Hartzea Lopez Arana
Le préfet et des élus très rapidement montés au créneau, un parquet qui s’emballe, des médias qui reprennent l’info en mode sensationnel. Et un appel à rassemblement pour « l’ordre républicain et soutenir les élus victimes de violences ». La bousculade de Cambo aura au moins permis la résurgence locale d’un discours en adéquation avec la Macronie ambiante.
C’est le même refrain à chaque protestation populaire débordant le cadre : des démocrates empêchés de travailler parce qu’intimidés par des extrémistes. Condamnations à sens unique utilisées contre les gilets jaunes, les syndicats, les émeutiers, les écologistes. Ici, en Pays Basque, c’est également l’expression d’un jacobinisme rempart contre les revendications abertzale. Souvenez-vous, les ikastola nids de terroristes, oui au tourisme non au séparatisme, le problème ce sont les réfugiés d’ETA pas le GAL, etc.
L’inversion des rôles afin d’occulter des responsabilités est une manœuvre classique chez les classes dirigeantes. Tous les combats pour l’obtention d’acquis sociaux, de droits politiques et autres abandons d’infrastructures nuisibles à l’environnement ont eu droit à ce genre d’accusations. Reste à savoir à qui bénéficiera l’épisode du conseil municipal entravé.
Une fois l’émotion retombée et pour afficher de la fermeté, assisterons-nous à des convocations au commissariat, à des interpellations à six heures du matin, peut-être même à un nouveau procès ? Difficile d’établir comment est tombé le maire. Dans tous les cas, autant d’occasions supplémentaires de se remobiliser sur le fond de l’affaire, l’abandon du projet de Bouygues à Marienia.
Avec le monde paysan désormais en première ligne, les associations pour le droit d’habiter au pays démontant la légende d’une politique « volontariste du logement », les tenants du programme immobilier Argia Mendian (appellation oh combien originaire et exotique) auront de plus en plus de mal à tenir la barre. Sans compter les bruits de couloir : des entreprises locales du BTP seraient entrain de se désister, une occupation permanente type zone à défende pourrait s’installer pour bloquer le chantier. Bon courage.
Ce qui se joue en partie et tout le monde en est conscient, c’est l’appétit d’une multinationale, en opposition à la conservation de terres arables. Deux modèles antagonistes dans un territoire où l’autoroute 2×2 voies, la LGV, la mine d’or, le surfpark, le réaménagement du sommet du Larrun sont restés dans les cartons, grâce à la mobilisation. Pas de raisons que Marienia ne rejoigne pas cette liste, poussons ensemble et sans relâche pour y arriver.
Le mieux serait de régler le contentieux en amont par une modification du PLU, que ce soit en mairie de Cambo ou à l’Agglo Pays Basque. Ce serait une preuve d’intelligence et d’écoute attentive au lieu de laisser faire, de faciliter des pratiques vénales et destructrices, en prenant le risque de déclencher des hostilités plus sérieuses. C’est une des leçons de la séquence spectaculaire de Cambo, tout en espérant sincèrement que le maire se remette rapidement de toutes ces épreuves. Car à la fin, pour emprunter la phrase à François Ruffin, c’est nous qu’on va gagner.
Pendant ce temps, la violence insidieuse de la politique du tout-béton se poursuit, partout.
Bouyghen proieku basatiaren kontra ekiteko, zergatik ez liteke udazken hortan LURRAMA kanbo bertan antolatuko?