Ces dernières années, la crise Covid et la guerre en Ukraine ont entraîné un dérèglement des marchés mondiaux qui a prouvé notre dépendance envers l’importation de toutes les matières premières. L’inflation des prix a fortement impacté les citoyen.nes, pour qui, voyant leur pouvoir d’achat diminuer comme la neige dans nos Pyrénées, il est malheureusement difficile de se tourner vers des produits locaux de qualité. Il est même devenu monnaie courante de se priver de certains aliments. L’agriculture, secteur déjà en grande difficulté, est définitivement tombée dans une crise profonde.
Voilà donc maintenant plusieurs semaines que le monde agricole exprime sa colère plus que légitime. En effet, le malaise des paysan.nes qui ne peuvent vivre de leur travail est une réalité prégnante à l’heure de la libéralisation à tout-va du marché agricole et alimentaire. Néanmoins, les mesures annoncées par le gouvernement français sont basées sur une vision productiviste à court terme et sont loin d’apporter des réponses convaincantes dans le but de garantir un revenu digne à tou.tes les paysan.nes.
Pour EHBai, c’est l’interdiction de la rémunération en dessous du prix de revient qui doit-être instaurée. La loi EGALIM doit être respectée. En effet, ce ne sont pas les normes environnementales, sociales ou sanitaires qui posent problème mais bel et bien les profits toujours plus importants engrangés par l’agro-industrie. Il est temps que le marché soit régulé afin de redonner sa juste valeur au travail de celles et ceux qui nous nourrissent.. En ce sens, une hausse des retraites des paysan.nes est urgente.
Les accords de libre-échange sont une aberration au vu de leurs conséquences directes sur les conditions de vie des paysan.nes qui ne peuvent faire face à cette concurrence déloyale. Ces accords sont aussi dépassés au regard des enjeux de la transition écologique que nous sommes appelé.es à relever.
Alors qu’à l’échelle de l’Union Européenne les orientations de la PAC favorisent actuellement le productivisme comme seul moyen d’avoir une activité rentable, nous sommes solidaires des fermes qui font les frais du retard de paiement des ces aides et demandons leur simplification administrative.
Construire un modèle alternatif au Pays Basque
Représentant 15 à 20% des emplois dans certaines zones de l’intérieur, l’agriculture reste une des activités économiques principales du Pays Basque Nord. Véritable pilier d’un territoire qui se veut résilient et souverain, l’agriculture paysanne doit être soutenue. Le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule ne manquent pas d’alternatives vertueuses qui, via les circuits courts, la relocalisation de l’économie et la création d’AOP et d’AOC dessinent les contours d’un modèle agricole basé avant tout sur les besoins des producteur.ices et des consommateur.rices du Pays Basque Nord. Outre ces alternatives, les outils de proximité tels que les abattoirs (comme celui de Maule, dernièrement malmené) sont à promouvoir.
Alors que la moitié des paysan.nes prendra sa retraite d’ici à 2030, le renouvellement de génération est un sujet prioritaire; d’où l’intérêt de garder des fermes à taille humaine plus accessible à la reprise. Il faut permettre à la nouvelle génération d’accéder au foncier et une plus grande partie des aides de la PAC doit revenir aux nouvelles installations. Des aides publiques doivent accompagner leur initiative. En vue de la production d’une large palette de produits sur notre territoire, la promotion de l’installation de maraîcher est également un enjeu majeur.
Enfin, EHBai appelle de ses vœux à la création d’un Office Public de l’Agriculture.
A l’aune des défis climatiques, économiques et sociaux auxquels nous devons faire face, il nous semble important de décider ici des outils dont nous avons besoin pour faire vivre l’agriculture sur notre territoire et assurer la sécurité alimentaire de ses habitant.es. Les institutions du Pays Basque Nord doivent être souveraines afin de prendre des engagements forts en matière d’alimentation durable et de défense des terres nourricières.