L’année scolaire 2019-2020 a débuté avec la mise en place notamment de la réforme dans les lycées. Les enseignants d’Euskara Geroan (agissant pour la défense de l’enseignement en langue basque dans les établissements du secondaire, public et privé) partagent un premier état des lieux de l’enseignement du Basque vécu sur le terrain. Nombreuses inquiétudes concernant le développement d’une réelle politique linguistique efficace dans la transmission du basque par l’école…
Le constat d’Euskara geroan sur la rentrée et sur l’enseignement du basque en général
Les effets de la réforme du Lycée
La réforme est en train de se mettre en place mais encore aucune garantie quant à l’enseignement bilingue. Pour cette année, les dotations spécifiques sont maintenues mais nous ne savons pas si elles le seront l’année prochaine.
Le nouveau statut de l’option est catastrophique : pas de points au bac + concurrence avec les autres options. Très grave problème et aucune dynamique en vue au Pays basque pour y remédier. L’obtention des modalités pour l’option basque au moins au niveau de celui du latin est indispensable.
Nous constatons dès cette année que la situation de la langue basque se détériore.
Quelques problèmes listés dans différents Lycées.
- Cantau: Jusqu’à maintenant l’enseignement Basque et la section Euro étaient cumulables, mais aujourd’hui ils sont en concurrence. Pas d’Option basque cette année.
- Sohüta : Pour la filière Technologique : jusqu’à maintenant les étudiants avaient accès au cours de basque avec ceux de la filière générale. Cette année les heures ont été supprimées. Les parents n’ont pas été avertis, certains ont exprimé leur colère.
- Lycée de Navarre : L’année dernière 36 élèves en seconde, et cette année 13. Seuls 14 poursuivent en 1ère. La filière Option est dévastée : le Basque n’a plus aucune valeur au baccalauréat et les élèves abandonnent (3 heures/semaine sans aucune valorisation, seuls des élèves extrêmement motivés subsistent). Histoire-Géo : Nombre d’élèves par groupe très élevé en 2nde et 1ière.
Postes fléchés :
Pour parvenir à la parité horaire en filière bilingue une véritable politique linguistique doit être menée. Bien que le discours de l’ensemble des politiques soit en faveur du basque, personne ne développe les postes fléchés. Nous voyons des besoins conséquents mais dans 95% des cas rien n’est fait (ci-dessous le document “parcours d’enseignement bilingue” sur ce que devrait être la Filière Bilingue avec parité horaire. Dans les collèges et lycées nous sommes très loin de cet objectif).
Nous voyons la nécessité de flécher des postes pour l’an prochain.
A titre d’exemples :
- Lycée de Navarre : EPS
- Citadelle : Physique (professeur allant à la retraite)
- Chantaco : La technologie est dispensé en basque. A la fin de l’année départ du professeur. Y aura-t-il une suite?
- Errobi (Cambo): Techno (professeur allant à la retraite)
En Bretagne et en Corse, les postes fléchés sont ouverts au niveau de tout le territoire Français et au Pays basque un poste d’EPS n’a pas pu être postulé par un professeur bascophone qui était hors académie. Le discours officiel est de dire qu’il manque des enseignants bascophones mais il y en a beaucoup hors académie et on ne fait rien pour exploiter cette ressource.
Formation des enseignants pour apprendre le basque :
Pour résoudre le manque d’enseignants certains professeurs peuvent suivre une formation de basque. Cette proposition est positive. Mais dans la réalité, cette possibilité présente de nombreuses entraves pour ceux qui souhaitent enseigner en basque.
Ces entraves sont inacceptables:
3 professeurs de Mathématiques stagiaires l’année dernière qui souhaitent suivre la formation de basque : formation refusée.
L’année dernière, un TZR voulait faire la formation : refusée car n’étant pas titulaire d’un poste.
Si ceux qui ont un poste fixe suivent la formation, ils perdent leur poste.
Pour les postes fléchés : pas de possibilité de postuler depuis Paris. (De la même manière pour le primaire ; les enseignants à Bordeaux/Landes ne peuvent postuler).
Entraves à tous les niveaux : parfaite stratégie si on ne veut pas que la parité horaire se développe.
Les subventions pour les projets de plus en plus difficiles à obtenir :
Subventions départementales PED : jusqu’à maintenant les projets transfrontaliers pour le basque étaient financés. Maintenant le développement de l’occitan est un critère d’éligibilité mais pas celui du basque.
Des financements étaient possibles également dans le cadre Muevete pour aller en Espagne. Il a disparu.
Transfrontalier : dossier très volumineux et compliqué sans garantie d’obtention.
Maintenant nous sommes en concurrence avec les projets des autres disciplines. Impossible.
Subventions OPLB (office public de la langue basque):
L’OPLB n’octroie des subventions que pour les élèves de la Filière Bilingue. Mais si on veut faire participer les Options, pas de subvention.
Pour les Bilingues également certaines subventions ont disparu car les priorités ont été modifiées.
Très difficile d’obtenir les subventions de l’OPLB. On obtient seulement un pourcentage du total et donc le reste du financement reste à trouver.
La situation alarmante d’IKAS
IKAS fabrique du matériel pédagogique. Un enseignant du secondaire devait être détaché pour réaliser cette tâche. A la rentrée ce poste ne lui a pas été attribué. Il n’y a pas de raison fournie de la part du ministère. La ressource pour réaliser ce travail existe, rémunérée par l’Etat mais la convention prévue n’a pas été signée, sans aucun motif.
Saint Jean Pied de Port, 12 octobre 2019
Euskara geroan