Nous avons traversé deux années très particulières avec la pandémie du Coronavirus. Cela nous a obligé à nous adapter à la situation.
Je tiens à féliciter l’équipe des salariés de Laborantza Ganbara pour leur capacité d’adaptation : que ce soit pour la gestion administrative des dossiers mais aussi pour la solidarité dont ils ont fait preuve au sein de l’équipe en appliquant le temps partiel afin de permettre de garder tous les postes, dont ceux liés à l’évènementiel et qui sont les plus fragiles. Il faut, d’autant plus, souligner les efforts réalisés, car il y a eu davantage de prestations effectuées en appliquant le temps partiel mais aussi plus de sollicitations extérieures.
En effet, le renouvellement des municipalités au printemps 2020 a eu un effet bénéfique puisque plusieurs d’entre elles nous ont sollicités pour des diagnostics agricoles. Ce qui est le signe d’un bon ancrage territorial de notre association.
Le plan de relance mis en place en agriculture a aussi boosté les projets individuels et ainsi le nombre de dossiers à accompagner. Cependant cela ne doit pas nous exonérer de mener une réflexion de fond sur le type de projet à accompagner. Nous nous devons, dans la suite du séminaire sur la relocalisation de l’agriculture et de l’alimentation, de poursuivre sur les chemins de la transition écologique dans le cadre d’un développement plus durable, en particulier vis-à-vis de la dépendance aux énergies fossiles et aux intrants chimiques et alimentaires.
Le contexte mondial et européen, particulièrement tendu avec la guerre en Ukraine, aux portes de l’Europe, a pour conséquence la hausse des prix des matières premières énergétiques et alimentaires, plutôt due à une logique spéculative de laisser faire libéral qu’à des problèmes réels de stocks et d’approvisionnements.
De ce fait, nous subissons de plein fouet cette situation des aléas du marché. La meilleure réponse n’est pas de venir quémander encore plus d’aides comme certains l’ont fait à Pau récemment, mais de s’appliquer à développer notre autonomie sur nos fermes et sur notre territoire, en bonne intelligence entre paysans qui résonnons avec du bon sens paysan, plutôt que de s’engouffrer dans un système de chasseurs de primes.
La résilience de nos façons de produire est un des principes de l’agriculture paysanne. Ceux-ci sont plus que jamais d’actualité :
– Appliquer la souveraineté alimentaire ici et ailleurs.
– Respecter la nature et les éléments.
– Valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares.
– Viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement de nos fermes sur le territoire.
Ces principes sont les points cardinaux de la boussole qui doivent nous guider dans la gestion de nos fermes et non pas les services d’un système productiviste qui nous fait perdre notre esprit paysan.
Comme le disait si bien Michel Berhoco, lors de la création d’EHLG il y a maintenant 17 ans, le Pays Basque a des armes de construction massives. À nous de continuer à résister avec les valeurs de l’agriculture paysanne !
Nous avons fait le choix, à l’automne, de renforcer nos moyens pour accompagner la transmission des fermes, car il s’agit d’un axe stratégique essentiel pour l’avenir de notre territoire.
C’est dans cet esprit de la transmission de nos valeurs que nous tenons aujourd’hui à rendre hommage à Michel Berhoco. C’est en référence à cette volonté tenace de vouloir construire une véritable alternative que nous tenons à rappeler, une fois de plus, l’importance de créer, au niveau institutionnel, un lieu de concertation et d’orientation pour l’agriculture et l’alimentation sur le territoire du Pays Basque. Cette instance doit sortir de la logique du lobby corporatiste pour intégrer des citoyens consommateurs et ceux qui sont sensibles à la préservation de l’environnement.
Nous tenons à rappeler
l’importance de créer, au niveau institutionnel,
un lieu de concertation et d’orientation
pour l’agriculture et l’alimentation
sur le territoire du Pays Basque.
Nous espérons bien voir sa mise en place au cours de cette mandature de Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) et qu’elle saura s’inspirer des valeurs de l’agriculture paysanne qui sont véritablement des valeurs garantes d’un avenir meilleur.
(* ) Extrait du discours prononcé par Francis Poineau en hommage à Mixel Berhocoirigoin lors de l’anniversaire de Laborantza Ganbara le 7 mai dernier.