Le PP et Ciudadanos exigent de la télévision basque le retrait de cette série basée sur des faits réels. Ambiance dans un pays où selon certains, il n’y a pas de conflit politique.
Le 15 octobre 2016 à Alsasua en Navarre, huit jeunes abertzale se disputent avec deux gardes civils dans un bar. Ils ne sont pas en service. La discussion dégénère et ils en viennent aux mains à l’extérieur de l’établissement. Arrêtés, les huit jeunes seront condamnés à des peines allant de dix huit mois à 9 ans et demi de prison, pour attentat à l’encontre d’agents détenteurs de l’autorité, désordres publics et menaces. L’un des jeunes inculpés est membre d’un collectif local qui réclame le départ de la guardia civil de la petite ville d’Alsasua. L’affaire jugée en 2018 par l’Audiencia nacional défraye la chronique, alors qu’un trait a été tiré sur la lutte armée par l’un des belligérants.
La télévision basque vient de diffuser le 9 décembre le premier épisode d’une série de quatre consacrée à cet évènement et ses conséquences. Deux partis politiques, le PP et Ciudadanos exigent d’ETB le retrait «immédiat» de ces émissions. Covite, collectif de victimes du terrorisme qui à l’époque, s’était porté partie civile dans le procès, leur emboîte le pas. Ils affirment qu’ETB, «de façon malsaine, présente les gardes civils comme provocateurs et autoritaires, alors que les agresseurs sont dépeints comme victimes d’une manipulation». Luis Gordillo, député PP-Ciudadanos au parlement autonome basque, ne supporte pas qu’un épisode de la série rappelle l’animosité entre les jeunes d’Alsasua et les gardes civils. Dans le film, un sergent déclare à l’un des jeunes, lors d’un contrôle de police antérieur aux faits: «Qu’ils aillent se faire enculer, si ça ne leur plaît pas d’être Espagnols, qu’ils dégagent !». Le député de droite ajoute que la télévision basque «passe de la telebatzoki à la teleherriko», ETB «doit arrêter de miner les institutions de l’État et de blanchir les terroristes».
Covite accuse ETB de «promouvoir une fausse théorie du conflit en faisant pencher la balance du côté des terroristes et de ceux qui justifient» leurs actions. Air connu, il n’y a pas de conflit, récemment on a déjà entendu cela à Bayonne et à Biarritz. Pour le porte-parole national de Jucil, l’association professionnelle de la guardia civil, cette «série télévisée est la poursuite du conflit par le récit, un récit parallèle fait de purs mensonges».
Asier Urbieta, auteur du scénario, se défend. Par souci de neutralité, il a préféré ne pas présenter de version filmée de l’affrontement physique entre les jeunes Basques et les gardes civils dans la rue, tant les versions divergent. Son travail est basé sur les 450 pages du dossier judiciaire rendant compte du procès qui a duré trois semaines. Les huit jeunes ont accepté de le rencontrer pour préciser leur version des faits. Quant aux gardes civils, ils ont refusé tout dialogue avec le cinéaste.
Cette affaire pourrait sembler secondaire ou anecdotique. Mais l’histoire en dit long sur un climat qui se prolonge, alors que le conflit a perdu de sa virulence. La bataille du récit se prolonge. Devant cet appel à la censure, on attend que les bonnes âmes élèvent la voix. Celles qui habituellement accusent les abertzale de ne pas respecter les principes de la démocratie et de l’État de droit.
Hala ere, serie osoa ikusi ahal izan dugu, eta pozik, faxista batzuk aurkeztu nahi zuten zentzura saioak porrot egin duelako.Serie horren kontra direnak fede txarrekoak dira, “La Bataille d’Alger” aurkez ez zedin nahi zutenen tankerakoak.
Le réalisateur s’est appuyé sur les écrits du procès, je pense qu’il respecte la vérité. Les gens de la GC n’ont pas voulu participer, sûrement ils n’avaient rien à ajouter ou retrancher de ce qui figure sur les actes du procès.
Vive la vérité et celles el ceux qui la rendent publique.