En pleine forme, Jean-Marc Abadie brocarde notre hôpital rénové dont pourtant nous avons tous besoin. Qui aime bien… D’autant que la critique pertinente porte à l’excellence.
Jeudi 2 mai, midi, sur France bleu Pays Basque. Les infos nous annoncent que 50 contrats à durée déterminée ne seront pas renouvelés au Centre hospitalier de la Côte basque. Pour l’anecdote, et en guise de transition, le journaliste s’emballe à la fin du reportage à peu près en ces termes: “Mais il y a aussi de bonnes nouvelles, la PAF (Police des Airs et des Frontières) recrute à Hendaye par le biais de poste d’adjoints de sécurité”. On est sauvé! Sous la droite UMP et Sarkozy-Fillon, des milliers de postes étaient supprimés à l’éducation nationale alors que des prisons étaient créées. Avec le PS et Hollande-Ayrault, ce sont des personnels de santé qui sont renvoyés chez eux pendant que la police recrute. C’est bien cela: pour aider les personnes qui ne sont pas latéralisées, on dit toujours que pour reconnaître la gauche de la droite, c’est assez simple. La gauche c’est la main où le pouce est à droite.
Il faudra être très patient !
Après avoir regardé votre main gauche, il faudrait se concentrer sur ce qui suit. Les restrictions de postes à l’hôpital sont dues en partie à la tarification à l’activité (T2A pour les initiés) instaurée en 2004 par la droite visant à mettre en place un nouveau mode de rémunération des hôpitaux et des cliniques en fonction de leur activité. Selon le Canard Enchaîné du 30 avril, “une enquête démontre que cette usine à gaz, conçue pour brider l’activité, a, au contraire, entraîné une augmentation de celle-ci de 2 % environ”. Parmi les effets pervers, les cliniques sélectionnent les malades les plus “rentables”, notamment les plus “légers” et ceux dont l’intervention sera la plus lucrative (tarif par groupe homogène de patients). De même, on fait tout pour que les patients soient hospitalisés le moins longtemps possible. Logique, renchérit le volatile: “dès lors qu’elle introduit un paiement forfaitaire qui ne dépend pas de la durée du séjour, la T2A incite à réduire les coûts et donc la durée du séjour”. Ce qui entraîne une tendance à la hausse alarmante du taux de réadmission à trente jours. CQFD.
Pin Pon !
Dans sa lettre mensuelle, le directeur de l’hôpital, Michel Glanes, explique: “Chaque année l’établissement a dégagé un excédent d’environ un million d’euros(…). Pourtant cette situation favorable ne va pas durer(…)”. Malgré une hausse d’activité donc, “la baisse des tarifs a engendré une perte de recettes importante par rapport aux quatre premiers mois de l’année entre 2012 et 2013. Soit près d’un millions d’euros”. Selon lui, les diminutions des dotations sur d’autres activités vont “nécessiter un ajustement de nos dépenses”. Et de citer, pêle-mêle, le coût de la restructuration de l’hôpital (estimé à 126 millions fin 2002) qui atteint aujourd’hui 248 millions d’euros (dont on peut légitimement se demander s’il n’aurait pas été plus opportun d’édifier un hôpital dans un autre lieu hors du centre-ville), l’augmentation de certaines charges, les nouveaux recrutements, le montant des remboursements de l’emprunt… Pour le directeur, il faut organiser un “plan de stabilisation budgétaire” afin de “geler ou de décaler un certain nombre de mesures nouvelles prévues en 2013 (recrutements, nominations, avancements…)”.
Un capitalisme sinon rien !
L’inquiétude des personnels et des syndicats est légitime. Les emplois seront-ils maintenus? Y a-t-il une volonté cachée de casser le statut des fonctionnaires des hôpitaux? Le personnel devrait-il faire des efforts pour palier la mauvaise gestion des directions successives dont le coût faramineux de la restructuration? Ce qui est en jeu c’est bien la survie d’un service public de santé de qualité. Avec la santé, le capitalisme s’attaque à un pilier de la solidarité, à la qualité des services rendus aux patients. Nous sommes tous concernés. A nous tous d’être solidaires de ce service et de ses employés.