Jean-claude IRIART, Conseiller municipal et communautaire
La Fédération Seaska vient de lancer un appel à la mobilisation car elle considère que les moyens en postes d’enseignants, annoncés pour la prochaine rentrée ne sont pas à la hauteur des besoins liés à son développement et à l’augmentation de ses effectifs. Certains penseront qu’il s’agit là d’une simple mobilisation de plus afin d’obtenir quelques postes supplémentaires. Le contexte est plus complexe et malheureusement plus grave aussi.
Ces dernières années, les moyens d’enseignement affectés aux écoles, collèges et lycée de Seaska étaient discutés dans le cadre d’une convention associant l’Education Nationale, Seaska et l’Office Public de la langue basque. Cette convention signée pour la 1ère fois en 2009 pour une durée de 3 ans, a été par la suite renouvelée à 2 reprises en 2012 et en 2015 pour de nouvelles périodes de 3 ans. La préparation de la rentrée 2018 constituait donc la dernière échéance de la période en cours, avant d’engager les discussions relatives à la poursuite de ce cadre conventionnel.
A l’origine, la mise en place de cette convention avait été inscrite au programme de travail de l’OPLB et visait justement à dépasser les difficultés et les tensions qui ponctuaient de manière récurrente les négociations préparatoires aux différentes rentrées scolaires.
Les discussions très longues avaient au final débouché sur un accord formalisé par la signature d’une convention qui contenait plusieurs avancées significatives dans la structuration d’une relation de travail entre les 3 entités. Ce texte reconnaissait officiellement pour la première fois le modèle pédagogique développé par la Fédération Seaska et sa contribution décisive à la formation de jeunes locuteurs. Ce texte précisait également un certain nombre de critères et de modalités devant guider l’affectation annuelle des moyens d’enseignement et l’ouverture de nouveaux établissements.
Depuis la première signature en 2009, l’application de cette convention ne s’est bien sûr pas déroulée sans secousses mais bon an mal an, les compromis acceptés de part et d’autre ont permis de préserver ce cadre de travail animé par l’OPLB et d’accompagner le développement des ikastola au bénéfice de l’apprentissage du basque par les jeunes générations.
C’est pourquoi les difficultés du moment revêtent un enjeu qui dépasse le seul cadre de la préparation de la rentrée 2018. Les propositions de postes aujourd’hui formulées par le Rectorat sont trop en deçà de ce qui était prévu dans la convention. La contraction des moyens dont il dispose explique vraisemblablement ce raidissement. Mais si la situation ne devait pas évoluer, la rentrée dans les ikastola ne pourrait se faire qu’au prix d’une dégradation significative du système d’enseignement, les conditions pour préparer une nouvelle convention seraient difficilement réunies et une période de forte incertitude pourrait s’ouvrir à nouveau pour Seaska. Les progrès réalisés ces dernières années dans la revitalisation de l’euskara par les jeunes générations sont encore trop fragiles pour se permettre un tel risque de retour en arrière.
Dans ce contexte, il n’y aura vraisemblablement pas de sortie de crise sans implication du Ministère de l’Education Nationale dans la recherche de solutions. Pour la rentrée qui s’annonce et pour celles qui suivent. Dans le prolongement des efforts menés jusqu’ici, la politique éducative en Pays Basque doit continuer d’accompagner fermement le développement de l’enseignement du basque, toutes filières confondues. Sans retour en arrière !