Gerard Onesta, ancien Vice Président du Parlement Européen
Certaines personnes savent intelligemment défier des structures étatiques pour démontrer leur incongruité et les contraindre ainsi à évoluer.
D’autres ont le talent d’expliquer —par la puissance de leur propre exemple— qu’il est possible d’inventer une façon beaucoup plus apaisée et respectueuse de produire, de consommer, ou tout simplement de vivre.
Il en est aussi qui savent manier des concepts globaux aussi essentiels que ceux de la paix ou de la solidarité, et parfois même arrivent à les mettre concrètement en oeuvre.
Mais il est assez rare de trouver réunis en une seule et même personne tous ces savoir-faire qui supposent le don de déceler les complexes courroies idéologiques qui font que des rouages distants se mettent puissamment en route de façon synchronisée.
Mixel était indiscutablement de cette trempe-là.
En patient artisan de tant de nobles causes, il n’avait pas son pareil pour hybrider les luttes et leur permettre ainsi de porter les plus beaux fruits. Avec la cohérence sereine en guise de méthode, Mixel semblait pouvoir rendre possibles tous les impossibles.
Et, débordant d’humanisme, il le faisait avec ce qui faut d’humilité pour attirer le respect et l’adhésion du plus grand nombre.
Dans tous ses combats Mixel traçait une route, parfois étroite mais toujours droite et, malgré les obstacles, il ne connaissait pas la marche arrière. En suivant quelques chemins de traverse j’ai eu le bonheur de croiser cette route : de l’accord —arraché à des États obtus— pour la fin du conflit armé en Euskadi dont j’ai eu l’honneur d’être un des nombreux garants, jusque sur les bancs de la Justice où Mixel m’a appelé à plusieurs reprises pour être son témoin quand il sut imposer l’évidente nécessité de Euskal Herriko Laborantza Ganbara, la Chambre d’Agriculture alternative du Pays basque.
Oui, Mixel savait mixer. Il a ainsi été l’improbable et talentueux “DJ” de bien des causes qui, pour être intensément basques, savaient être universelles. Et je souris en imaginant que s’il s’est déjà approprié —avec la détermination qu’on lui connaissait— les platines d’un quelconque “dance floor” céleste, il doit y avoir une douce ambiance révolutionnaire sur certains nuages.