A Hendaye, le groupe scolaire Saint Vincent s’est engagé dans une démarche de pratiques écologiques voici une dizaine d’années. Enseignant·e·s et personnels, élèves et parents, chacun·e peut être partie prenante du projet qui s’est construit collectivement et témoigne que beaucoup de choses sont possibles !
Le 8 octobre, Euskal Herria Burujabe se terminait par un appel lancé à toutes les structures collectives à s’engager dans la métamorphose écologique et sociale du territoire. L’engagement des organisations (entreprises, associations, collectivités locales, copropriétés…) est fondamental par l’impact généré en interne sur les membres de la structure, et en externe sur l’écosystème dont celle-ci fait partie.
Pour montrer que beaucoup de choses sont possibles et démentir les prophètes en immobilisme, on prendra un exemple sur notre territoire, celui de l’ensemble scolaire Saint Vincent d’Hendaye(1) qui met en place des pratiques écologiques engagées.
Il y a une dizaine d’années, sous l’impulsion de la direction consciente des enjeux liés aux crises écologiques, l’établissement a commencé à développer un projet innovant. Il intègre de manière systémique les aspects liés au coeur de métier d’un établissement scolaire (pédagogie et éducation, dimension écologique) mais vise aussi à développer le lien social avec les parents et le quartier, à renforcer la communauté locale pour développer la résilience face aux chocs à venir.
Des pratiques écologiques ambitieuses
L’équipe a mis en place progressivement des actions dans plusieurs domaines :
- le transport avec une flotte de vélos utilisée pour tous les déplacements dans Hendaye, une formation à l’utilisation et à l’entretien du vélo pour les écoliers et les collégiens, «Téacoté »(2) une application en cours de développement pour faciliter le covoiturage chez les parents, et un travail pour réduire le tout voiture aux abords de l’établissement.
- les déchets : au-delà de l’indispensable éducation à la réduction des déchets, tous les restes de cantines sont compostés. L’établissement étudie la faisabilité de revendre à bas prix les repas non servis aux familles.
- toilettes sèches : l’un des projets les plus ambitieux au niveau technique avec l’installation de toilettes sèches à séparation pour l’ensemble du collège, début 2024. Des urinoirs féminins sont déjà installés, mais surtout adoptés !
Toutes et tous acteurs
Comment amène-t-on une équipe de personnes ni plus ni moins écolos que la moyenne à s’engager dans des changements de pratiques si importants ? La première étape a été de former les enseignant·e·s et tout le personnel aux enjeux de l’urgence climatique et à ce que cela impliquait pour des professionnels de l’éducation, chacun restant libre d’adhérer ou non au niveau personnel.
Le projet s’est ensuite construit collectivement, avec la volonté que chaque membre de l’équipe prenne un aspect en responsabilité propre, dans un domaine qui lui convienne.
Il est aussi proposé aux élèves de prendre des responsabilités adaptées à leurs capacités. Ils sont formés pour cela et cela est valorisé.
On voit ainsi les collégien·ne·s transporter en vélo cargo les déchets de la cantine du collège vers les composteurs de l’école, sur un autre site. D’autres sont responsables de l’atelier réparation et de l’entretien de la flotte de vélos…
Les parents aussi sont invités à être partie prenante et c’est ainsi que se sont mis en place des échanges de savoir-faire : atelier cuisine, fabrication de cosmétiques, formation premiers secours…
Des temps d’échanges sur la parentalité sont proposés (relation aux écrans par exemple …).
L’objectif est de développer le lien social, de créer une communauté.
Agir sur l’écosystème
Lorsqu’une structure locale met en place ce type de pratiques, cela a un impact sur l’ensemble de son écosystème. Recycl’Arte, partenaire pour les actions liées au vélo bénéficie de l’expérience développée avec Saint Vincent pour travailler avec d’autres acteurs. La mairie a décidé que la « Vélo école » — formation pour apprendre à circuler en ville et à entretenir son vélo suivie par tous les élèves de CM1 et de 5° de Saint Vincent — serait dorénavant proposée à toutes les écoles primaires de la ville. La municipalité et le syndicat des mobilités travaillent avec l’établissement pour sécuriser les cheminements vélo. Des liens sont tissés avec des maraîchers pour l’utilisation du compost… Tout le travail fait avec les parents est aussi un facteur de changement. Saint Vincent témoigne largement de ses propres expérimentations et les partage, comme l’application «Téacoté » qui a vocation à être diffusée. Mais surtout, le travail mené ouvre la voie à toutes les autres structures qui avaient besoin de voir que ce type de projet était possible avant d’elles-mêmes s’y engager. Espérons donc que cet exemple fera école !
(1) www.stvincent.eus
(2) www.teacote.fr