagement) de notre territoire et ne règle en rien le problème du logement et des liens sociaux.
L’option, encore accentuée, mise sur le tourisme n’arrange rien. L’augmentation prévue du flux touristique ne peut qu’encourager la construction massive à destination saisonnière et le détournement de l’existant dans cette option.
La spéculation effrénée sur l’immobilier rend impossible l’acquisition de bien et leurs mises en location à des prix raisonnés (7.68 e/m 2) sur la cote basque même en finançant l’achat sur 30 ans avec un taux bas!
Parallèlement à ça on nous parle de l’importance de notre agriculture, de nos “etxe”, de notre culture et en particulier de notre légendaire solidarité festive comme capital attractif touristique!
Notre zone est attractive, soit, mais pour qui? Qui a en souci de la préserver (respect de l’architecture, de l’environnement, pas de mitage)? Qui se souci de la façon de vivre des habitants résidents permanents? Si les valeurs citées plus hauts, sont si importantes, comment peut on laisser se construire des blocs de ciments, d’acier et de glaces au prétexte que ce sont des siéges sociaux, des administrations, ou des centres commerciaux? Comment accepter des abords de communes identiques a ceux de Bordeaux ou de Toulouse, alignement de cubes de tôles sans âmes (qui eux, profitent de l’attractivité sans faillir!)? Comment peut-on accepter que le monde agricole perde tant de surface cultivable par an?
Etxalde, petite association d’une quarantaine de membres a décidé de participer à son niveau à la réappropriation du sol en Pays Basque par un rejet total de la spéculation et la mise en location de ses biens au prix le plus bas possible sans toutefois mettre sa pérennité en danger.
Le choix de la structure associative est lié au fait que le statut empêche toute velléité de spéculation par les sociétaires leur “part” étant en fait une cotisation il n’y a pas de risque de remboursement ou de cession de titre avec une valeur majorée comme dans le cas d’une SCI ou du GFA.
La gestion de l’association est entièrement bénévole.
Les opérations réalisées sont opportunistes car proposées à des prix d’acquisition raisonnable par des vendeurs soucieux de ne pas abonder la bulle spéculative.
La vision est durable car le “bien être” des locataires et le coût d’utilisation du bien sont pris en compte.
Le logement n’est pas un bien comme les autres, c’est un droit.
Nos anciens l’avaient bien compris l’etxe était le fondement de l’organisation sociale d’ailleurs aujourd’hui on parle de: “recréer du lien social de la mixité, de faire du durable, de maintenir les “anciens” à domicile”… Indignons nous… cela est salutaire! www.etxalde.org

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