Les élections municipales du printemps prochain se profilent à l’horizon. Quelle stratégie pour les abertzale ? Listes autonomes ? Participation à des listes ouvertes dès le premier tour ? Pantxoa Bimboire penche pour la deuxième option. Il nous en donne les raisons.
Par simplification, le mot abertzale sera ici pris au sens très large, englobant aussi les tenants des initiatives décentralisées, en réelle rupture avec les cinq grands partis nationaux dont on a pu voir la faible efficacité territoriale pour défendre les amorces de solution comme la collectivité. Le poids des abertzale est différent d’une ville à l’autre, comme est différente la taille de la ville et les enjeux, rien de bien nouveau dans cette idée. Les conduites d’alliance au premier tour sont un pari pour le second, pas toujours évident. En dehors du choix du candidat pour ses idées, les questions restent : le candidat va-t-il gagner, notre politique abertzale trouvera-t-elle un meilleur écho, le nombre de places négocié est-il suffisant, l’ordre de ces places donc le rôle au sein du conseil municipal est-il approprié ? Mais l’approche d’une liste à majorité abertzale n’est pas toujours non plus la meilleure pour d’autres raisons internes que je me permets d’avancer : connaissance quelquefois limitée sur les réelles questions fondamentales de la municipalité, réduction des problèmes sur des axes privilégiés confortables mais quelquefois trop radicaux (pour faire simple revendications Batera + preso + langue basque…). Bref vérité en deçà de Biarritz, erreur au-delà, pour paraphraser un grand auteur, dont la traduction basque serait: herri bakotxak berea!
Approche rassembleuse
L’ambition de ce propos n’est pas de donner des leçons aux partants pour des listes autonomes, ni un catalogue universel pour négocier avec la tête de liste du candidat maire.
Je me placerai principalement sur le point de vue économique avec le leitmotiv de l’accroissement de la valeur ajoutée pour le village ou plutôt pour la communauté de communes. Néanmoins, dans le cas d’une liste commune avec un candidat externe, rien n’est garanti pour que le colistier abertzale puisse jouer un rôle dans cette communauté. Il serait néanmoins fort utile qu’il le demande ou qu’il négocie les voix de passage pour proposer ses idées. La prise en compte des modalités de proposition peut aussi orienter le choix du candidat externe quand politiquement, c’est un cas fréquent, rien ne distingue les candidats, si ce n’est leur ego.
De l’agriculture…
Economiquement, donc, inventaire du nombre d’agriculteurs (vivant de leur statut), appui à leur métier (conservation des terres agricoles, ou accroissement, prévention de l’arrêt de l’exploitation, familiarisation avec les experts Safer, EHLG, chambre d’agriculture), favorisation des circuits courts et des possibilités de vente en infra-territoire (marchés, AMAP, cuisines collectivités…), encouragement sur le terrain des débuts des initiatives (Lurzaindia, ogia, haragia, etc.). Ce point est d’une importance vitale pour l’économie au sens large. Il permet la diminution de la tension sur le foncier, la fixation de la population, la production locale agroalimentaire dont les enjeux futurs seront relativement importants dans les problématiques de responsabilité sociétale et d’économie durable.
Aux artisans et industriels
Réflexion analogue sur le monde des artisans et des entreprises industrielles. Contacts à avoir avec des expertises CCI, Chambre des métiers, office public foncier, quand seront abordés les besoins en extension ou les relocalisations. Dans ce même esprit et, sur zone de Saint-Palais (mais associer aussi Garazi, le frère ennemi dans le contexte d’une rivalité idiote), il faut participer à la zone d’activité dédiée agroalimentaire. Les acteurs en seraient les mairies, communautés de communes, Conseil général, grosses entreprises telles Lur Berri et son staff technique de haute volée, mais aussi petites autour d’Uztartu, Lycée Errecart, EHLG, Chambre d’Agriculture, CCI, Chambre des métiers et une grosse envie de travailler ensemble. Je n’évoque pas la Soule qui a une grosse longueur d’avance sur son destin industriel… Risquer des expériences est utile et il n’y a pas de complexe à avoir, à l’heure ou certaines communes ont risqué beaucoup plus, sans meilleur succès (cité de la mer).
Privilégier l’emploi et la création de richesse ainsi que la réappropriation de l’économie par le territoire
De façon systématique, au niveau de la communauté de communes, il sera intéressant de renégocier les gros marchés, en général confiés en sous-traitance, par paresse (?) ou par confort (?) au gros “templiers” de l’économie hexagonale (assainissement, réseaux, gaz, eau, transport, parking…). Si une renégociation est trop difficile, il sera étudié avec le sous-traitant des clauses de partage de marché avec les entreprises du territoire ou des clauses de prises de stagiaires dans les équipes, ou autres échanges qui ne nous laissent pas trop perdants devant ces gros monstres politico-financiers. Les notions d’économie environnementales seront, aussi, bien entendu, favorisées et les bonnes pratiques développées ailleurs, étudiées. Toute production d’énergie ou de traitement de déchets, amenant, durablement, une autonomie au territoire sera encouragée (micro méthanisation, panneau solaire, micro-centrale…). Mais la position sera dégagée de tout dogmatisme, privilégiant l’emploi et la création de richesse. L’exemple du combat en faveur des micro-centrales en Basse-Navarre et en Soule est symptomatique. Toute réappropriation de l’économie par le territoire devra être encouragée comme par exemple les initiatives de prise en charge collective du type Hemen, Herrikoa…
Au niveau de la politique générale foncière, une action de fond d’achat de terre devra être menée, par la commune ou la communauté, pour aménager de l’immobilier après enquête des besoins internes de la commune, pour construire selon les orientations de concentration étudiées pour éviter mitage, surconsommation d’espace, et frais annexes : transport, énergie, déchets, mais aussi et surtout, pour réaffecter des terres à l’agriculture et à l’artisanat ou l’industrie.
Donner une image positive
De mon point de vue, les discussions sur ces points lors des négociations ou des constitutions de listes devraient donner aux abertzale une image plus positive. Les autres axes habituels pourraient être joints à ceux-ci, parmi eux, bien entendu, un axe primordial et politique, au sens noble du terme, est la reconnaissance du territoire (collectivité territoriale). Il me semble impossible de rentrer dans une liste dont la tête ne s’est pas exprimée en faveur de cette orientation. On peut penser qu’une campagne avec liste ouverte à dominante abertzale permette mieux de débattre avec la population de ces thèmes qui restent encore trop souvent à l’écart des préoccupations de l’électeur, malgré leur importance stratégique. Une forte majorité “d’apolitiques”, dont ce pays a besoin, pourrait nous suivre sur ce terrain. Cette campagne serait aussi un rendez-vous pour que notre image sorte de la caricature dans laquelle nous sommes enfermés depuis trop de temps avec les renoncements que chacun de nous porte comme un sac de montagne trop chargé.