Jusqu’à la mobilisation du 1er juin à Bayonne en faveur d’une collectivité territoriale, Enbata.info propose, chaque semaine, une rencontre avec les différents promoteurs de ce projet…
Marie-Christine Aragon, Conseillère générale PS de Bayonne Est.
Alors qu’on vit une crise multiple (économique, sociale, écologique, etc.) sans précédent, pourquoi vous mobilisez-vous pour une Collectivité Territoriale ?
Le système capitaliste vit une crise comme il en connaît régulièrement. Il veut se faire passer pour un système d’équilibre (entre l’offre et la demande, le travail et le capital, …) mais est en fait un système dans lequel la course à la maximisation du profit des uns génère la guerre permanente de l’ensemble de la planète (concurrence entre les personnes, entre les territoires …). Seules l’intervention publique forte et l’organisation démocratique et sociale permettent des périodes de répit. La création du Département Pays Basque constitue une étape de la décentralisation qui permet de créer une vraie dynamique démocratique au niveau local et répond à la volonté des acteurs locaux de prendre leur destin en main grâce à une gestion de proximité, dans le cadre de la république qui assure l’égalité des citoyens et des territoires, le respect des règles économiques et sociales et la redistribution des richesses.
Comment montrez-vous ou expliquez-vous à la population l’intérêt et l’urgence de cette revendication ? Bref, quel angle chaque citoyen pourrait utiliser pour aborder le sujet avec “ses voisins” ?
L’intérêt de cette revendication est plus aisé à expliquer que son urgence, la langue, la culture, le patrimoine matériel et immatériel, l’histoire mais également l’agriculture et ses spécificités, l’économie ou le tourisme constituent des raisons très largement partagées. L’urgence, quant la revendication date de 1790, ça ne fait que 223 ans … La création du Pays (en 1997) puis la signature de la Convention Spécifique (en 2001) ont permis aux élus mais également aux acteurs économiques, sociaux, culturels, etc. d’apprendre à travailler ensemble, de co-construire des projets dépassant leurs intérêts immédiats et particuliers. La suppression des Pays par le gouvernement Sarkozy a créé la nécessité de trouver, en urgence, une réponse pour la gouvernance Pays Basque.
Pourquoi et comment êtes-vous arrivés à travailler ensemble via une Coordination Territoriale ?
Le travail a débuté dans le cadre du Conseil des élus et du Conseil de développement. Deux raisons à l’origine, la suppression des Pays avec comme conséquence la fin du contrat territorial qui permettait, grâce à une contractualisation avec le département, la région et l’état, de mener à bien des projets ambitieux et structurants, d’une part puis le projet d’acte III de la décentralisation porté par le Président Hollande, d’autre part sont les déclencheurs de cet important travail qui a mobilisé durant plus de 2 ans plusieurs centaines de personnes. Le Conseil de Développement, puis le Conseil des Elus ont acté le choix institutionnel de la Collectivité Territoriale.
Pourquoi se mobiliser le 1er juin ? L’idée c’est de contourner le fatalisme du type “Comme on ne peut attendre le miracle sur la Collectivité Territoriale”, la mobilisation ne risque-t-elle pas de paraître “une course pour une vaine chimère””
Les réformes institutionnelles ne constituent pas habituellement des moteurs d’engagement populaire. Vu de Paris, la demande d’un cadre institutionnel élu démocratiquement au suffrage universel est peut être considérée comme une lubie d’une poignée d’élus locaux. Il est important qu’au-delà des élus et des acteurs socio-économiques et culturels, la population locale soit présente pour exprimer son soutien à la Collectivité locale Pays Basque.