Nahas mahas

NahasMahasAu moment d’écrire une chronique estivale, forcément légère, comment ne pas avoir ce recueillement naturel envers Ore la Kostalde et Alain le Barnekalde(1) que la faucheuse a  rattrapé(e)s à 48 heures d’intervalle alors que le sablier de leur vie pouvait encore égrener bien de temps encore.

Une femme et un homme qui peut être ne se connaissaient pas ou peu, et qui pourtant avaient en commun, outre une approche souriante de la relation humaine, un amour d’un territoire, d’une langue et de ses habitant(e)s que beaucoup nous envient.

Ce Pays Basque des 7 provinces que France Bleu Pa(y)s Basque(2) s’évertue encore à nier en éructant un non sens géopolitique quotidien : “Vous écoutez la première radio du Pays Basque”.Pourtant ses animateurs, chroniqueurs et journalistes oeuvrent de façon très professionnelle, déclarant, elles et eux aussi, une flamme vivace envers ce pays qu’ils savent pluriel et trans-étatique, composé de plus de trois millions d’habitants dont sa partie située au nord du territoire ne dépasse pas les 10% de sa surface totale comme de sa population.

Ainsi va la récurrente contradiction humaine… Dont la mienne puisque j’avais envisagé de prime abord un troisième opus que j’avais prévu d’intituler “Psychodrame (la fin?)” autour de ce sujet qui a secoué le landerneau rugbystique local. Il y a encore matière, me semble-t-il, à ergoter sur cette thématique. J’y aurais écrit notamment que ceux qui ont bouté Manu Mérin hors de la présidence de l’Aviron rugby pro, tout conservateurs pro-UMP qu’ils sont, se résoudront, s’il est encore temps, à reprendre le projet d’un club pro-unique en Pays Basque Nord et Sud, tellement la réalité économique ne fait pas bon ménage avec une vision passéiste par trop affective. J’y aurais encore glissé une once de raillerie à l’endroit des oppositions  bayonnaises (3) qui auront l’air malines quand viendra inexorablement sur le tapis des délibérations municipales une demande supplémentaire de renflouer le club pro, qui seul, à l’instar du BO, ne peut pas faire face à une gestion en bon père de famille, même en Pro D2. Cette résistance au changement face à cette fusion, me rappelle ce dessin connu des deux ânes, reliés par une corde, qui cherchent, jusqu’à l’épuisement, à se rapprocher d’une botte de foin à une portée de museau. Alors qu’ensemble…

Du coup, ma réflexion se serait plutôt portée vers le sujet d’actualité qui secoue l’Europe ces derniers mois avec la crise en Grèce, avec là aussi, une solidarité relative entre les Etats européens et une propension certaine à entretenir le tonneau des Danaïdes, si chère à la mythologie grecque…

Sans  grandes études économiques, et quand bien même le sujet est complexe, tout un chacun peut s’émouvoir que le peuple grec, première victime de la crise financière fomentée par la spéculation, subit les foudres de l’austérité afin de rembourser le FMI, la BCE et l’UE. C’est un cercle sans fin alimenté par un système capitaliste qui privilégie l’accumulation de biens et d’argent au détriment de l’humain, de son épanouissement et de son environnement. Cela nous révèle, hélas aussi, que même un régime d’une vraie gauche, certes esseulé, ne peut pas faire grand chose contre ce système. L’idéal d’une société plus humaine, plus solidaire va finir par passer l’arme à gauche…

La loi sur le renseignement aurait pu elle aussi alimenter une chronique pleine et entière, tellement cette nouvelle mouture législative met un peu plus à mal nos libertés individuelles. Mais c’était sans compter sur la réactivité de Jakes Bortayrou, chroniqueur à Enbata qui, il y a deux mois a parfaitement mis en exergue les dérives de cette loi liberticide. De même que l’on peut et l’on doit encore, quitte à sombrer dans l’incantation récurrente, dénoncer la non action des gouvernements espagnols et français vers un processus de paix qui n’a de  processus que son nom puisque la démarche, jusqu’à maintenant, est unilatérale. L’on peut, certes, ergoter sur les erreurs stratégiques nombreuses commises avant le cessez le feu d’octobre 2011 par la gauche abertzale pro-militaire, et par sa soumission à ETA, mais l’on doit surtout de toutes nos forces se tourner vers l’avenir afin d’oeuvrer vers de nouvelles perspectives pour la résolution du conflit armé basque. Mais avec une intransigeance incompréhensible des deux Etats qui, à des degrés différents, avilissent notre peuple, on peut s’interroger sur un éventuel désir sous-jacent qui les anime de voir une résurgence de l’activité militaire d’ETA. Car sait-on vivre sans un ennemi intérieur à combattre ?

Enfin, j’ai été interloqué par une photo à la une de Sud Ouest du mardi 21 juillet qui montre un tracteur d’un producteur de lait ou de viande où trône en grand et en rouge “mangez français”. Or la question n’est pas de manger français mais de manger local et de manger sain. Nous devons prioriser à qualité égale les produits réalisés ici en Pays Basque Nord ou Sud plutôt que ceux provenant de Lille ou Strasbourg. Comme nous devons privilégier les asperges des Landes plutôt que celles importées de Chine. Ce n’est pas un acte nationaliste. C’est un choix raisonné vers le circuit court, le soutien à de petites exploitations, l’alimentation bio.

Du coup, pour un sujet estival léger, il faudra attendre l’année prochaine !

(1)Oreaga Goyenetche était originaire d’Uztaritz et depuis longtemps bayonnaise, comme Alain Matéo le baigorriar était devenu bidarraitar.
(2) Que nous allons finir par appeler Rance Bleu Pays Flasque !
(3) Hormi Serge Nogues du Front de Gauche bayonnais (et supporter du BO!) qui s’est toujours déclaré favorable à un rapprochement des deux clubs, les autres opposants n’ont pas soutenu l’idée du club unique. Et avec celui-ci, une certaine mutualisation et de nouvelles ressources financières… Notamment venues du Pays Basque Sud. 

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