Quel Pays Basque demain ? C’est la question de fond qui est posée dans le débat sur l’encadrement du marché immobilier et locatif en Pays Basque.
La crise du logement frappe très durement les milieux populaires au Pays Basque. Se loger à prix raisonnable dans la commune de son enfance, dans les quartiers qu’on aime, près de son travail ou de l’école de ses enfants est devenu mission impossible pour les revenus les plus modestes. Ce sont les jeunes, les femmes seules avec leurs enfants, les personnes âgées à petite retraite, les personnes invalides, les travailleurs précaires, les familles avec de petits salaires, qui sont obligés d’accepter des conditions de logement indécentes, des prix fous ou des baux précaires… sans compter ceux qui doivent s’exiler, toujours plus loin, pour pouvoir se loger, s’éloignant de leurs amis, de leur famille, de leur travail, et ajoutant à leurs difficultés de nouvelles galères de transport.
Il faut choisir
Derrière la question du logement, c’est toute la question du territoire dans lequel nous voulons vivre qui se révèle : un territoire où celles et ceux qui habitent ici, qui travaillent ici, quelques soient leurs origines, peuvent vivre dans des conditions décentes pour eux et pour leurs enfants, s’investir pleinement pour donner de la vie à leurs quartiers, y créer des espaces de convivialité, d’entraide, de solidarité… bien loin d’un terrain de jeu pour multi-propriétaires fortunés où les prix seraient inabordables et les volets fermés une bonne partie de l’année. Bref, Pays Basque vivant et authentique ou cité balnéaire artificielle, il faut choisir. Et le choix se fait maintenant, car la spéculation immobilière à l’œuvre s’empare chaque année et transforme en profondeur de manière irréversible de nos terres, de nos logements, de nos quartiers, de nos communes.
Premières victoires
La mobilisation déterminée qui s’est renforcée ces trois dernières années en Iparralde a permis de faire bouger certaines lignes dans le bon sens et d’arracher de premières victoires significatives sur ce terrain. Unissant société civile et les élus du territoire conscients que le droit même de la population locale de continuer à y vivre était menacé, cette mobilisation a par exemple permis l’instauration de la compensation qui a stoppé la transformation par milliers de nos logements en airbnb permanents. Elle va également permettre d’expérimenter l’encadrement renforcé des loyers dès l’année 2025. Les nouveaux loyers de la zone tendue du Pays Basque, où vit les trois quarts de sa population, ne seront désormais plus fixés par la loi du marché toute puissante, mais par des prix fixes au mètre carré de surface habitable. Cela mettra fin à l’augmentation actuelle et incontrôlée de ces loyers.
Spirale mortifère
Mais on ne peut en rester là. L’encadrement des loyers, c’est (très) bien, mais les prix de vente du foncier et du bâti restent dépourvus de toute limite, dépendant de la seule loi de l’offre et de la demande. L’explosion de ces prix qui découle de l’absence de tout encadrement du marché immobilier et foncier empêche la population locale d’accéder à la propriété, fige les parcours résidentiels, rend difficile voire impossible la production de logements sociaux. Elle attise les convoitises, provoque une prolifération de congés pour vente et des délogements qui vont avec. Et là, contrairement à d’autres problèmes pour lesquels les solutions possibles existaient en l’état actuel du droit, les élus et collectivités locales peinent à trouver les outils et stratégies permettant de combattre cette spirale mortifère.
Que faire ?
Alors que faire ? Ne pas se résigner, réfléchir et travailler collectivement pour imaginer pratiques et dispositifs innovants, se mobiliser pour exiger des évolutions législatives et de nouveaux outils légaux, et mettre en place des stratégies efficaces et gagnantes. C’est tout l’objectif de la journée Auzolan pour le droit au logement qui se tiendra à Bayonne le samedi 15 juin à partir de 15H00. (1). Participons y nombreuses et nombreux, motivés et déterminés.
(1) au programme, conférence et tables-rondes à 15H00 à l’IUT place Paul-Bert, village associatif, stands, expositions, prises de parole et animations diverses à la place Patxa à partir de 18H00 suivi de concerts sous chapiteau.