Sécurité globale, que fait la police ?

PoliceJustice

Les attaques du ministre français de l’intérieur contre le droit de presse concernent, bien au-delà des seuls journalistes, des libertés fondamentales et plantent un modèle de société inquiétant qui affranchit les policiers d’un contrôle social salutaire.

Pas besoin d’épiloguer sur la crise politique en cours au sommet de l’État, autour de la loi dite de “sécurité globale” et d’un article 24 aussi improbable que la retraite offensive du ministre de l’intérieur. C’est que ce Gérald Darmanin, jambe droite de la politique macronienne, ne sème pas le chaos qu’au Parlement ou dans les salons feutrés de l’Élysée mais ébranle également quelques fondamentaux de nos droits citoyens en faisant croire sans rire “qu’il n’y a pas de concurrence à avoir entre les deux libertés de notre pays, la liberté de la presse d’un côté et la protection des policiers et gendarmes”. La seule image du stylo bille ferraillant contre la matraque télescopique, ou de l’appareil photo pointant un flash-ball, pourrait effectivement faire sourire, si l’époque se prêtait aux amalgames ironiques. Mais ce n’est pas le cas.

En ces temps où la fonction de journaliste est soulignée, mettre sur le même plan la liberté d’informer et celle de se faire massacrer au coin de la rue est un désastre qui promet de plomber la presse comme d’ailleurs les forces de l’ordre et finalement tous les idéaux qui resteront coincés dans cette mêlée “globale”. Avec comme but affiché de protéger la police des griffes des journalistes ou de leurs pendants des réseaux sociaux qui, certes, n’existaient pas lors de la promulgation de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

Pourtant, il ne s’agit pas d’un privilège de journaliste mais d’un droit collectif stipulant que “tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement” en restant dans les clous de la loi et dans ceux plus dissuasifs des chaussettes de la maréchaussée. Les forces de l’ordre n’ont d’ailleurs pas attendu Gérald Darmanin pour affirmer leur non-droit et n’importe quel photographe de presse peut témoigner de la lutte incessante contre les forces de l’ordre pour gagner son bout de macadam et répondre, pour le moins, aux intimidations, aux bousculades, aux obstructions gratuites.

Il y a belle lurette que les policiers, toujours sensibles au commandement et à la hiérarchie, auraient dû être rappelés à l’ordre. Darmanin leur donne à l’inverse des ailes, qu’ils éprouvent sans attendre que la loi soit promulguée.

A Bayonne, un journaliste est interdit de photographier dans la rue. A Paris, un autre est matraqué sur un trottoir. L’article 24 de cette loi, qui devrait finalement être entièrement réécrit, promet de lourdes sanctions pour “le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police”.

Black-out opportun

Considérant que les policiers s’encagoulent lors d’opérations sensibles et qu’aucune affaire n’établit qu’un fonctionnaire de police ait pu être agressé en raison de son identification sur une image, cette loi trouverait son utilité immédiate dans un black-out opportun pour tarir le flux incessant de brutalités et d’exactions policières qui se déverse abondamment dans les médias. C’est-à-dire qu’elle donnerait une impulsion nouvelle à une police de répression au service d’un seul pouvoir politique, bien loin de cette liberté vantée par Gérald Darmanin.

Le philosophe Michel Foucault nous avait déjà prévenu que la fonction policière était plus proche de cette idée que de celle d’un service public apparent. Il reste qu’aujourd’hui, le développement des réseaux sociaux donne une nouvelle dimension à la nécessité d’informer.

Pour le pire avec l’augmentation de fake news et la navrante propension à préférer l’info du pékin à celle du journaliste. Pour le meilleur depuis que chacun a un appareil photo dans la poche et peut témoigner en direct.

C’est ce contrôle social, déjà encadré par la loi, qui est aujourd’hui sérieusement attaqué.

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre,
financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info
ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.

« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.

Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.


Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin
edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.

Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.

«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.

Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.


50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.

Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).