Les négociations sur le commerce transatlantique, les élections cantonales de mars prochain et la question de l’institution pour Iparralde font partie des dossiers majeurs qui vont alimenter la chronique locale au cours de l’année qui s’ouvre. Le menu est loin d’être aussi étique qu’un talo.
Septembre-octobre, c’est le moment où chacun prépare son année. Evidemment, l’année civile commence bel et bien le 1er janvier ; mais par une occulte alliance entre le puissant lobby écolier-collégien-lycéen-étudiant et le non moins puissant lobby constitué par leurs enseignants, le monde semble s’arrêter aux vacances d’été pour ne recommencer à vivre qu’à la rentrée. Il en est quasiment de même pour la vie politique, et il est donc temps de passer en revue ce qui fera l’année à venir.
Un enjeu européen
Pour commencer, convenons entre nous que souvent les enjeux dépassant le cadre bien concret du localo-local nous intéressent en principe, mais qu’ils passent en pratique au second plan dans notre action quotidienne. Il en est ainsi de tant d’enjeux environnementaux, macroéconomiques ou sociologiques. Or pour rester dans l’occultisme tout en laissant temporairement en paix nos amis du monde scolaire (certains d’entre eux étant quelque peu soupe-au-lait du côté de Saint-Jean-de-Luz), il se trouve que dans la plus grande discrétion se négocie en ce moment le traité de commerce transatlantique (TAFTA), dont l’excellent Jakes Bortayrou a parlé dans un précédent numéro d’Enbata. C’est typiquement un sujet sur lequel faute d’information
régulière, faute aussi de pouvoir aisément nous convaincre qu’on a un rôle à jouer alors que cela semble tellement nous dépasser, on pourrait finalement rester passif. Or l’enjeu est énorme. Loin d’être une lubie plus ou moins gauchiste, c’est une réelle hypothèque sur notre vie quotidienne telle que quiconque ici, de droite comme de gauche, se plaît à vouloir la préserver. Que cet accord soit signé, et demain une firme agroalimentaire américaine pourra attaquer en justice et faire condamner une collectivité locale d’Iparralde interdisant la mise en culture de plants OGM ou l’usage de certains pesticides sur son territoire ; une grande marque de tabac pourrait faire de même pour contrer une campagne de prévention. Ce ne sont là que deux exemples déclinables dans tous les domaines, de la santé à l’alimentation, en passant par le droit du travail ou la culture. Ma voisine, qui vote Peyuco Duhart et travaille dans le secteur de la santé, est aussi scandalisée que moi par le TAFTA, c’est dire…
Sauf que contrairement à ma voisine, les militants que nous sommes avons l’habitude d’alimenter les mouvements citoyens, de ne pas rester les bras croisés face à la marche du monde. Il me semble tout aussi important de mobiliser nos forces sur ce thème que sur celui de l’institution ou de l’euskara, surtout si l’on souhaite rester cohérents avec notre projet fédéraliste européen que l’on brandit à la veille des élections européennes, mais qu’on oublie souvent ensuite. La lutte contre ce traité, qui se joue
en ce moment en Europe, fait partie de notre projet politique.
Le virage institutionnel
Au plan local, la question institutionnelle connaît un virage. Ou un “mirage”, je ne sais pas trop ; car l’intervention du préfet dans le débat, avec ses gros sabots et son autorité quasi bonapartiste, n’est peut-être finalement que de la poudre aux yeux. En effet, comment penser qu’avec le simple rappel des possibilités offertes par la loi, en outre en plein contexte de refonte institutionnelle et de débat parlementaire à cette heure non encore achevés, et considérant que les cartes pourraient être encore rebattues au lendemain des élections départementales (voire régionales) de l’an prochain, le champ des possibles soit aussi contraint ?
Comme on ne fait pas une partie de mus sans établir au préalable si on joue en 6 ou en 8 hamarreko, avec ou sans keinu, bref sans connaître la totalité des règles communes, on ne se jette pas à corps perdu dans les méandres des propos préfectoraux sans que l’ensemble des données de la question soit connu. Anticiper, c’est bien, brûler prématurément ses vaisseaux tout en prenant au passage le risque de se diviser, c’est précisément faire le jeu du préfet.
Au-delà des modèles de structuration évoqués par le préfet,
c’est bel et bien la constance de l’engagement des uns et des autres
en faveur de la collectivité territoriale
qui constituera le marqueur des candidats
dans le domaine institutionnel.
L’étape des départementales
Quoi qu’il en soit, il est incontestable que le débat institutionnel sera l’un des enjeux majeurs de l’année à venir. Il sera aussi l’un des thèmes de débat durant la campagne des départementales. Au-delà des modèles de structuration évoqués par le préfet, c’est bel et bien la constance de l’engagement des uns et des autres en faveur de la collectivité territoriale qui constituera le marqueur des candidats dans le domaine institutionnel. Pour le reste, déjà confrontés à la sombre perspective du retour aux affaires de la droite dans la plupart des lieux de pouvoir en France d’ici 2017, nous ne pouvons que constater aussi la disparition progressive de la gauche depuis ces dernières années : une “gauche de la gauche” dans les abîmes, des écologistes décrédibilisés par leur passage au gouvernement Ayrault, un PS qui a fait le choix on ne peut plus clair de sa tendance la plus libérale…
Que reste-t-il comme alternative ?
En France, il est malheureusement clair que la désespérance fait le lit du FN.
Mais ici, au Pays Basque, le mouvement abertzale a déjà fait la preuve de l’existence d’une force alternative à cette gauche française défaillante. A ce titre, après les succès électoraux de ces dernières années, voici venir des élections départementales d’un nouveau type : nouvelle carte, nouvelles compétences, nouveau mode de candidatures, tout cela ayant souffert d’une bonne dose d’improvisation de la part du gouvernement et avec lequel il faudra bien qu’on se débrouille. Pour Euskal Herria Bai, mouvement en pleine structuration, c’est un nouveau test, une nouvelle étape. Avec tout cela, et tout ce dont je n’ai pas ici la place de parler, voici pas mal de talo sur la plantxa pour l’année à venir. On dagizuela.